INTERVENTION DE TEREXA MICHELENA à l’ONU, pour Autonomia Eraiki, le mercredi 27 mai

8ème session de l’Instance Permanente aux Questions Autochtones Délégation citoyenne basque du Pays Basque Nord,

mai 2009

C’est par l’intermédiaire d’un excellent ami que j’ai appris l’existence de cet excellent blog, j’ai nommé  Autochtomia (http://autochtonia.hautetfort.com/), ce blog  est truffé d’anecdotes sur le vécu des membres de la délégation.
A l’intérieur de la page : l’intégralité de la communication de Terexa Michelena d’hier mercredi 27 mai, au nom d’Autonomia Eraiki, parlant de la situation  très critique de l’Euskara, et de la nécessité de demander la création d’un poste d’expert « autochtone » pour la zone Europe de l’Ouest.

ITEM 7 : FUTURS TRAVAUX DE L’INSTANCE PERMANENTE
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Milesker Lehendakari agurgarria,
Egun on deneri !
Merci madame la Présidente.

Madame la Présidente,

membres du Bureau et représentants des délégations des Peuples autochtones ici présents, En tant que femme et mère basque, soucieuse de l’avenir de mon peuple et de sa langue (l’euskara), j’interviens afin de demander à cette instance que soit inclus dans ses futurs travaux, de façon permanente et chaque année, la thématique de la langue et de l’éducation, la langue étant une caractéristique essentielle d’un peuple autochtone.

La langue basque, « euskara », langue autochtone en France, est en danger. Chaque génération qui passe emporte avec elle quantité de primo parlants qui n’ont pas transmis ce patrimoine et, chaque génération qui arrive, parle moins que la précédente. Avec moins de 30 % de locuteurs une langue est en danger d’extinction, seuls 10% des élèves basques sont scolarisés en système immersif, le seul système pédagogique capable de former des locuteurs aptes à transmettre la langue.

L’an dernier, nous soulignions que « la langue basque n’a en France aucun statut légal car ce pays refuse d’officialiser plusieurs dizaines de langues parlées sur son territoire ; langues pourtant plus anciennes que le français. »
À ce jour, aucune avancée, la France refuse toujours de ratifier la Charte européenne des langues minoritaires de 1992 sous prétexte qu’elle est anticonstitutionnelle. La langue basque ne doit sa survie qu’au travail acharné de milliers de militants autochtones, qui ont su créer des outils prouvant chaque jour leur pertinence et leur efficacité (IKASTOLA, écoles en langue basque de la maternelle au baccalauréat, centres de loisirs en basque, cours pour adultes…).

LA TRANSMISSION NE PASSE PAS SEULEMENT PAR L’ENSEIGNEMENT MAIS SURTOUT DANS L’UTILISATION SOCIALE DE NOS LANGUES.

Pour arriver à cela, il faut que le gouvernement français comprenne qu’être plurilingues est une richesse et une force, un pont naturel vers les autres avec leurs différences.

Les hommes et les femmes autochtones qui vivent dans le monde d’aujourd’hui sont ceux qui, demain, construiront la paix, car, ayant subi et subissant aujourd’hui injustice et discrimination, ils savent ce que le mot respect veut dire et ils portent en eux les valeurs de justice et de tolérance. Conscients du danger de disparition des langues autochtones et forts d’une expérience militante en Pays basque, nous avons créé l’association GARABIDE dont l’objectif est d’établir des ponts entre l’expérience culturelle basque et les réalités linguistiques et culturelles des peuples autochtones dans le monde. Des programmes d’échanges culturels sont en place et à disposition des peuples intéressés.

NOUS SOMMES CONSCIENTS QUE TOUTES CES INITIATIVES NE SUFFIRONT PAS À ASSURER LA SURVIE DE L’EUSKARA SANS UNE RÉELLE OFFICIALISATION PAR LA FRANCE.

Nous demandons donc à l’Instance Permanente de mettre en place les moyens nécessaires afin que la France respecte enfin les langues autochtones et minorisées parlées sur son territoire et qu’elle applique immédiatement les articles 8, 13 et 16 de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones.

Nous demandons qu’elle signale à la France qu’il est grand temps pour elle de ratifier la charte européenne des langues minoritaires et de répondre favorablement à la demande d’un statut d’Autonomie pour le Pays basque. Statut qui permettra au peuple autochtone basque d’assurer la sauvegarde de sa langue.
Nous demandons également à l’Instance  Permanente d’instaurer chaque année et de façon permanente dans son agenda, la thématique « Langues autochtones et éducation ».

Nous demandons enfin à l’Instance Permanente, afin d’assurer le suivi de l’application de ses décisions, de nommer un expert « autochtone » pour la zone Europe de l’Ouest considérant que la France elle aussi a ses autochtones dans l’Hexagone. Nous soumettons à ce titre la candidature d’un expert basque.

Merci madame la Présidente, membres du Bureau et délégations des Peuples autochtones ici présents.
Milesker eta gora herrien arteko elkartasuna ! Vive la solidarité entre les peuples autochtones !

AUTONOMIA ERAIKI

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