ACEH: UNE AUTONOMIE AUX MAINS D’OBSCURANTISTES RELIGIEUX

Flag_of_Aceh-300x199La province d’Aceh, au nord-ouest de l’Indonésie, connaît la paix depuis les accords conclus il y a cinq ans – le 15 août 2005 – entre le gouvernement de Jakarta et la gerrilla indépendantiste du Gerakan Aceh Merdeka ou G.A.M (Mouvement pour un Aceh libre). Accord de paix mettant un terme à 30 ans d’un conflit sanglant – quelque 15.000 morts et 300.000 déplacés – et qui s’est prolongé par l’adoption en juillet 2006, par le Parlement indonésien, de la Loi sur le Gouvernement d’Aceh instituant une autonomie dans la province. Tout ceci serait fort bien… si ladite province autonome d’Aceh ne faisait pas régulièrement parler d’elle au chapitre de la violation des libertés fondamentales et des droits de l’homme. (suite…)

LA BELGIQUE FEDERALE N’EN FINIT PAS DE MOURIR

Le système fédéral, pour aussi séduisant qu’il puisse apparaître pour des pays, des peuples ou des populations soumis à la tutelle des État-nations, n’est pas la panacée que ses thuriféraires voudraient qu’il soit. Le fédéralisme ne peut marcher que dans la configuration du libre consentement à vivre ensemble, dans son organisation concertée et dans l’équilibre des pouvoirs entre le niveau fédéré et le niveau fédéral.

De la sorte, le fédéralisme ne peut pas être le ciment d’une construction artificielle comme l’est la Belgique qui fut pensée et créée en 1830 par scission des provinces sud du Royaume des Pays-Bas. Pays-Bas qui, eux-mêmes, furent conçus au Congrès de Vienne (1815) par les puissances impéralistes européennes de l’époque (l’Autriche-Hongrie, la France, la Grande Bretagne, la Prusse, la Russie, essenciellement), comme une État-tampon, une sorte de territoire neutre séparant leurs zones hégémoniques respectives. (suite…)

1860, ANNEXION DE LA SAVOIE ET DE NICE: 150 ANS D’UNE FORFAITURE

L’histoire du Pays Basque – même sommaire – échappe à la connaissance de la très grande majorité de ses habitants, y compris parmi ceux qui ont la conscience des droits nationaux que lui confère sa singularité, c’est à dire les abertzale. Il faut bien dire que la ‘République Une et Indivisible’ a tout fait, par le biais de l’Éducation Nationale principalement –, pour maintenir cette ignorance…

Si l’on en est réduit à méconnaitre sa propre histoire, comment pourrait-on connaître celle d’autres pays qui ont eu à subir l’expansionisme français ? Il n’est donc guère surprenant que beaucoup de basques des trois provinces du nord ignorent que d’autres «conquêtes» françaises ont eu lieu bien après notre propre intégration forcée.

C’est le cas, en particulier, de la Savoie et de Nice qui ne sont devenues françaises qu’en 1860, par la (dis)grâce d’un traité conclu entre deux souverains. Un marchandage éhonté, par lequel on acheta comme bétail les peuples et les territoires, un fait du prince auquel Paris a voulu donner une apparence de légalité par l’organisation d’un plébiscite. La forfaiture allait être alors poussé à son paroxysme, car cette consultation populaire fut tout sauf démocratique, comme nous le relate le premier des articles de notre dossier consacré à ce qu’il faut bien appeler une annexion. Les savoisiens – un terme préférable à savoyards – et les niçois n’allaient pas pour autant baisser pavillon, puisque des protestations populaires eurent lieu, vite réprimées par la dictature de Napoléon III (deuxième article).

Aujourd’hui encore des savoisiens et des niçois se battent pour que les 150 ans d’une forfaiture ne soient pas objets de commémorations travestissant la réalité historique. Ils font même mieux que dénoncer une annexion frauduleuse, en apportant, devant la communauté internationale, la preuve indiscutable que le traité de Turin qui permit à la France de s’accaparer de la Savoie et de Nice est caduc… depuis 1947 ! (deuxième et troisième articles de notre dossier). De fait, si l’on devait s’en tenir à uns stricte apllication du droit international, la Savoie et Nice ne font juridiquement plus partie de la France…

Défendre ses droits nationaux en alléguant de la caducité d’un traité peut apparaître quelque peu anachronique à des abertzale, mais ce serait une attitude frappée au coin de l’ignorance. Car les traités constituent bien la norme internationale dans le domaine des relations et des accords entre états. Juridiquement donc, la France est hors la loi, concernant la possession de la Savoie et de Nice. Politiquement, il ne fait toutefois guère de doute que Paris trouvera la parade pour que le marchandage et la forfaiture de 1860 perdurent au délà des 150 ans. Dans ces conditions, seule une Europe réellement fédérale – et non pas une fédération d’États-nations –, permettra que des peuples ou populations spoliés de leur droits retrouvent la maitrise de leur destinée. Dans cette configuration, pour laquelle il faut travailler politiquement, ici et ailleurs, la Savoie et Nice auront toute leur place.

NB 1 : Le premier texte traitant de la Savoie est un remodelage qui compile des extraits de plusieurs articles. Il va sans dire que nous avons fait en sorte de ne modifier en rien le sens du propos.

NB 2 : Des parties de textes de blogs traitant du cas de Nice et que nous avons consulté pour élaborer notre dossier, peuvent avoir des accents clairement xénophobes. Ainsi, lorsqu’un rédacteur fait référence au siége de Nice, en l’an 1543, par les troupes alliées franco-turques… et qu’il extrapole en reprochant au Maire actuel de Nice, Christian Estrosi (UMP), d’être favorable à la construction d’une mosquée ! Il va sans dire que nous dénonçons clairement pareil amalgame aux relents nauséabonds. L’idéologie condamnable d’un ou autre individu ne saurait toutefois jeter l’opprobre sur des droits nationaux et historiques incontestables et défendus par une écrasante majorité de démocrates. (suite…)

L’INDE LE FÉDÉRALISME INACHEVÉ

Un article publié sur notre blog, le 26 janvier 2009, et intitulé : L’Inde : “Unie dans la diversité” [auteur : Ronan Blaise ; source : www.taurillon.org/] donnait de l’Union indienne – nom officiel de cet État fédéral – une vision sans doute un peu édulcorée, en particulier sur la question des aspirations à l’autonomie de certaines nationalités et, en corollaire, des revendications institutionnelles non satisfaites encore aujourd’hui.

L’annonce, fin 2009, par le gouvernement fédéral de New Delhi de l’accord pour la création d’un 29ème État fédéré au Telangana n’a pas encore été suivie d’effet. Outre l’aval du Parlement de l’État de l’Andhra Pradesh, où est englobé le Telengana, il faudra que le Parlement fédéral donne son accord à la majorité des deux tiers. Cela n’est pas acquis, car même dans une organisation fédérale comme celle en place dans l’Union indienne, il existe des conceptions que l’on pourrait qualifier de centripètes ou, en tout cas, opposées à la remise en cause du statu quo. La religion, considérée comme arme politique, est aussi une donnée qui complique la situation, les nationalistes hindous s’opposant par la violence à toute remise en question de l’architecture institutionnelle actuelle.

Le Telengana finira sans doute par obtenir gain de cause, comme le conclut le premier des articles que nous publions çi-dessous, mais d’autres nationalités souhaitent, de la même façon, prendre en main leur destinée, ainsi que nous le rapportent les deux autres textes reproduit à la suite.

La situation indienne, symptomatique d’un fédéralisme inachevé, est donc complexe et succeptible d’éruption de violences, mais, au moins, les autorités de New Delhi ont-elles le mérite d’essayer de régler les problèmes par la discussion…. ce que ne fait pas une certaine République française qui, pour autant, n’hésite jamais à donner des leçons de démocratie à tout le monde.

Etats revendiquant leur création : 1)Ladakh (rose), 2)Harit Pradesh (vert foncé), 3)Maru Pradesh (gris foncé), 4)Bundelkhand (bleu foncé), 5)Bagelkhand (bleu clair), 6)Purvanchal (violet), 7)état de langue Angika (marron), 8)Gorkhaland (rouge), 9)Bodoland (vert clair), 10)Saurashtra (gris clair), 11)Vidarbha (orange), 12)Telangana (jaune), 13)Rayalaseema (rose foncé), 14)Tulu Nadu (noir), 15)Kodagu (bleu ciel) and 16)Koshal/Koshalanchal (bordeaux).

(suite…)

LA RÉUNION: UN PRODUIT DE LA COLONISATION MAIS AVEC DES DROITS ET DES ASPIRATIONS LÉGITIMES

drapo_nasion1L’Ile de La Réunion, qui a statut de Département d’Outre-Mer depuis 1946, aurait cette particularité de n’avoir pas été habité par une population autochtone avant que les colonisateurs français ne lui mette le gappin dessus en 1642 et ne la baptise alors Ile Bourbon (du nom de la famille régnante en Royaume de France). L’histoire officielle consistant souvent (toujours ?) en un tissu de mensonges, on sait aujourd’hui que les portugais (vers les années 1500) et probablement encore avant les arabes ou les chinois, avaient repéré cette ile de l’Océan indien, faisant partie de l’archipel des Mascareignes, sans toutefois se l’accaparer. La puissance coloniale qui, entres autres fariboles, a toujours prétendu à se présenter comme rien moins que le phare de l’humanité, n’aura pas cette retenue et fera flotter sur ce coin de terre à plus de 9.000 kilomètres de Paris, d’abord le drapeau à fleur de Lys puis la bannière tricolore.

Pas de population autochtone dépossédée de sa terre et asservie par les armes donc… mais une histoire coloniale quand même, puisque l’auto-proclamée Patrie des Droits de l’Homme y aménera tout au long du XVIIIe siècle des milliers d’esclaves capturés à Madagascar et en Afrique continentale pour servir de main d’oeuvre taillable et corvéable à merci dans la culture du café (ils étaient près de 40.000, soit les trois quart de la population de l’ile, à la veille de la Révolution Française). Toute honte bue, la France s’est efforcé de reécrire l’histoire en transformant le résultat de cette abomination esclavagiste en un “métissage réussie” voire en “une harmonie ethnique” ! Au demeurant, il semble bien qu’il n’existe pas de réelles tensions raciales – en tout cas pas plus qu’ailleurs – entre les six groupes ethniques qui peuvent être distingués dans les plus de 700.000 habitants de La Réunion. (suite…)