L’IDÉE D’UNE PARTICIPATION AUTOCHTONE À LA PROCHAINE CONFÉRENCE DE L’ONU SUR LA CRISE FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE DÉFENDUE AU SEIN DE L’INSTANCE PERMANENTE Les associations demandent à l’Instance permanente sur les questions autochtones de consacrer plus de réunions à la santé et aux langues

unlogo_blue_sml_frPoint de presse, résumé des services d’information de l’ONU sur la septiéme journée, le mercredi 27 Mai.

Dans ce point de presse est fait allusion de la participation des peuples autochtones au niveau de l’analyse des types de crise économique, ainsi que la place des langues autochtones, est inclu un résumé de l’intervention de Terexa Michelena au nom d’Autonomia Eraiki.

L’Instance permanente de l’ONU sur les questions autochtones a notamment débattu, aujourd’hui, de l’impact de la crise économique et financière sur les peuples autochtones.  L’idée a ainsi été lancée d’une participation des autochtones, sous une forme à définir, à la Conférence sur la crise financière et économique mondiale et son incidence sur le développement, prévue au Siège des Nations Unies, à New York, du 24 au 26 juin prochain.

Le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales (DESA), M. Jomo Sundaram, a évoqué la crise actuelle en exprimant la crainte que ne soient pas tirés les enseignements des crises passées.

Concernant les peuples autochtones, le prochain défi pour ceux-ci est le combat pour les ressources naturelles, a-t-il estimé.  En raison de leur raréfaction, la question de leur contrôle se pose, y compris la lutte pour les terres arables et l’eau.

Lors du débat, un membre de l’Instance permanente a proposé une participation des autochtones au Sommet prévu dans quatre semaines, idée qui a reçu l’aval de la Présidente, Mme Victoria Tauli-Corpuz, la question étant de savoir quelle forme pourrait prendre cette éventuelle participation.

Lors de la séance de l’après-midi, les délégations autochtones ont recommandé à l’Instance permanente de consacrer davantage de réunions aux questions de santé et à celles relatives à la défense des langues traditionnelles.

La représentante du Forum des autochtones du Pacifique a attiré l’attention sur le fait que les communautés locales rencontraient des problèmes de santé liés à leur condition d’autochtones.  Estimant qu’il existait des « causes culturelles de la santé » qui doivent être débattues au sein de l’Instance, elle a souhaité que, dès l’année prochaine, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) envoie un représentant pour y faire rapport sur ce thème.

Plusieurs intervenants, dont la représentante du Forum des autochtones francophones, ont en outre demandé à l’Instance de faire pression sur les États Membres pour que ceux-ci appuient financièrement la traduction de la Déclaration des droits des peuples autochtones en langues vernaculaires et accélèrent sa diffusion auprès des communautés concernées.

Ce thème de la défense des langues traditionnelles a été souligné avec insistance par la délégation citoyenne du Pays basque Nord.  Sa représentante, Mme Terexa Michelena, a invité l’Instance permanente à inclure dans ses futurs travaux la thématique de la langue et de l’éducation, « la langue étant une caractéristique essentielle d’un peuple autochtone ».

D’autres représentants d’associations ont stigmatisé les activités industrielles d’extraction qui contribuent à la dégradation des terres traditionnelles, déjà soumises aux conséquences néfastes des changements climatiques.

Dans l’optique de la neuvième session de l’Instance permanente, la représentante des autochtones andins a ainsi demandé que soit lancée une étude sur l’impact des grands projets industriels sur l’occupation des terres autochtones « et le respect de leurs droits ».

De son côté, M. Craig Cromelin, qui représentait plusieurs associations australiennes de peuples autochtones, a encouragé l’Instance permanente à garantir que le consentement des communautés locales concernant l’exploitation des sols à des fins industrielles soit informé dans le cas des projets à grande échelle.

L’Instance permanente poursuivra ses travaux demain, jeudi 28 mai, à 10 heures.

TRAVAUX FUTURS, QUESTIONS RELATIVES AU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET QUESTIONS NOUVELLES

Rapport du Rapporteur spécial sur les changements climatiques

Rapport du Rapporteur spécial sur l’occupation des terres

Déclarations

M. JOMO SUNDARAM, Sous-Secrétaire général au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a noté que la crise avait été prévue par le système des Nations Unies.  Les politiques d’autorégulation impulsées par les pays développés n’ont pas contribué à améliorer le sort des populations, a-t-il constaté.  Les Nations Unies ont la possibilité de réagir fortement grâce au leadership du Président de l’Assemblée générale, M. Miguel d’Escoto Brockmann, celui-ci ayant réorienté le fond du débat, a-t-il ajouté.  L’orateur a rappelé l’impact considérable de la crise sur les marchés financiers, y compris dans les pays en développement.  On assiste à une inversion des flux de capitaux qui auraient pu leur être utiles.  À la fin des années 70, les pays en développement connaissaient une croissance rapide, tandis que les pays développés subissaient une forte inflation.  La situation actuelle est fort différente, les destins des deux parties du monde étant liés entre eux, en partie à cause de la mondialisation, a-t-il ajouté.

M. Sundaram a rappelé que la situation actuelle était sans précédent depuis les années 30.  Les pays en développement, en particulier, subissent une baisse des exportations, alors que les flux d’aide sont en baisse et peu fiables quant à leur stabilité.  Par exemple, l’Italie a diminué son aide au développement qui est passée de 40 millions à 15 millions.  Les projections de l’Organisation internationale du Travail (OIT) prévoient une hausse du chômage de 50 millions de personnes, ce qui signifie que les dépenses sociales des États devront aller en augmentant.  Selon l’analyse des services de renseignement des États-Unis, cette situation, source d’instabilité, représente une menace géopolitique considérable, plus grande que le terrorisme, a-t-il indiqué.  La coopération internationale manque, a-t-il observé.  La reprise économique ne signifiera pas pour autant une reprise rapide de l’emploi, a-t-il averti.  Et si l’on ne coordonne pas les efforts, l’aide sociale ira en diminuant finalement, les recettes des États étant en baisse.  L’orateur a rappelé qu’était prévue une conférence dans quatre semaines à l’ONU sur la crise actuelle, organisée à l’initiative de M. d’Escoto Brockmann.  Or, il semble que malheureusement on ne tire pas les enseignements des épreuves passées en général, a-t-il observé.

Concernant les peuples autochtones, le prochain défi pour ceux-ci est le combat pour les ressources naturelles, a-t-il estimé.  En raison de leur raréfaction, la question de leur contrôle se pose, y compris la lutte pour les terres arables.  Même chose concernant l’eau, a-t-il constaté, notant qu’il ne s’agissait déjà plus d’un bien gratuit et illimité.  Les pays en développement vont être sous pression pour augmenter leurs exportations, de minéraux en particulier, ce qui implique bien souvent des tentatives de mainmise sur les terres pour les exploiter, a-t-il encore averti.

M. NICOLAS LUCAS TICUM, Chercheur maya du Guatemala, a indiqué que le 21 décembre 2012 commencerait le treizième B’aqtum maya qui correspond à une période de 5 200 années de 360 jours.  À l’occasion de cette importante date pour son peuple, il a appelé l’humanité à réfléchir sur le destin de « notre mère nourricière, la Terre ».  L’entrée dans le treizième B’aqtum est un moment de réflexion et doit conduire à l’épanouissement des valeurs de fraternité et de solidarité de l’humanité, a-t-il soutenu.  La Terre, mère nourricière, appartient à tous les êtres humains et inclut tous les autres éléments, a-t-il défendu, en ajoutant que tous les éléments de l’univers étaient intimement liés entre eux.  Cette première partie de son allocution a été suivie de la diffusion d’une vidéo.

M. Ticum a ensuite expliqué que l’être humain devait veiller à l’équilibre et à la complémentarité durant sa vie sur terre.  Et cette terre, a-t-il dit, n’appartient pas à l’humanité, c’est l’humanité qui appartient à la terre.  Il a regretté les attitudes égoïstes et les phénomènes d’exclusion qui caractérisent certaines sociétés humaines et qui ont contribué à la dégradation des échanges commerciaux actuels.  Il a aussi fustigé la détérioration de la diversité biologique et s’est inquiété de la menace que fait peser l’humanité sur l’environnement de façon générale.  Aujourd’hui, a-t-il expliqué, la vie sur la terre se caractérise, non seulement par cette dégradation environnementale, mais aussi par les changements climatiques, le réchauffement planétaire, ainsi que par la perte culturelle et biologique.  Face à cette réalité, il a appelé à rechercher une nouvelle voie qui facilite un renouveau biologique.  Ce message, a-t-il précisé, s’adresse principalement aux acteurs mondiaux et aux organisations internationales financières, comme la Banque mondiale.

Il a en outre appelé les universités à reconnaître le pluralisme scientifique, en prenant en compte les richesses des peuples autochtones.  Il a invité les multinationales et les Nations Unies à considérer que le déséquilibre climatique, la crise écologique et les menaces culturelles sont les fruits d’un modèle de développement monétaire cupide et commercial.  Ces entités doivent admettre que le développement durable est encouragé depuis des siècles par les peuples autochtones, à travers le respect qu’ils ont envers la vie animale et cosmique.  C’est un modèle à suivre, a-t-il poursuivi.  Il faut urgemment considérer le pluralisme économique à travers la reconnaissance des modes économiques des peuples autochtones, a-t-il insisté.  Mais il faut aussi diversifier la monoculture à laquelle on assiste partout à travers le monde, a-t-il ajouté.

Il a demandé à la Commission du développement durable de l’ONU une modification des concepts de développement et d’économie, et l’inclusion de concepts issus de la pensée des peuples autochtones, relatifs à la protection et à la garantie de la vie des peuples qui vivent sur la terre.  Aux acteurs autochtones, il a demandé de créer et mettre en place des alliances et des coalitions, afin de favoriser un développement de la vie endogène qui respecte leurs réalités locales aux plans écologique et cosmique et qui permet d’assurer la vie des générations futures.  Le Protocole de Kyoto, qui est conforme à la pensée des autochtones sur le lien entre écologie et vie sur terre, ne sera efficace que si les États s’engagent à respecter ses obligations, a-t-il par ailleurs souligné.

Mme VICTORIA TAULI-CORPUZ, Présidente de l’Instance permanente, a souligné que la dérégulation avait eu des conséquences extrêmement larges, y compris sur les contrats de travail ou plutôt sur leur inexistence, ce qui a fragilisé nombre de travailleurs.  Chez les autochtones, l’augmentation des expropriations par les sociétés transnationales a entraîné une paupérisation de ces populations, a-t-elle déclaré.  Dans des pays comme le Canada ou les États-Unis, la crise des subprimes a eu des conséquences adverses, non seulement sur les autochtones de souche, mais aussi sur les travailleurs migrants d’origine autochtone, incapables de rembourser leurs prêts.  Mme Tauli-Corpuz a aussi cité le cas de son pays, les Philippines, où le retour des travailleurs migrants a des conséquences sur le niveau de vie de leur famille, l’apport de ces expatriés étant considérable pour l’ensemble du pays.

Elle a constaté par ailleurs que la crise avait aussi pour conséquence une diminution de la fréquentation scolaire, de nombreuses familles n’ayant plus les moyens d’acheter les fournitures scolaires et les uniformes.  Les autochtones sont aussi touchés par ce phénomène, selon elle.  La Présidente a en outre constaté que la santé était aussi affectée, les dispensaires de campagne n’ayant souvent même plus les moyens de se procurer les médicaments de base.

Elle s’est également dite préoccupée par le fait que de nombreux projets d’infrastructures risquent d’entraîner le déplacement des autochtones de leurs terres et pas toujours par leur consentement libre et informé.  Elle a cité l’exemple des projets de barrages en Inde, ou des routes pour accéder aux sites d’extraction minière au Canada.  Elle a aussi déploré une politique plus laxiste dans ce pays en matière d’études d’impact.  On dépense de plus en plus pour les activités extractives, a-t-elle ajouté, citant l’exemple du Québec avec le déplacement d’une communauté amérindienne près de Montréal.

Ces quelques exemples de l’augmentation des dépenses d’infrastructures, qui visent certes à favoriser la croissance économique, auront des effets adverses sur les peuples autochtones, a-t-elle averti.  L’intégration de ces derniers dans les processus de décisions est d’autant plus nécessaire que ce sont eux qui ont contribué depuis des milliers d’années à un authentique développement durable, a-t-elle observé.  La Présidente de l’Instance permanente a enfin appelé à la prise en compte des droits de l’homme afin que ce ne soit pas toujours les mêmes qui pâtissent de politiques et d’activités sur lesquelles ils n’ont peu ou pas de prise.

M. MICK DODSON, Membre de l’Instance permanente, a présenté un projet de guide des principes pertinents contenus dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.  Il a rappelé que c’est lors de la sixième session de l’Instance que celle-ci avait demandé au Rapporteur de rédiger un rapport sur un projet de guide sur les régimes fonciers en se basant, notamment, sur la Déclaration et la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Il a notamment souligné que le document s’attardait sur les dispositions des trois instruments liés aux principes touchant aux territoires et aux ressources naturelles.  Le document comprend aussi des dispositions générales et administratives et d’autres éléments ayant un intérêt pour les autochtones en matière de territoire et de ressources naturelles.

Il a expliqué en outre que ce document traitait du droit des peuples autochtones à l’autodétermination, de leur consentement libre et informé, du respect de leurs traditions et de leurs cultures, mais aussi de leurs droits à réparation pour la perte de territoires, ainsi que de la lutte contre les discriminations multiformes dont ils sont victimes.

M. HASSAN ID BALKASSM, Membre de l’Instance permanente, a souligné l’intérêt de l’exposé de M. Lucas Ticum, prêtre maya, affirmant que son constat allait dans le même sens que celui fait par les religions « révélées ».  Il a suggéré que s’instaure un dialogue entre les religions « révélées » et les religions « métaphysiques ».  Par ailleurs, il a souligné que les États devaient revoir toutes les politiques ayant abouti à la confiscation de territoires.  Car sans territoire, aucune survie n’est possible, a-t-il rappelé.  Il a suggéré que les recommandations de l’Instance soient transmises au prochain Sommet sur la crise prévu dans un mois à l’ONU.

M. TOMAS ALARCON, de la Commission juridique pour l’autodéveloppement des peuples andins d’origine (CAPAJ), a suggéré que l’on mesure l’apport des peuples autochtones à la stabilité écologique dans l’histoire de l’humanité et qu’on leur donne un dédommagement pour cela.

Mme ELSA SON CHONAU, Vice-Ministre de la culture du Guatemala, a souligné que si le peuple autochtone du Guatemala avait commencé à obtenir la satisfaction de ses droits, cela était très récent, alors qu’il représente plus de la moitié de la population.  « Sans notre mère la Terre, la vie serait impossible, estime notre peuple autochtone, et le Gouvernement guatémaltèque est favorable à cette vision des choses », a-t-elle souligné.

M. MIGUEL IBANEZ, de la Communauté paysanne de Tauria, a dénoncé un système qui se développe de manière très agressive et qui résulte en l’accumulation de grandes richesses par un nombre limité de peuples.  Ces changements climatiques provoqués par des activités industrielles vont affecter tous les systèmes écologiques du monde, a-t-il observé.

La Présidente de l’Instance permanente a souligné que la proposition visant à une participation des autochtones au prochain Sommet était à creuser.  Il s’agit d’une occasion de faire valoir nos préoccupations, a-t-elle reconnu.  Si les pays en développement doivent eux aussi diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre, cela ne doit pas se faire au détriment de leur développement, a-t-elle ajouté, en soulignant la nécessité que les pays développés contribuent le plus fortement à cette diminution.

M. Nicolas Ticum, Chercheur maya du Guatemala, a affirmé que les crises diverses, les phénomènes de dégradation vécus aujourd’hui par les humains étaient le résultat d’une non-prise en compte « des alarmes et des conseils de nos sages ».  La crise économique n’est pas un hasard, a-t-il dit.  Selon lui, pour y faire face, il faut exploiter les recherches et les savoirs qu’ont légués les ancêtres car ils possèdent des réponses et des explications aux situations actuelles.

Mme SHIRLEY MCPHERSON (Australie) a expliqué que dans son pays les autochtones étaient propriétaires de 20% du territoire national. Dans la région des territoires du Nord, ils sont d’ailleurs les principaux décideurs des politiques qui y sont conduites, a-t-elle dit.  Pour toute entreprise qui y est menée, ils doivent donner leur opinion et leur consentement, a-t-elle affirmé.  En matière de propriété foncière, les autochtones ont le droit d’occuper les terres où ils vivent mais la propriété en revient avant tout à l’État, a-t-elle expliqué.  En revanche, le Gouvernement reconnaît les différents autres droits des autochtones, notamment leurs droits traditionnels.  De manière générale, ces populations doivent toujours donner leur accord à tout ce qui a des répercussions sur leur existence et leurs droits.  En cas de discussions, le Gouvernement préfère les négociations aux procès, a-t-elle expliqué.  Elle a conclu en réaffirmant la volonté de son gouvernement de poursuivre l’amélioration de la qualité de vie des autochtones, de mener des actions en matière culturelle et sociale, d’encourager le développement local et d’aider ces peuples autochtones à acquérir et à gérer les terres où ils vivent.

M. HAFID ABBAS (Indonésie) a estimé que l’Instance permanente était le lieu idéal pour faire connaître les besoins des autochtones et pour débattre sur un sujet complexe qui touche les sociétés.  La diversité ethnique en Indonésie ne divise pas le pays, elle enrichit plutôt la culture, a-t-il dit. C’est une source de connaissance, de tolérance et de modération, a-t-il ajouté.  Il a ensuite rappelé l’engagement de son gouvernement à protéger les droits de l’Homme, et a défendu ses efforts en vue de la protection et de la reconnaissance des savoirs des peuples autochtones en Indonésie.  Il a par ailleurs reconnu que son pays n’était pas à l’abri d’erreurs. C’est pourquoi, a-t-il dit, il faut apprendre les meilleures pratiques pour améliorer les politiques et les sociétés.  Concernant le travail futur de l’Instance, il a souhaité voir accorder plus d’importance à la question du consentement préalable des autochtones dans les discussions de l’Instance.  Il a aussi estimé que cette entité devrait travailler de façon encore plus transparente.  Il en va de sa crédibilité, a-t-il estimé.

M. CRAIG CROMELIN, du Conseil national aborigène, a souligné qu’il était en faveur des arrangements envisagés sur les questions foncières en Nouvelle-Galles du Sud.  Les dédommagements à la suite des spoliations dans l’État de Nouvelle-Galles du Sud sont très satisfaisants, a-t-il reconnu, ce qui ne signifie pas pour autant que les aborigènes doivent renoncer définitivement à leurs droits.  Il s’est insurgé toutefois envers certaines dispositions de ces arrangements.  Il a évoqué, par ailleurs, le partenariat entre le Conseil aborigène et le Gouvernement local afin d’améliorer, en particulier, l’adduction d’eau dans les communautés autochtones.  L’orateur a ensuite réaffirmé la position selon laquelle le régime foncier et la propriété foncière étaient deux choses différentes.  Le Conseil des terres aborigènes de Nouvelle-Galles du Sud se félicite que l’Instance ait décidé de maintenir la question foncière au centre de ses préoccupations, a-t-il conclu.

M. SANTIAGO CHIRIBOGA (Équateur) a souligné que son pays contribuait peu aux émissions de gaz à effet de serre.  Cela ne l’a pas empêché de souscrire aux accords internationaux à ce sujet, en particulier à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).  Le représentant de l’Équateur a donné divers exemples des initiatives prises par son gouvernement, en particulier en protégeant de toute exploitation pétrolière une partie du Parc national Yasuni dont 700 000 hectares devront rester vierges.  En conclusion, il a cité Leonardo Boff, qui a proclamé le 22 avril Journée internationale de la Terre nourricière.

M. JETHRO TULIN, de l’Association akali tange, a souligné la nécessité de se concentrer sur l’action.  Il a dénoncé, comme l’an dernier, a-t-il rappelé, les meurtres et viols de la part de policiers qui se poursuivent.  L’orateur a aussi dénoncé les violations des droits de l’homme par les compagnies minières.  Par ailleurs, les barrages polluent les ressources en eau, a-t-il dit, appelant les Gouvernements de Papouasie-Nouvelle-Guinée et du Canada à prendre des mesures.  Il a appelé aussi la Banque mondiale à intervenir pour que soit établi un système d’arbitrage sur les activités minières, forestières et de pêche.  Une réparation minimale doit, selon lui, être également prévue.

Mme GULNARA ABBASOVA, de la Fondation pour le lien tribal, a rappelé que les peuples autochtones étaient toujours ignorés et négligés à travers le monde.  Ils souffrent d’un manque de considération et de la méconnaissance de leurs droits politiques.  Par ailleurs, on ne reconnaît pas du tout les frontières des territoires dans lesquels ils vivent, que ce soit en Afrique, en Asie ou en Europe de l’Est, a-t-elle soutenu.  Elle a appelé le Conseil économique et social (ECOSOC) à inciter les États à reconnaitre les différents droits de ces peuples, y compris le droit à l’autodétermination.  Dans la même ligne, elle a appelé l’Instance à tenir un atelier sur la décolonisation des peuples autochtones.

M. GUIDO CONJEROS MELIMAN, du Centre culturel de la nation mapuche, a dénoncé la violation des droits du peuple mapuche de la part de l’État chilien.  Contrairement à ce qui se dit, les Mapuches ne sont pas des terroristes mais des peuples attachés à la préservation de leur culture et de leur identité, a-t-il insisté.  Il a rappelé que les Traités signés entre l’Espagne et le Chili au moment de la décolonisation affirmaient le droit des Mapuches sur leurs terres.  Cela n’est plus respecté aujourd’hui, a-t-il dit, précisant qu’aucun droit ne leur était reconnu, pas même le droit à l’accès à l’eau sur leurs terres.  L’eau est pourtant un droit pour tous les êtres humains, a-t-il affirmé.  Il a estimé que la campagne menée actuellement par le Gouvernement pour les droits des peuples autochtones était paternaliste.  Les Mapuches ne sont pas prêts pour une seconde colonisation, a-t-il déclaré.  Il a demandé à l’Instance d’aider les Mapuches à obtenir leurs propres passeports.

Mme JANINE GERTZ, du Mouvement des jeunes autochtones d’Australie, a félicité le Gouvernement australien pour son engagement à respecter les principes d’autodétermination.  Mais elle a estimé que celui-ci continuait d’avoir une attitude ambiguë à l’égard du droit international.  Il faut une charte de droits de l’homme en Australie, a-t-elle souhaité.  Dans le cadre de la mise en œuvre de la Déclaration de 2007, il faut des mesures qui conduisent au respect de ces peuples par les agences et les gouvernements impliqués dans ce travail, a-t-elle affirmé.  Sur la question de l’autodétermination, elle a expliqué qu’il ne s’agissait pas de lutter contre le Gouvernement, mais de lui rappeler que les autochtones sont les mieux placés pour réfléchir à leur futur et à leur développement.

Mme CELESTE MCKAY, de l’Association des femmes autochtones du Canada, s’est inquiétée de la politique de son pays, constatant un grand fossé entre les droits tels qu’ils sont inscrits dans la loi et la situation réelle.  La mortalité infantile, le chômage, le taux de suicide sont plus élevés chez les autochtones du Canada en comparaison du reste de la population, a-t-elle dit.  Elle a déploré le fait que le Canada n’ait pas vraiment établi un dialogue avec ses peuples autochtones.  La concertation doit se faire à tous les stades des processus de décisions, a-t-elle revendiqué.  Les femmes, gardiennes des traditions et des cultures, sont particulièrement affectées par les lacunes dans le respect des droits des peuples autochtones, a-t-elle indiqué, réclamant l’établissement de statistiques ventilées par sexe afin de dresser un tableau de la situation.  Elle a appelé tous les États à adhérer et à mettre en œuvre la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.  Elle a demandé au Canada de faire rapport sur les mesures qu’il compte mettre en œuvre pour respecter ses obligations.

Mme LORI JOHNSTON, du Peuple Yamasi, a indiqué que son peuple était attaqué par les États-Unis en raison de son identité.  Les colons européens sont venus chez les Yamasis pour jouir de la liberté religieuse et si ces derniers ont été soumis, ils n’ont jamais accepté de renoncer à leurs terres tribales, a-t-elle déclaré.  Peuple millénaire, les Yamasis sont harcelés, ne jouissent pas de leurs droits à la santé et à l’éducation.  Les États-Unis s’efforcent de faire disparaître la culture des Yamasis, a-t-elle déploré.  Selon elle, les Yamasis ne tirent aucun profit de la prospérité ambiante et sont économiquement esclaves.  Il n’y a pas eu de consentement préalable et informé du peuple yamasi qui refuse d’être réduit en esclavage.  Elle a demandé la libération des prisonniers yamasis et réclamé l’aide de l’Instance en faveur de son peuple.

M. ENHEBATU TOGOCHOG, du Centre d’information de Mongolie du Sud pour les droits de l’homme, qui a demandé à une collègue de lire son texte en anglais, a dénoncé l’assimilation culturelle pratiquée par la Chine, la population autochtone ne représentant plus que 18% du total de la Mongolie dite intérieure.  L’oratrice a dénoncé l’interdiction par les autorités de faire paître librement les troupeaux, sous couvert de protection de l’environnement.  Elle a aussi dénoncé le modèle de développement chinois inspiré de l’Occident qui spolie les Mongols et les a privés de tout consentement préalable et informé.  La Chine n’étant pas un État de droit, elle ne respecte pas les droits de sa population, pourtant garantis par la Constitution nationale.  Elle a appelé au respect des droits des autochtones de Chine.

Mme JACQUELIN K. CARINO, de l’Alliance des peuples autochtones philippins, a rappelé que l’on avait exproprié des terres à son peuple pour y installer une base américaine.  Aujourd’hui, il est marginalisé, a-t-elle dit.  Elle a réaffirmé sa volonté de voir l’Instance permanente procéder à l’examen de la situation des droits de l’homme de son peuple aux Philippines.

M. EUGENIO INSIGNE, Membre de l’Instance permanente, a regretté le fait que l’intervenante précédente ait posé devant cette Instance un problème d’ordre interne qui, selon lui, avait déjà été résolu.  Ce problème a été très bien réglé par la Commission nationale des Philippines, a-t-il dit, précisant qu’à l’époque il n’appartenait pas encore à cette structure.

Droit de réponse

M. ZHOU NING YU (Chine) a dit sa conviction que la réunion de l’Instance serait couronnée de succès.  Un prétendu représentant de la Mongolie du Sud s’est exprimé, a-t-il dit, mais ce qui a été déclaré est, selon lui, très éloigné des faits.  Le représentant de la Chine a regretté que soit attaquée ainsi la politique de son pays envers les minorités ethniques.  Il s’agit d’une attaque grave et la Chine exige que l’Instance permanente de l’ONU sur les questions autochtones soit plus prudente à l’avenir dans le choix des intervenants, afin qu’il ne soit pas porté atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des États Membres.  La Chine compte quelque 250 peuples autochtones qui sont tous égaux, a-t-il assuré, et leur identité est protégée sur les plans culturel, religieux et social.  Des mesures préférentielles spéciales les concernant ont été prises dans toute région comptant des minorités ethniques.  La Chine, a-t-il conclu, est déterminée à bâtir une nation démocratique et harmonieuse.

Suite des déclarations

Mme JUSTA CABRERA DE FLORES, du Peuple autochtone de Bolivie, a affirmé que la situation des droits des peuples autochtones était difficile dans tous les pays du monde.  Des témoignages donnent un tableau pessimiste de la réalité de ces droits, a-t-elle soutenu.  Ils se voient non seulement priver de leurs droits ancestraux, mais souffrent aussi de la domination exercée par des populations majoritaires.  Elle a notamment souligné l’importance d’établir un dialogue permanent avec les Gouvernements d’Indonésie et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée sur la situation des autochtones.  En Équateur, il faut demander au Gouvernement de mettre fin aux extractions minières qui ne profitent pas aux peuples autochtones, a-t-elle suggéré.

M. HASSAN ID BALKASSM, Membre de l’Instance permanente, en présentant la note préliminaire au Rapport spécial sur les changements climatiques, a fait part des déceptions des autochtones dans les enceintes internationales travaillant sur la question.  Dans ces enceintes, a-t-il dit, on ne réfléchit pas suffisamment à l’impact de ce phénomène et aux mesures visant à l’atténuer dans les cadres de vie des autochtones.  La question posée aux Rapporteurs, a-t-il souligné, était de savoir si on constatait un véritable respect des normes internationales en matière de lutte contre les changements climatiques dans les États où vivent les autochtones.  Pour les Rapporteurs, a poursuivi l’orateur, le document à venir, pour être exhaustif, devra comprendre aussi les positions des acteurs locaux, des organisations, ainsi que les politiques nationales des États dans cette lutte.  Il devra aussi intégrer leurs solutions pour y faire face.

Mme PAIMANACH HASTEH, Membre de l’Instance permanente, a confirmé que le rapport n’était pas encore achevé.  Elle a ensuite expliqué que les Rapporteurs avaient examiné, dans le cadre de cette étude, l’effectivité des droits des peuples autochtones établis dans les accords et textes internationaux.  La question du respect du consentement libre, préalable et éclairé des populations autochtones, a également été examinée, a-t-elle ajouté.  Leur analyse s’est aussi portée sur le respect du droit des peuples autochtones à l’autodétermination, sur leurs droits face aux richesses minières et sur les stratégies utiles pour combattre, à leur niveau, les effets des changements climatiques.  Le rapport aborde aussi, a-t-elle dit, le droit des autochtones à participer à la vie politique dans les États où ils vivent.  Il préconise enfin des recommandations qui serviraient l’humanité tout entière dans son combat contre les changements climatiques, a-t-elle conclu.

M. LARS ANDERS-BAER, Membre de l’Instance permanente pour l’Arctique, a indiqué que les récents ateliers des autochtones de la région qu’il représentait avaient été assortis de recommandations pour permettre aux communautés de s’adapter aux effets des changements climatiques.  Pour ce faire, a-t-il dit, il faut tenir compte des connaissances des communautés, ainsi que des valeurs qui y sont associées.  L’orateur a demandé le renforcement des capacités des peuples autochtones en matière d’environnement.  La formation et le recrutement des scientifiques issus des communautés locales seraient une bonne chose, a-t-il estimé, en appelant également à la mise en place de mécanismes institutionnels contraignants visant à donner aux peuples autochtones les moyens réels de répondre aux défis climatiques et à leurs conséquences sur l’occupation des terres.

Mme MIRIAM MAC INTOSH (Surinam) a demandé à l’Instance permanente de continuer à faire preuve de transparence dans son fonctionnement et d’avoir une collaboration efficace dans ses relations avec les États.  Évoquant les effets des changements climatiques, elle a expliqué que son pays connaissait depuis des mois d’importantes inondations, résultant de ce « phénomène incontestable ».  Il est possible de lutter contre ce déséquilibre climatique, ainsi que contre les dommages portés à l’environnement et à la biodiversité, de façon collective, a-t-elle maintenu.  Sur un tout autre plan, elle a estimé qu’il fallait continuer à réfléchir sur un mécanisme mondial de financement durable des forêts, en dépit de l’échec récent durant le dernier Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF).  Elle a conclu en appelant les États à s’attaquer non seulement aux effets des changements climatiques, mais aussi à d’autres problèmes comme le déboisement.

M. CARLOS PERAFAN, de la Banque interaméricaine de développement (BID), a regretté la privatisation des terres qui a lieu en Amérique latine.  Il a démontré que ce modèle foncier était inefficace et sans avenir prometteur pour les autochtones.  L’étude conduite par sa banque dans quatre pays sur ce sujet montre l’ineffectivité de cette démarche économique, a-t-il relevé.  Il faut cesser de croire que cette privatisation attirera plus de revenus pour les familles et créera un marché sain, a-t-il souligné.

M. WENCESLAO HERRERA, du Parlement autochtone d’Amérique latine, a exhorté les États nationaux à prévoir la mise en place, à court terme, de stratégies permettant de faire participer les autochtones aux processus de prise de décisions sur tous les problèmes les concernant.  Il les a aussi appelés à lutter contre les discriminations envers ces populations et à établir des politiques de soutien à leur éducation.  De même, les États doivent, selon lui, trouver des solutions novatrices pour protéger les savoirs ancestraux de ces peuples.  Il a en outre plaidé pour la reconnaissance du consentement libre, préalable et éclairé des autochtones dans le cadre de négociations avec les acteurs étatiques et privés.  Il a enfin appelé les instances internationales à combattre les violations des droits de l’homme contre les populations autochtones.

M. OREN LYONS, représentant de la Nation Onondaga, a souhaité qu’en vue de sessions futures, l’Instance permanente fasse davantage pour promouvoir la reconnaissance des droits des peuples autochtones, dont la survie est, selon lui, menacée aujourd’hui plus qu’hier par la dégradation du climat et des terres.

Mme MILDRED KARAIRA, du Forum pour les Caraïbes, s’est dite préoccupée par la quasi-absence d’appui en faveur d’une représentation crédible des autochtones des Caraïbes aux sessions de l’Instance permanente.  Leur identité est menacée, a-t-elle poursuivi, et nombre d’États ne reconnaissent même pas l’existence à l’intérieur de leurs frontières de peuples autochtones.  Elle a recommandé que soient organisés à la neuvième session de l’Instance des séminaires accueillant des experts de la Quatrième Commission de l’Assemblée générale pour y débattre de la mise en œuvre de la Déclaration de l’ONU sur les droits autochtones dans les territoires non autonomes.

Mme NGIARE BROWN, du Forum du Pacifique, a demandé que les prochaines sessions de l’Instance accordent une place plus importante aux questions de santé.  Les populations autochtones sont vulnérables, elles rencontrent des problèmes de santé liés à leur condition d’autochtones, a-t-elle dit.  Selon elle, il existe des causes culturelles de la santé qui doivent être débattues au sein de l’Instance.  Elle a ainsi souhaité que, dès l’année prochaine, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) envoie un représentant pour y faire rapport sur ces questions.

M. BRIAN WYATT, du Forum des peuples aborigènes, a proposé l’élaboration d’une convention sur la justice climatique.  Une session extraordinaire de l’Assemblée générale suffirait pour adopter cet instrument, a-t-il dit, en préconisant qu’à la neuvième session de l’Instance, des ateliers d’experts soient organisés sur les effets des changements climatiques sur la vie des communautés locales.

Mme ZAHRA BOUGRINE, caucus francophone, a recommandé à l’Instance d’encourager les États Membres à appliquer la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.  Il faudrait que les États qui sont confrontés à des conflits armés accueillent les représentants de l’Instance pour vérifier si les droits des peuples autochtones dans ces situations sont respectés, a-t-elle estimé.  L’oratrice a également proposé la création d’un fonds d’affectation spéciale pour financer la traduction de la Déclaration dans toutes les langues autochtones.  Selon elle, il faudrait que l’Instance fasse pression pour que soit incluse dans l’enseignement primaire une disciple expliquant aux plus jeunes les enjeux relatifs à la préservation de l’environnement.  Enfin, elle a proposé que le thème de la prochaine session de l’Instance soit « Les peuples autochtones et les partenariats au pouvoir ».

Mme SYLVIA ESCARCEGA, du Forum mondial des femmes autochtones, a souligné l’importance d’une pleine et égalitaire participation des femmes autochtones aux processus de décisions qui concernent directement la destinée des communautés locales.  Elle a en outre suggéré le lancement d’une étude sur l’application des dispositions de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones de l’ONU comportant une dimension sexospécifique.

M. ANGUELA VERRA SALES, de la Fédération des associations Guaranies du Paraguay, a notamment appelé la Bolivie à procéder à des réparations pour les terres volées aux peuples autochtones locaux.  Il a rappelé que la plupart des autochtones n’avaient pas de droit de propriété sur leurs terres, et a souhaité voir l’Instance les soutenir dans ce combat.  Il a en outre appelé l’Instance à recommander à la Cour suprême du Paraguay de veiller au respect des droits des peuples autochtones de ce pays.

Mme LATIFA DOUCH, du Caucus amazigh, a affirmé qu’en Algérie, en Tunisie, en Lybie et au Maroc le peuple amazigh subissait la négation totale de ses droits.  Elle a demandé que l’Instance encourage les États de la région à commencer l’application immédiate de la Déclaration de 2007.  Elle devrait aussi jouer un rôle de médiateur entre ce peuple et les États du Maghreb, a-t-elle dit.  De même, selon elle, il faut inciter les États Membres à élaborer une législation nationale conforme aux lois internationales, a-t-elle conclu.

M. MARIO VALDEZ, de la Commission nationale de la terre des Guaranies, a estimé que les États ne respectaient pas leurs engagements internationaux en matière de droits des autochtones.  De leur côté, les multinationales agissent durement contre les peuples autochtones de cette région, a-t-il dit.

Parmi les maux qu’ils subissent, il a cité notamment la dégradation de l’habitat et de leur environnement.  Il a affirmé que le Gouvernement argentin poursuivait une politique d’emprisonnement des membres de ces groupes autochtones déjà, selon lui, persécutés économiquement et socialement.  Il a appelé les États à respecter l’article 26 et les autres directives pertinentes de la Déclaration de 2007.  Il a estimé que les compagnies qui exerçaient sur leurs terres devaient réparer les dommages qu’elles causent et dont les premières victimes sont les autochtones.

M. KENNETH DEAR, de l’Association mondiale des autochtones, a estimé que la Déclaration de Durban de 2001 était discriminatoire à l’égard des peuples autochtones.  Il s’est néanmoins félicité des changements intervenus lors de la dernière Conférence d’examen de Durban qui a eu lieu récemment, à Genève.  Aujourd’hui, on reconnaît les autochtones comme des peuples à part entière, a-t-il soutenu, ajoutant que la Déclaration faite à Genève appelait à lutter contre les discriminations que ces peuples subissent.

M. MRINAL TRIPURA, du Caucus asiatique, s’est félicité des dialogues qui ont eu lieu avec les six agences des Nations Unies et a appelé à renouveler cette expérience.  Si l’article 42 est important, cela ne saurait expliquer le désintérêt accordé aux autres dispositions de cette Déclaration de 2007, a-t-il déclaré.

Mme JOJI CARIÑO, de la Fondation Tebtebba, a demandé la création d’un centre d’études sur les savoirs et les richesses autochtones.  Elle a aussi plaidé en faveur de la poursuite de la lutte contre les violations commises contre les peuples autochtones à travers le monde.

Mme DELORIS CHARTERS, de l’Association des amis des peuples autochtones de la région de Coquihalla, a stigmatisé les sociétés transnationales qui, appuyées par le Gouvernement du Canada, saccagent les terres de la Colombie britannique.  Elle a affirmé que les autorités canadiennes empêchaient toute mise en valeur durable de ces terres par leurs propres habitants.  Les savoirs, vieux de 150 ans, disparaissent, a–t-elle dit, en déplorant que l’on ne tienne pas compte des conséquences sur la faune et la flore de la dégradation du climat et de l’environnement.  L’accumulation de stations de ski dans ces régions défigure les montagnes, a encore dit la représentante, qui a demandé à l’Instance de faire pression sur le Canada pour qu’il respecte les droits des peuples autochtones conformément à la Constitution du pays.

Mme SOMALIN THACH, de la Fédération des Khmers du Kampuchea Krom, a déclaré que les travaux futurs de l’Instance continueraient d’être essentiels pour la survie et la sauvegarde du patrimoine des peuples autochtones du delta du Mékong.  Le dialogue doit être élargi au sein de l’Instance, a-t-elle estimé, proposant de consacrer, dès l’an prochain, une demi-journée de réflexion sur la mise en place de mécanismes de reconnaissance des peuples autochtones les plus méconnus.  Une fondation pourrait être créée afin de mieux identifier ces peuples et de les rendre visibles aux yeux du monde, a-t-elle indiqué.  À son tour, elle a demandé aux États Membres, à commencer par le Viet Nam, de collaborer avec l’Organisation des Nations Unies pour la science, l’éducation et la culture (UNESCO) en vue de la traduction de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et de la diffusion de ce document auprès de toutes les communautés locales connues.

Mme CHARMAINE WHITE FACE, du Peuple sioux, a demandé à l’Instance de proposer la création d’un organe international de médiation entre les peuples et les « puissances coloniales ».  L’heure est venue de raconter l’histoire de l’occupation de nos terres, de l’assimilation forcée et du génocide, a-t-elle lancé.  Elle a ensuite demandé la nomination d’un rapporteur spécial chargé d’enquêter sur les effets sur la santé et l’environnement des déchets toxiques déposés pendant des décennies sur le territoire sioux par la « puissance coloniale » américaine.  Il faut savoir que l’extraction d’uranium a le plus souvent lieu dans des régions occupées par des autochtones, a-t-elle noté.

Mme ALI II SHATU, du caucus africain, a rappelé la marginalisation dont sont victimes les autochtones dans les systèmes scolaires et a affirmé que les gouvernements africains vendaient les terres aux grandes compagnies forestières.  Ces ventes ne profitent ni aux autochtones, ni aux autres populations, a-t-elle maintenu.  Elle a appelé l’Instance à travailler sur le terrain pour plus d’efficacité.  Puis, elle a relevé l’importance de la question du consentement libre, préalable et éclairé, en demandant à l’Instance de l’approfondir.  L’oratrice a aussi reconnu les progrès faits par le Burundi et la République démocratique du Congo (RDC) dans le respect des droits des peuples autochtones.  À l’avenir, a-t-elle dit, et pour plus d’efficacité, l’Instance doit discuter directement avec les missions permanentes des États africains auprès des Nations Unies à New York.  Elle a en outre sollicité la nomination d’un point focal africain pour l’Instance.

M. OSCAR PILLA MASAQUIZA, des Peuples autochtones Kichwa de l’Équateur, a expliqué que dans son pays, en dépit de la reconnaissance des droits des autochtones par la Constitution, beaucoup restait encore à faire.  Il a plaidé pour la traduction de la Déclaration de 2007 et a demandé une assistance plus soutenue sur sa diffusion, « même dans les coins les plus reculés ».  Si un peuple ne connaît pas ses droits, il peut être facilement berné, a-t-il affirmé, avant de demander à l’Instance de créer un programme de bourses pour les plus démunis.

M. NICASIO MARTINEZ MIGUEL, de l’Union nationale des traducteurs autochtones du Mexique, a demandé à l’Instance de recommander au Gouvernement mexicain de redoubler d’efforts en matière d’éducation pour les autochtones, en formant notamment un plus grand nombre de professeurs spécialisés.

Mme TEREXA MICHELENA, de la Délégation citoyenne basque du Pays basque Nord, a estimé que l’Instance devrait inclure dans ses futurs travaux la thématique de la langue et de l’éducation, la langue étant une caractéristique essentielle d’un peuple autochtone.  Indiquant qu’à ce jour la France n’avait toujours pas ratifié la Charte européenne des langues minoritaires de 1992, elle a fait savoir que la langue basque ne devait sa survie qu’au travail « acharné » de milliers de « militants autochtones ».  La délégation demande à l’Instance de mettre les moyens nécessaires, afin que la France respecte, enfin, les langues autochtones et « minorisées » parlées sur son territoire et qu’elle applique les articles pertinents de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, a-t-elle ajouté.  Elle a conclu en recommandant, en outre, à l’Instance de nommer un expert autochtone pour la zone de l’Europe de l’Ouest, considérant que la France, a elle aussi, ses « autochtones dans l’Hexagone ».

Mme MYRIAN SANCHEZ, des peuples autochtones de la région andine, a demandé comment il était possible de parler du développement sans que soit garanti le droit fondamental des peuples autochtones à exploiter leurs propres ressources naturelles.  Les grands projets industriels sont néfastes pour nos terres, ils viennent après les génocides, la torture et l’exploitation, a-t-elle dit.  Notre histoire doit être prise en compte afin que l’intégrité culturelle et le statut économique des communautés locales soient enfin reconnus et défendus, a poursuivi Mme Sanchez.  Elle a demandé que dans l’optique de la neuvième session de l’Instance, soit lancée une étude sur l’impact des grands projets industriels sur l’occupation des terres autochtones et le respect de leurs droits.

M. SATURINO SIC SAPON, du Mouvement d’action et de résistance MAR, a appelé au financement accru des réseaux d’entraide qui relient les communautés locales à travers le monde, ces communautés étant pour l’heure confrontées à un défi, le défi climatique qu’elles ne pourront pas relever sans l’aide de la communauté internationale.  Les politiques écologiques doivent tenir compte des savoirs traditionnels, véritable base d’une exploitation durable des ressources naturelles, a-t-il encore considéré.

M. MIGUEL IBANEZ, de l’association « Communidad Campesina de Tauria », a constaté « partout » un recul des droits et des libertés autochtones, pourtant consacrés dans la législation internationale, a-t-il dit.  Aujourd’hui, c’est la biodiversité qui est menacée, le socle même de la vie, les forêts tropicales de l’Amazone, au Pérou, étant devenues au fil des années hostiles aux hommes après les avoir nourris.

M. CARSTEN SMITH, Membre de l’Instance permanente, a estimé qu’il y avait un grand intérêt à avoir des dialogues avec les États.  C’est une des conditions pour que l’Instance soit efficace, a-t-il indiqué.  Il a ainsi souhaité que l’on invite les États à débattre au sein de l’Instance sur les cas de violations dont ils sont accusés.

Mme GLADYS SILVA, d’Habitat RO-Pérou, dans une déclaration lue en son nom, a fait état des dégâts environnementaux causés par la compagnie minière exerçant sur les territoires de son peuple.  À ce jour, plus de 500 personnes ont été déclarées malades du fait de la pollution produite par cette compagnie, a-t-elle souligné.  Elle a accusé l’État péruvien de ne pas respecter ses obligations internationales.

M. THOMAS ALARCON, de la Commission juridique des peuples des Andes, a appelé à une présence soutenue des États dans le cadre des discussions de l’Instance.  Pour ses activités futures, l’Instance devra veiller à compiler les listes de résolutions et autres textes touchant aux questions sur les autochtones et publiés par les autres organismes des Nations Unies.  Il a souhaité qu’une journée soit consacrée aux travailleurs migrants lors des futurs travaux de l’Instance.

Mme SHERLY CHESNEY, d’Action pour la paix internationale, a demandé que l’on porte une attention accrue au problème des prisonniers autochtones qui voient leurs droits méconnus dans le cadre des procédures judiciaires.  Elle s’est par ailleurs inquiétée de l’emprisonnement de plus en plus courant de femmes autochtones pour la pratique de rites ancestraux.

Mme LORI JOHNSTON, du Peuple yamasi et membre de la Confédération des peuples autochtones et tribaux, a déclaré que pour survivre à la crise climatique, la « souveraineté écologique » des communautés locales devait être respectée.  L’exercice du droit à l’autodétermination doit permettre aux peuples autochtones de gérer à leur manière leurs propres ressources, a-t-elle ajouté.  L’oratrice a demandé à l’ECOSOC de financer une équipe spéciale autochtone chargée de réfléchir à un corps de lois écologiques en phase avec les accords internationaux relatifs à la protection des minorités.

M. CRAIG CROMELIN, représentant de plusieurs associations australiennes de peuples autochtones, a lancé un appel contre les industries d’extraction dont les activités empêchent l’accès des communautés locales aux terres traditionnelles.  Soutenues par le Gouvernement australien, ces activités contreviennent aux principes et dispositions de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, a estimé M. Cromelin.  Il a exhorté l’Instance à faire en sorte que le consentement des communautés locales concernant l’exploitation des sols à des fins industrielles soit informé dans le cas des projets à grande échelle.

M. PETER SMITH, représentant du Conseil mondial des églises, a suggéré que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) soient alignés sur les besoins spécifiques des peuples autochtones, groupe humain plus vulnérable que les autres aux effets des changements climatiques.  Il a également demandé à l’Instance de lutter plus énergiquement contre le trafic des femmes, y compris des femmes autochtones.

M. ROBBY ROMERO, de l’Alliance des Indiens américains, a demandé la consécration du principe de reconnaissance du consentement libre, préalable et éclairé des autochtones.

M. JOSHUA COOPER, de l’Association « La Terre c’est la vie », a déploré le fait que les grands acteurs et décideurs de la planète ne faisaient pas participer les autochtones aux débats qui les concernent.  Aussi, dans ses recommandations, a-t-il appelé les Nations Unies à veiller à l’inclusion de ces peuples dans toutes les discussions qui se déroulent en leur sein.

M. MICK DODSON, Membre de l’Instance permanente, a fait partager aux participants ses différentes contributions à la sensibilisation aux questions relatives aux droits des autochtones dans l’État de Hawaii, et particulièrement dans les universités.

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