LE PASSAGE

Maddi, TTittof, Didier, Popo, Txomin, Ramuntxo… et tous les gudari morts pour Euskal Herria… Votre vie terrestre a été de courte durée. Vous avez fait le choix de la consacrer à Euskal Herria.

Quelle que soit la profondeur de votre dialogue intérieur et de la réflexion collective, vous en avez conclu de combattre la violence par la violence… par Amour pour Euskal Herria.Vous avez fait le choix de la lutte armée, sachant que le prix à payer est… la prison ou la mort violente. Vos convictions sont inébranlables, pures, lumineuses. Vous n’avez peut-être pas pris la mesure exacte du poids, du fardeau de la détresse inévitablement engendrée par ce choix grave et sans retour. Pour la Liberté euskaldun, vous avez défié la mort, affronté la peur de la mort… et la mort violente a dévoré votre jeunesse, dans le souffle destructeur… la peur collée au tripes… Nourrissant depuis, dans l’Ombre, cette haine que vous soyez morts, ce chagrin culpabilité pour ceux qui sont restés vivants, ce ressentiment de colère contre l’agresseur, cet orgueil sacrificiel…

Quelle place pour le pardon rédempteur ?

Dans toutes les traditions spirituelles, la mort est décrite comme l’expérience du Passage… vers une évolution ou une régression… individuelle ou collective. Pendant le moment du Passage, les formes pensées et les émotions des vivants ont le pouvoir d’impressionner le moral de l’âme ou esprit… ou tout simplement énergie… ou entité (peu importe le nom qu’on veut lui donner). Cet état moral est déterminant pour l’entité au moment du Passage, car c’est lui qui va amener un nouveau contexte de vie… ou une nouvelle dimension, au cours de laquelle l’entité va pouvoir régler… ou se libérer de tout ce qui l’a empêchée de progresser dans ses étapes antérieures.

Ramuntxo, Maddi, TTittof, Didier, Popo, Txomin… et tous les gudari euskaldun…  de toutes cultures, minorités opprimées sur la pla- nète… vous êtes morts dans la violence… subitement et sans préparation… entourés de la détresse immense et de l’angoisse terrifiante multipliées par les centaines de proches… Il est très probable que vous n’ayez jamais atteint l’endroit du Passage, car vous n’avez pas eu le temps de réaliser que vous êtes morts…  Alors, depuis tout ce temps, vous flottez dans l’astral, retenus par la mémoire activée des vivants, à travers les rappels contenus dans nos hommages à répétitions… lorsqu’un seul suffit !

Ramuntxo, Maddi, TTittof, Didier, Popo, Txomin… Nous vous replongeons inévitablement, à chaque fois, dans la mort violente. Par ignorance du processus de la mort, nous vous condamnons à revivre encore et encore la mort horrible que vous avez choisie. Nous vous maintenons à l’état de morts vivants, nous nous servons de votre énergie souvenir, et ravivons le feu destructeur dont nous croyons, à tort ou à raison qu’il est source de liberté… Or, pour chacun de nous, la mort est au rendez-vous. C’est même le moment le plus important de l’existence terrienne… le moment ultime où nous sommes le plus influençable… et devons rendre compte à nous même de chaque pensée, chaque acte, chaque instant de notre vie… et, tous au plus profond de nous, nous cherchons à atteindre la cessation de la souffrance, l’amour, la paix, la lumière. C’est notre héritage le plus légitime, notre destination incontournable pour qu’une nouvelle transformation positive puisse se produire.

Par cette connaissance partagée, je lance un appel à la conscience de tous, pour que nous cherchions ailleurs que chez nos morts… la force nécessaire de poursuivre le chemin pour les uns, la lutte pour les autres… et atteindre ce que les valeurs contenues dans le mot Liberté nous promettent de meilleur. Pour que  tous les gudari morts dans la violence en Euskal Herria, et partout sur la planète, vous puissiez tous sans exception, vivre le pardon total et jouir enfin du repos et de la paix … auxquels nous avons tous droit… vous libérant ainsi de toutes les entraves qui nous empêchent de vous hisser jusqu’au Passage… pour que vous deveniez enfin votre Avenir dont dépend aussi le notre.

Nous avons en nous toutes les ressources pour grandir, gagner notre liberté ultime et celle d’Euskal Herria.

Nous sommes responsables et l’Univers est infini.

Amalurra eta zerua biak gurekin dira
Hil gudariak zoazte bakerat
Euskal Herriko askatunean…

Une Abertzale

Laissez un commentaire