LA RÉUNION: UN PRODUIT DE LA COLONISATION MAIS AVEC DES DROITS ET DES ASPIRATIONS LÉGITIMES

drapo_nasion1L’Ile de La Réunion, qui a statut de Département d’Outre-Mer depuis 1946, aurait cette particularité de n’avoir pas été habité par une population autochtone avant que les colonisateurs français ne lui mette le gappin dessus en 1642 et ne la baptise alors Ile Bourbon (du nom de la famille régnante en Royaume de France). L’histoire officielle consistant souvent (toujours ?) en un tissu de mensonges, on sait aujourd’hui que les portugais (vers les années 1500) et probablement encore avant les arabes ou les chinois, avaient repéré cette ile de l’Océan indien, faisant partie de l’archipel des Mascareignes, sans toutefois se l’accaparer. La puissance coloniale qui, entres autres fariboles, a toujours prétendu à se présenter comme rien moins que le phare de l’humanité, n’aura pas cette retenue et fera flotter sur ce coin de terre à plus de 9.000 kilomètres de Paris, d’abord le drapeau à fleur de Lys puis la bannière tricolore.

Pas de population autochtone dépossédée de sa terre et asservie par les armes donc… mais une histoire coloniale quand même, puisque l’auto-proclamée Patrie des Droits de l’Homme y aménera tout au long du XVIIIe siècle des milliers d’esclaves capturés à Madagascar et en Afrique continentale pour servir de main d’oeuvre taillable et corvéable à merci dans la culture du café (ils étaient près de 40.000, soit les trois quart de la population de l’ile, à la veille de la Révolution Française). Toute honte bue, la France s’est efforcé de reécrire l’histoire en transformant le résultat de cette abomination esclavagiste en un “métissage réussie” voire en “une harmonie ethnique” ! Au demeurant, il semble bien qu’il n’existe pas de réelles tensions raciales – en tout cas pas plus qu’ailleurs – entre les six groupes ethniques qui peuvent être distingués dans les plus de 700.000 habitants de La Réunion.

Cette absence de peuple autochtone spolié et dominé explique sans doute que l’on n’ait jamais eu connaissance d’une revendication autonomiste ou indépendantiste à La Réunion. Et pourtant, ces aspirations existent bel et bien.

Longtemps, le Parti Communiste Réunionnais de Paul Vergès a été – comme le relate bien le premier texte que nous vous proposons aujourd’hui – le hérault d’une revendication de nombre de réunionnais à « gérer eux-mêmes et démocratiquement leurs propres affaires par « l’accès du peuple réunionnais à une autonomie interne ». Il semblerait aujourd’hui que le terme « autonomie » soit moins usité par les communistes réunionnais, mais cette force politique importante dans l’ile reste tout de même partisan d’une évolution statutaire vers plus de pouvoir local. Car la départementalisation – voir le second écrit que nous vous proposons içi – a montré ses limites, même au yeux de nombre de ses tenants. Il existe aussi – comme nous en informe le troisième article que nous publions – des autonomistes à visées indépendantistes qui, cet été 2009, se sont regroupés avec l’objectif de porter haut et fort la revendication du droit à l’autodétermination pour La Réunion.

De fait, droit à l’autodétermination reconnue ou pas, l’autonomie, considérée comme le droit de décider par nous même des affaires nous concernat, n’est aucunement subordonnée à l’existence d’un peuple autochtone ou d’une population à traits culturels forts constitutifs d’une singuralité au sein d’un ensemble plus vaste. L’autonomie est d’abord et avant tout une logique de fonctionnement institutionnel naturelle et efficace dont l’évidence n’échappe qu’aux sectaires du jacobinime uniformisateur. Tout près de nous, l’Allemagne, pourtant constituée – à priori – d’un seul et même peuple, le montre bien : l’autonomie, en tant que partie d’une architecture institutionnelle fédérale, est applicable partout et fonctionne parfaitement. Reste à en convaincre, au mois autant que Paris et les diverses strates de son personnel politique, la propre population de notre Pays Basque. Pour l’heure, nous sommes très loin du compte…

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Autonomie pour la Réunion ?

CLICANOO.COM | Publié le 1er janvier 2005

Dans la deuxième moitié du XXe siècle, une nouvelle donne prend place sur l’échiquier politique local. Les communistes du département vont se séparer du Parti communiste français et fonder le Parti communiste réunionnais. A partir de ce moment un seul combat va tenir ce parti : l’autonomie pour la Réunion. Derrière ce mot « autonomie » les adversaires y voient le mot « indépendance ». Dès lors les élections tourneront autour de la question du statut de l’île.

Mai 1959. La VIè Conférence de la fédération réunionnaise du Parti communiste français se transforme en Congrès constitutif : le Parti communiste réunionnais est né. Dès lors, ce nouveau parti aura ses revendications propres dont les principales seront le « droit pour les Réunionnais de gérer eux-mêmes et démocratiquement leurs propres affaires » et « l’accès du peuple réunionnais à une autonomie interne ».

Si, au début cette nouvelle orientation politique émeut peu le monde politique de la Réunion, bientôt la question de statut sera à la base de toutes les consultations électorales. En 1945, les communistes sont les premiers à réclamer la départementalisation. Ils s’expriment d’abord par le biais du CRADS dont l’éventail politique est assez large, puis d’une fédération locale du Parti communiste français qui a été créé en 1947.

Mais au fil des années la déception est grande. En effet ces premiers partisans de la départementalisation n’ont pas trouvé dans l’application tous les espoirs qu’ils ont formé. Peu à peu les critiques envers le gouvernement, de la part des communistes, se feront de plus en plus ouvertement, parlant de « sabotage de l’intégration » puis « d’échec de la départementalisation ». Bientôt ces déceptions successives les amèneront à demander un nouveau statut pour La Réunion. Quand naît exactement ce désir d’autonomie chez les communistes réunionnais ? On ne peut répondre précisément à cette question, faute d’écrits significatifs. Cependant il semble que le début de la révolution nationaliste algérienne, en 1954, suscite quelques remous dans les partis d’opposition des D.O.M. Bien sûr, on ne parle pas encore franchement de projets autonomistes, mais, à partir de ce moment, les communistes vont soutenir au vu et au su de tout le monde la « lutte anticolonialiste » des peuples à la recherche d’émancipation.

La notion du «peuple réunionnais»

Ainsi, le 15 novembre 1955, au deuxième congrès du Comité de solidarité malgache à Tananarive, Paul Vergès déclare au nom du comité fédéral du P.C.F : « Rien ne pourra empêcher les deux peuples voisins de s’unir pour le triomphe de leurs justes revendications ». La notion de « peuple réunionnais » qui transparaît dans cette phrase est importante car elle montre le désir des dirigeants communistes de mettre le doigt sur l’originalité et la particularité de la population de La Réunion, et de réclamer pour elle un certain « droit à la différence »….

Aux Antilles, contrairement à La Réunion, les revendications autonomistes se sont déjà affirmées. Ainsi dans son discours sur le colonialisme, Aimé Césaire souhaite que l’Europe occidentale prenne d’elle-même « aux Antilles, c’est-à-dire aux partis de l’Amérique, l’initiative d’une politique des nationalités, l’initiative d’une politique nouvelle fondée sur le respect des peuples et des cultures ». Et dans sa lettre de démission du PCF, en 1956, il écrit : « Le communisme a achevé de passer autour du cou (de la Martinique) le noeud coulant de l’assimilation… Il a achevé de la couper des autres pays antillais…Il a achevé de nous couper de l’Afrique noire dont l’évolution se dessine désormais à contresens de la nôtre ».

A La Réunion, nous n’en sommes pas encore là comme Hildebert Isnard l’écrit dans La départementalisation des trois vieilles colonies en 1956 : « L’octroi par l’Angleterre du statut de dominion à ses possessions antillaises risquerait d’amplifier le mouvement autonomiste qui n’est encore que très faiblement suivi dans nos départements d’Amérique. Ajoutons qu’un tel état d’esprit est totalement absent à La Réunion qu’une intégration étroite à la France rassure dans son isolement entre le nationalisme malgache, l’impérialisme démographique indien et la menace musulmane ».

Aux législatives de 1956, deux communistes, Paul Vergès, alors âgé de trente-deux ans et Raymond Mondon, sont élus. Bientôt la volonté des communistes s’affirme : au début de l’année 1957, une campagne de sensibilisation de l’opinion contre le chômage et la misère est lancée, en prélude à des missions parlementaires devant visiter l’île. On y met en parallèle « le peuple réunionnais et les autres peuples opprimés ». Le 31 mars 1957, un Cartel d’action pour la défense des travailleurs et des chômeurs se réunit à Saint-Denis, et publie une motion revendicative. Cette motion s’accompagne également d’un jugement politique sur la départementalisation : « Les Réunionnais, onze ans après le vote de la loi du 19 mars 1946 et de la Constitution, constatent que dans les faits, l’égalité qui leur avait été promise leur est refusée. L’espoir qu’ils avaient en 1946 se transforme en immense amertume ». Par ailleurs, les députés Vergès et Mondon soulignent dans une lettre publiée par Témoignages,le 14 mai 1957, que le pays a, en fait, gardé le statut de colonie et que la départementalisation ne profite qu’à une minorité.

Un nouveau statut pour La Réunion

En octobre de la même année, la fédération communiste de la Martinique devient le Parti communiste martiniquais. Si le mouvement est lancé, la « base » du PC à La Réunion se montre encore assez réticente à l’idée d’un changement de statut. A partir de l’année suivante, la notion d’autonomie va apparaître de plus en plus fréquemment dans les discours et articles des leaders communistes de La Réunion, bien que le parti n’ait pas pris officiellement de résolution en ce sens. En outre la fédération locale fonctionne de plus en plus indépendamment de la direction nationale. Il ne manque plus que la concrétisation officielle de cette séparation.

Les communistes de la Guadeloupe, quant à eux, franchissent à leur tour le pas en créant le Parti Communiste guadeloupéen. Le 9 août 1958, dans ses colonnes, Témoignages réclame le départ du préfet Perreau-Pradier et dévoile par la même occasion sa nouvelle vision des choses : « Plus que jamais, il faut dénoncer l’arbitraire colonialiste, exiger avec le départ du préfet actuel la suppression de tout préfet à La Réunion, et pour notre pays, un statut particulier, celui de département étant désormais dépassé par les événements. Tous les peuples coloniaux qui luttent désormais pour leur indépendance nous comprennent et seront à nos côtés… ».

Il n’en faut pas plus pour que les adversaires voient dans cette déclaration le souhait de l’indépendance de La Réunion. De ce fait, le 13 septembre 1958, Paul Vergès fait une mise au point officielle à ce sujet : « Le PC ne veut pas l’indépendance, mais le droit pour La Réunion de gérer ses propres affaires, au même titre que Madagascar ou l’Afrique… ». Or certains pays d’Afrique se détachent de la France. Ainsi la Guinée, après avoir dit « non » au référendum du 28 septembre 1958, rompt les liens avec Paris, et va « gérer ses propres affaires » en Etat indépendant.

En attendant, l’idée autonomiste fait son chemin et pénètre la base du PC à La Réunion. Un an après la création du Parti communiste guadeloupéen, un congrès est mis sur pied dans l’île de La Réunion. Léon Feix, membre du bureau politique du PCF assistera aux débats. La conférence dure deux jours : le dimanche 17 et le lundi 18 mai 1959. Les débats sont parfois houleux. En effet si une majorité des cent cinquante délégués venus de toute l’île penche en faveur des thèses autonomistes, d’anciens militants, comme Léon de Lépervanche, s’opposent à un relachement des liens avec la métropole. Au cours de cette conférence, on prend également la décision de transformer la fédération locale du PCF en Parti communiste réunionnais.

Pour Léon Feix, ce n’est pas une surprise et il assure le nouveau parti du soutien paternel du PCF. Dans son programme le PCR revendique le droit pour les Réunionnais de gérer eux-mêmes leurs propres affaires. Il précise cependant que « cette revendication d’une véritable autonomie interne ne peut être confondue avec la revendication d’une indépendance qui ne correspond ni aux conditions historiques ni aux aspirations actuelles de notre peuple… ». Ce programme prévoit, en outre, « de plus grandes libertés démocratiques et une vie politique normale », une réorientation de la politique d’équipement, une amélioration de la situation des planteurs et des classes moyennes, une nationalisation des usines sucrières, accompagnée de la confiscation et du partage de leurs terres. Le nouveau Parti communiste réunionnais estime que ses revendications sont non seulement légitimes mais aussi légales et constitutionnelles : « L’expression « Etat autonome » ne serait en aucun cas subversive puisque intervenant dans le cadre de la République française. Dans l’optique communiste, elle implique la création d’une collectivité territoriale nouvelle conformément à la Constitution du 4 octobre 1958… ».

Le 16 septembre 1959, les thèses communistes vont recevoir un appui de poids. En effet ce jour-là, le général De Gaulle fait une déclaration sur le droit à l’autodétermination du peuple algérien. A la suite du référendum de 1961, les quatorze départements d’Algérie vont devenir « une autre collectivité territoriale » avant de devenir un état indépendant. Les autonomistes réunionnais ont là un argument de poids et le brandiront souvent à l’appui de la légitimité de leurs revendications.

Mais que pense l’opinion publique réunionnaise de tout cela ? Il semble qu’elle ne soit pas en accord avec les thèses communistes. Ainsi le 12 novembre 1959, le rapport d’une mission du Conseil général envoyé à Paris fait allusion au problème politique : « Nous faisant l’écho de l’immense majorité des habitants d’ici, nous avons pu affirmer avec force que nos sentiments envers la Mère Patrie étaient intangibles : Français nous sommes et Français nous voulons rester, quelque singuliers que puissent paraître des sentiments de profond attachement alors que certains, oubliant le passé, oubliant le creuset dans lequel s’est fondue la race créole, parlent d’autonomie, sinon d’indépendance ».

Cependant les réactions des départementalistes restent assez timorées et ce n’est qu’à l’approche des élections que les affrontements entre les deux courants politiques se font vifs. A ce propos, le mois de septembre 1960 va être l’occasion d’une étonnante péripétie politique à Saint-Denis. Le maire de cette commune, M. Gabriel Macé, a plutôt mauvaise presse. Beaucoup de chroniqueurs lui reprochent d’avoir accédé à ce poste par une fraude éhontée. Le 18 septembre 1960, le maire présente la démission collective de son conseil municipal, après seulement dix-huit mois d’exercice. Mais Gabriel Macé est bien décidé à reconquérir sa place au cours des futures élections. Or de nombreux hommes politiques ne veulent pas du maire sortant, on peut même dire qu’ils sont prêts à tout pour lui barrer la route de la mairie. On assiste, alors, à la création d’une liste mixte, associant sous le nom de l’ancien gouverneur Vincent-Dolor des hommes politiques de tous bords, parmi lesquels des communistes. L’événement fait sensation : faut-il que les départementalistes de cette liste soient lassés de l’administration de Macé pour s’allier ainsi aux communistes.

Bien évidemment la « Liste de regroupement des forces démocratiques pour l’assainissement des moeurs électorales et l’administration de la ville de Saint-Denis », puisque tel est le nom de la liste de la discorde, est vivement attaquée. Les partisans du maire sortant insistent, notamment sur le fait que l’Eglise interdit de voter pour les communsites et leurs alliés. La parole de Dieu faisant des miracles, Gabriel Macé, après une journée de vote plutôt calme, est reconduit au poste de maire, avec près de neuf mille voix contre six mille deux cents à la liste adverse. Comme de bien entendu, ces chiffres seront contestés par le gouverneur Vincent-Dolor, mais sans résultat.

Un enjeu politique

Autre anecdocte : le 1er janvier 1961, dans le cadre de la campagne du référendum sur le statut de l’Algérie, Paul Vergès demande aux électeurs de boycotter la consultation, « parce que les Réunionnais refusent de se prononcer sur le statut de l’Algérie qui ne doit être fixé que par les Algériens et par eux seuls », et parce que « le suffrage universel est supprimé à La Réunion où toute consultation est devenue une mascarade électorale dont les résultats sont fixés à l’avance par les pouvoirs publics ». Un mois plus tard est créée au Port l’Organisation démocratique de la jeunesse réunionnaise. Elle aussi, inscrit à son programme le « droit des Réunionnais de gérer eux-mêmes leurs propres affaires ».

La question du statut de La Réunion agite de plus en plus le monde politique local. Pendant que les départementalistes, par le biais du J.I.R, réaffirment l’attachement de La Réunion à la France, Bruny Payet déclare à la tribune du congrès du PCF à Paris : « L’avenir est la liberté des peuples. L’avenir est avec le camp du socialisme triomphant avec à sa tête la glorieuse Union Soviétique. L’avenir est avec les peuples coloniaux qui luttent pour leur indépendance. L’avenir n’appartient-il pas à l’héroïque peuple qui arrache son indépendance ? L’avenir est à tous les peuples qui luttent pour leur libération sociale et politique ! ».

A partir de 1961, le journal Témoignages devient la cible favorite du préfet : souvent il est saisi et sans qu’on sache véritablement pourquoi. Cette vague de saisies atteindra de telles proportions que Témoignages intentera un procès au préfet Perreau-Pradier, à la fin de l’année 1961, procès qu’il gagnera. Au-delà de ces saisies, le 16 juin de cette année, Paul Vergès est inculpé d’atteinte à la sûreté de l’Etat, « pour avoir demandé l’autonomie de La Réunion dans le cadre d’une union avec la France ». L’affaire perdurera. Mais en août 1961 une notre affaire viendra « souffler la vedette » à celle de Témoignages. En effet, huit fonctionnaires exerçant à La Réunion sont mutés d’office en métropole en vertu d’une ordonnance du 15 octobre 1960, que les journalistes vont appeler « l’ordonnance scélérate ». Cette ordonnance prévoit que « les fonctionnaires de l’Etat et des établissements publics de l’Etat en service dans les départements d’Outre-Mer, dont le comportement est de nature à troubler l’ordre public, peuvent être, sur la proposition du préfet et sans autre formalité, rappelés d’office en métropole par le ministère dont il dépendent pour recevoir une nouvelle affectation… ». Ces huit fonctionnaires sont bien connus pour leurs opinions politiques. Pour une fois la protestation est unanime. Alors que Témoignages parle de « dictature colonialiste ouverte », le président du Conseil général lui-même réprouve ses mesures qui lui apparaîssent comme « des sanctions de délit d’opinion et des atteintes graves à la liberté… ». Mais ces huit fonctionnaires ne seront pas seuls, cette ordonnance permettra, à La Réunion, une dizaine de déplacements de fonctionnaires.

En octobre 1961, une réunion du PC de métropole et des DOM est l’occasion pour ces derniers de réaffirmer leur volonté autonomiste. En outre l’accession des anciens territoires français d’Afrique et de Madagascar à l’indépendance vont apporter de l’eau au moulin des autonomistes. Et il faut ajouter à cela que la Grande-Bretagne vient de promettre l’indépendance à l’Ile Maurice pour 1964. Jusqu’alors, les questions d’autonomie sont restées internes aux DOM, si on excepte quelques articles dans la presse nationale. Or en 1962 les choses vont prendre de l’ampleur. En effet au mois de juillet de cette année, une question d’un député communiste métropolitain, M. Robert Ballanger, va mettre le feu aux poudres : « Constatant la faillite de la « départementalisation » et de « l’assimilation adaptée », le gouvernement envisage-t-il de déposer un projet de loi tendant à permettre à la Guadeloupe, à la Martinique, à la Guyane et à La Réunion de gérer elles-mêmes et démocratiquement leurs propres affaires et d’entretenir avec la France des rapports nouveaux, débarrassés de tous liens de caractère colonial ? « . Cette question va faire scandale et de nombreux élus locaux vont s’élever contre ce que le Journal de l’Ile de La Réunion a qualifié de « Coup bas contre La Réunion ». Les motions et protestations seront nombreuses et la proposition Ballonger enterrée.

L’année 1963, elle, sera consacrée aux élections législatives. Comme on pouvait s’en douter, ces dernières se dérouleront dans une ambiance agitée. Au mois de décembre les « organisations anticolonialistes des Antilles et de La Réunion, réunies à Paris, publient un manifeste commun soulignant que « le problème de la décolonisation est le problème majeur. Ce texte réclame un « statut d’autonomie de gestion qui reconnaissent à ces peuples le droit de diriger eux-mêmes les affaires de leurs pays ». Le congrès s’étant déroulé à Paris, la grande presse lui donne écho. Les départementalistes réunionnais réagissent en publiant de leur côté un communiqué commun « proclamant que les Réunionnais savent ce qu’ils veulent et le redisent : demeurer Français dans le statut de département ». Près de quatre vingts associations, groupements et syndicats signent la déclaration commune. L’année 1963 se termine donc dans l’agitation. La torpeur des premiers temps qui avait vu la mise en place de la stratégie autonomiste sans que ses adversaires ne réagissent est terminée. En revanche la question de statut de La Réunion, n’a pas fini de revenir sur le tapis.

Source : http://www.clicanoo.com/ – Le journal de l’Île de la Reunión

La départementalisation

Le 19 mars 1946, près de 100 ans après la recommandation de Victor Schoelcher, l’Assemblée nationale française adopta la loi dite «de l’assimilation», qui transformait les «Quatre Vieilles» colonies (La Réunion, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane française) en départements français.

Ainsi, l’île de La Réunion devint un département français d’outre-mer (DOM).

Depuis cette époque, La Réunion est dotée d’un Conseil régional et d’un Conseil général. Tous les textes nationaux y sont applicables. Certaines adaptations ont toutefois été prévues par la loi.

La Réunion comprend 24 communes et 47 cantons. Elle est représentée par cinq députés et trois sénateurs au Parlement français et par un conseiller au Conseil économique et social. La préfecture est située à Saint-Denis et trois sous-préfectures à Saint-Pierre, Saint-Paul et Saint-Benoît. Ce nouveau statut apporta une certaine richesse économique, mais la situation sociale ne s’est améliorée que progressivement, et ce, à travers une succession de nombreux conflits sociaux, surtout dans les années cinquante et soixante.

En 1963, le gouvernement français créa le BUMIDOM, le Bureau des migrations des départements d’outre-mer, afin de soulager la région à la fois de l’accroissement démographique et de l’augmentation du chômage. À ce sujet, le départ annuel de quelques milliers de Réunionnais vers l’Hexagone, afin d’occuper des fonctions subalternes dans la fonction publique (PTT, hôpitaux, administrations diverses), a constitué une solution temporaire, sans que les problèmes de fond n’aient été abordés.

Française à part entière depuis la départementalisation (1946), la Réunion fait aussi partie de l’Union européenne depuis le traité de Rome (1957). Elle partage le statut de «Région ultrapériphérique» avec les Açores, les Canaries, Madère et les autres DOM. Ayant accès depuis 1975 au Fonds européen de développement régional (FEDER), au Fonds social européen (FSE) et au Fonds européen d’orientation et de garantie agricole (FEOGA-Orientation), elle bénéficie depuis 1989 du Programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité des Départements d’outre-mer (POSEIDOM).

Enfin, la France, au nom du département de La Réunion et de la Région-Réunion, a intégré la Commission de l’océan Indien en janvier 1986.

Ainsi, La Réunion est devenue un acteur majeur de la coopération régionale qui s’effectue dans le cadre de la Commission de l’océan Indien (COI) avec les Seychelles, Madagascar, l’île Maurice et les Comores.

Au sujet de l’île Maurice, c’est en 1968 que Maurice a obtenu son indépendance du Royaume-Uni. Bien que l’île Rodrigues ait manifesté beaucoup de réticence à cette indépendance, elle est restée rattachée à la république de Maurice. Enfin, certains politiciens réunionnais ont soumis au gouvernement français et à l’Assemblée nationale des propositions de bi-départementalisation de La Réunion. On espère ainsi remédier au déséquilibre entre le Nord et le Sud dans le département, les centres de décision étant actuellement concentrés autour du chef-lieu, Saint-Denis, au nord de l’île. Pour le moment, le gouvernement français rechigne à l’idée d’alourdir les structures administratives et d’augmenter le coût des dépenses publiques avec la création éventuelle d’un second département.

Source : http://reunion.runweb.com/?lang=FR

Le LPLP, nouveau front populaire veut « décoloniser la Réunion »

Lundi 06 Juillet 2009

Un nouveau front populaire « de libération nationale » est né dans le département : le LPLP, « Lorganizasion Popilèr po libèr nout Péi » qui unit les divers mouvements indépendantistes. A quelques jours de l’arrivée de François Fillon, le LPLP dénonce les États généraux comme « une mascarade où les dés son pipés »… Ce parti milite pour une île sans la France.

« Les Etats généraux sont une mascarade » dénonce Bernard Grondin, porte-parole du LPLP, Lorganizasion Popilèr po libèr nout Péi, qui regroupe aujourd’hui le Parti Indépendantiste Réunionnais, Nasion réunionnais, le Mouvman Antikolonialis Rénioné (Mar), Patriote Rénioné, Drapeau Rouge et les anciens du Mouvement Indépendantiste Réunionnais (Mir). « Avant même que la synthèse des États généraux ne soit rendue, Nicolas Sarkozy envisage l’autonomie pour la Martinique et l’Assemblée unique pour la Réunion » s’indigne le porte-parole. « Comment peut-on dire au Réunionnais de choisir quand on lui impose une Assemblée Unique pour tout de suite ou pour 2014? ». D’ailleurs, à deux jours de la venue du Premier ministre François Fillon, le LPLP déclare : « Nos tèrs lé a nou. Les Réunionnais sont les seuls à savoir ce qu’ils veulent faire de leurs terres ». Bernard Grondin rajoute que « Sé pa le prémié minis ke va désid po nou. Sé a nou de désidé si nou ve lotonomi, la départementalizasion ou lasemblé unik. Zordi lu donn pa nou le choi, lu vien impoz a nou lasemblé unik ».

La Réunion, membre de l’UA ?

Quelques jours après le 13ème sommet de l’Union Africaine à Syrte, en Lybie, le LPLP relève des propos de l’actuel président de l’Union Africaine Mohamed Kadafi, qui a émis le souhait de « voir l’île de la Réunion faire parti des membres de l’Union Africaine », assure Bernard Grondin, porte-parole du LPLP. « L’Union Africaine lors de sa dernière Assemblée générale a maintenu la Réunion dans la liste des pays et territoires sous occupation étrangère (Plan stratégique 2009-2012). Un premier contact a déjà été pris avec l’organisation africaine, à son siège à Addis-Abéba ». Une délégation du LPLP envisage de se rendre dans la capitale éthiopienne dans les prochaines semaines pour « sensibiliser les membres de la commission de l’Union Africaine. Nous cherchons des soutients partout pour nous aider dans notre combat pour une véritable décolonisation de la Réunion ».

Le LPLP : une alternative…

Le mouvement populaire se positionne comme une alternative face aux autres mouvements politiques de l’île. Désormais, « les Réunionnais auront le choix entre, d’un côté les départementalistes (PCR-PS-PSR-Verts-NPAR-UMP-Modem) et les nationalistes avec le LPLP ». Dans ses priorités, le parti rappelle que la Réunion ne figure plus dans la liste des territoires non-autonomes des Nations-Unies, mais qu’une demande « pour réinscrire l’île dans le liste à décoloniser, sera faîte auprès du Comité spécial des 24 de l’Onu à New-York ».

Bernard Grondin n’a pas hésité à déclarer que la départementalisation est « un échec vu les chiffres : 40% de chômage, 130.000 illétrés, 350.000 Réunionnais assujettis à la CMU, c’est un bilan négatif ». Jean-Claude Barret, président de la Mar évoque ainsi « un changement de statut ».

« Réunifier le mouvement nationaliste »

Derrière le nouveau front populaire « de libération nationale », il y une volonté de « réunifier le mouvement nationaliste » affirme Bernard Grondin. « Nous allons faire le tour des communes, des collectivités et des chambres consulaires dans quelques semaines pour leur demander de hisser notre drapeau qui a été créer le 14 juin 2008 et qui symbolise notre nation. Nous rendrons public les noms de ceux qui acceptent et ceux qui refusent de hisser notre drapeau ». Ce drapeau est tricolore : vert, jaune, rouge. « Le vert symbolise le marronnage, le jaune la classe ouvrière et ses luttes d’hier et d’aujourd’hui, le rouge, la période de l’esclavage et de l’engagisme ». Cette troisième couleur est frappée d’une étoile jaune à cinq branches. Le nouveau parti propose une hymne national, « In sèl pep, un sèl nasion, anou minm rénioné » et une carte d’identité.

Source : www.zinfos974.com/

Un commentaire pour “LA RÉUNION: UN PRODUIT DE LA COLONISATION MAIS AVEC DES DROITS ET DES ASPIRATIONS LÉGITIMES”

  1. Bonjour, serait-ce possible de savoir quand cet article a-t-il été publié ? Peut être avec le nom de l’auteur également ?

    Merci et bonne soirée

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