Requiem pour la fin des haricots… et Guru-communication

Dans cet article Allande s’attaque à une forme de communication, que l’on pourrait appeler Guru-communication. Ce qui signifie que quelque part, plus que le message réel, c’est la façon de le dire qui l’emporte, et importe.

L’impact du guru se situe souvent au niveau de la communication, qui bien souvent s’affronte et s’affranchit de la réalité.

Par définition, un guru s’affranchit de la réalité et impose sa réalité. En absolut, le meilleur des guru, serait celui que n’influence pas la réalité communément partagée par l’ensemble des individus, dans ce cas là, un sociopathe ferait aisément l’affaire.

Dans l’esprit d’un sociopathe, il n’y a qu’un individu monde, c’est à dire lui même. Les autres ne sont que des pixels, qui, parfois viennent perturber de façon réelle ou imaginaire, l’agencement du monde contenu dans son esprit, ce qui entraine parfois une réponse défensive ou de prise de contrôle de la réalité. La vision mécanique du fonctionnement de cette réalité, implique donc, une organisation logique stricte, la reconstruction d’un tableau logique, qui si elle est transposée à la réalité formelle [extérieure et réelle] peut mener à une reconfiguration partielle de celle-ci , et dans ce cas là, la construction d’une communication et/ou l’asservissement des individus (dont l’image et l’imaginaire sont conformés à la vision pré-existante dans l’esprit monde du sociopathe). L’individu est ré-imaginé intellectuellement, puis reformaté dans la réalité formelle, grâce à la pression sociale (liée, à la force de conviction du guru). L’éthique ou la morale communément admises, n’existent que par les interactions sociale, ont elles une influence dans l’agencement du cerveau d’un individu doué d’un « esprit monde étanche » ?

L’analyse que je viens de faire, n’est peut être lié qu’à mon état de pixel, ayant peut être survécu ?… Il est évident qu’en tant que mal de tête, c’est pas évident d’exister dans la tête d’un guru (humour).

Il est fortement possible, que cette analyse n’ai rien à voir  avec les haricots.

Requiem pour la fin des haricots…

D’après un dessin de M. Vidberg ; il ne nous en voudra pas, je l’espère, d’avoir détourné le texte des bulles…
(suite…)

Le cirque a enfin pris fin, les acteurs sont fatigués – en plus d’être fatigants ! – les quelques spectateurs sont pressés d’aller voir ailleurs… ETA s’est dissous, non sans avoir essayé jusqu’au bout de finasser pour appeler « démobilisation » cet interminable et pathétique épilogue, comme une armée qui aurait conclue une paix des braves et en serait sorti avec les honneurs. Au point même de commencer à énerver le maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray, pourtant bien disposé dés le commencement à ce qui n’a été qu’une bouffonnerie. Par médias interposés, il a tenu à préciser que « les mots ont leur importance » et qu’une « dissolution » et une « démobilisation », ce n’est pas vraiment la même chose. Il faut dire qu’il avait, bien qu’il s’en défende, « senti passer le vent du boulet » lors du énième épisode d’une mascarade imaginée de A jusqu’à Z par une officine de propagande et son gourou dévoué, je veux parler de la tartuferie de l’implantation de la statue dénommée « La vérité de l’arbre ». Un arbre qui prétendait en quelque sorte cacher la forêt et qui n’a pas eu l’heur de plaire à une bonne part des élus municipaux de Bayonne appelés à se prononcer sur cette question fondamentale de l’emplacement alloué à ce que l’on a quand même un peu de mal à appeler une oeuvre d’art. Au terme d’un débat pas spécialement apaisé, 20 élus qui s’abstiennent pour 23 qui soutiennent la position du maire, ce n’est pas particulièrement glorieux.

Une opinion publique largement indifférente

Jean-René Etchegaray, que l’on peut tenir pour quelqu’un d’honnête et de sincère, n’a pourtant pas vu ou pas voulu voir que ce à quoi il a apporté son aval, c’est – je le dis une fois encore – une tentative de manipulation de l’opinion publique pour permettre à ETA et à ses affidés de « sortir par le haut » d’une épopée qui s’est terminée, sinon en eau de boudin, du moins en défaite politique consommée. « Tentative », car au bout du compte cette imposture n’a fonctionné que dans le microcosme abertzale usuel, prêt à croire à toutes les fadaises, rejoint cependant par une frange d’élus de partis succursalistes français qui se sont vus acteurs d’une histoire en marche, alors qu’ils n’ont été, du début jusqu’à la fin, que des marionnettes. Enfermés dans leurs univers fonctionnant en vase clos, les uns et les autres ont-il seulement conscience que l’immense majorité de la population du Pays Basque nord – et cela est perceptible sans avoir besoin de quelque sondage que ce soit – n’en a eu strictement « rien à fiche » de  toute cette triste comédie… à supposer même qu’elle y ait accordé quelques bribes d’intérêt. Et ce n’est pourtant pas faute que les manoeuvriers se soit donnés du mal pour décliner une déplorable palinodie, avec même des contre-feux allumés lorsque sont survenus des événements non-prévus dans un scénario cousu de fil blanc.

La date de la « dissolution/démobilisation », qui ne tient pas spécialement la population du Pays Basque nord en haleine, a ainsi donné lieu à des péripéties ponctués de chausse-trappes et de reprise en main. Car enfin, il n’était sans doute pas prévu par les marionnettistes que ce soit le média public basque EITB, controlé par le gouvernement de la Communauté Autonome Basque, donc plus ou moins par le PNV, qui révèle la date de cet événement considérable, leur coupant de la sorte l’herbe sous le pied. Et cela par la voix d’un des membres de ce « groupe international de contact pour le processus de paix » (GIC) qui avait sévi, avant que ETA ne décide de re-localiser les opérations de sa fin de parcours. UN GIC dont on n’entendait plus parler depuis des mois… et que l’on sort de la naphtaline juste au moment où le cirque s’apprête à donner le clou du spectacle… voilà qui est tout de même un peu bizarre ! Mais la contre-attaque (oui enfin… si on peut dire, pour ceux qui parlent de « démobilisation » !) n’a pas tardé avec une conférence de presse de Bakebidea, autre structure ad-hoc pour une mystification, qui a récupéré pour l’occasion un autre « expert » du GIC, à savoir Raymond Kendall qui fut durant 15 ans le chef d’Interpol, excusez du peu… Et puis est survenu la cerise d’Itsasu sur le gâteau basque avec la « remise » surprise d’un lot d’armes et de munitions par ETA, le 25 avril à Bayonne. Le résultat, parait-il, d’une recherche par l’organisation clandestine de dépôt d’armes non répertoriés à la date du 8 avril 2017, jour de la pantalonnade du désarmement conduit par les « artisans de la paix ». Lesquels « artisans » ne se posent même pas la question, du moins publiquement, de savoir si tout cela n’est pas un tantinet « foutage de gueule » à leur endroit, et si par hasard cette « remise » ne serait pas une sorte de joker pour le cas où il faudrait reprendre la main et « faire du buzz » comme on dit dans les chaumières connectées.

La lutte passée par pertes et profits 

Le fin du fin, ou plus exactement la fin des haricots, cela a quand même été le communiqué de ETA exprimant ses « regrets » aux victimes de son action armée. Un « modèle » de contrition qui a dû en laisser pantois jusque dans les cercles du pouvoir à Madrid ! Ayant lu attentivement, aussi bien en basque qu’en castillan, ladite déclaration rédigée dans une forme plutôt habile, je conçois tout à fait qu’on peut se dire que c’est louable et nécessaire qu’une organisation armée reconnaisse qu’elle a commis des actions qui ont causé des souffrances. Mais voilà, cette communication est largement lacunaire dans ce qu’a été l’emprise de ETA au sein de la société basque, la chape de plomb qu’elle y a instauré à travers ses relais, et sur ses agissements on ne peut plus anti-démocratiques dans le monde abertzale. Sur ces points précis, ETA reste muet, son repentir ne va pas jusque là, mais il eut été fort surprenant que l’organisation clandestine en arrive à une telle introspection critique. Ses zélateurs et autres « bons petits soldats », pour leur part, ont relayé sans état d’âme apparent cet exercice de repentance qui, à la fin des fins, passe par pertes et profits – surtout par pertes, en vérité – les sacrifices auxquels ont consenti des générations de militants ayant donné leur jeunesse, leur liberté et, pour beaucoup, jusqu’à leur vie. ETA, dans une partie de sa longue trajectoire, aura fait beaucoup de mal à la société basque, mais dire ou re-dire cela ne m’empêche pas de reconnaitre que nombre de ses militants se sont engagés corps et âmes pour un idéal politique ou plus simplement pour défendre le Pays Basque non-reconnu dans ses droits nationaux.

Et tout ça, tous ces sacrifices, tout ce renoncement à une vie « normale », toutes ces souffrances générées mais aussi subies, pour en arriver aujourd’hui à faire acte de contrition, pour aller à Madrid signer des documents humiliants où l’on reconnait sans ambages avoir mal agi et dans lesquels on promet de ne pas recommencer à être « méchants », pour quémander des solutions individuelles, pour donner dans le « sauve-qui-peut » le plus pathétique… Avec, malgré toutes ces avanies, ce virage à 190°, une base militante ou du moins sociale qui dit « amen », qui continue à soutenir sans rechigner une organisation et son environnement… qui leur expliquent aujourd’hui l’exact contraire de ce qu’ils affirmaient naguère. Certes, quelques voix s’élèvent, quelques initiatives se font jour, quelques manifestations se produisent ici ou là pour dénoncer cette capitulation en rase campagne, ce reniement qu’en d’autres temps ils n’avaient pas de mots assez durs pour le condamner chez les autres… mais ces quelques craquements n’ébranlent pas vraiment un secteur qui d’évidence reste majoritaire – ou en tous cas bien corseté – au sein du mouvement abertzale de gauche en Pays Basque sud. Cela en dit long sur le degré d’imprégnation  doctrinaire d’une partie du corps social basque…

La litanie des périls

Le monde abertzale en Pays Basque nord et plus largement la majeure partie de la population n’ont, fort heureusement, pas été contaminé par un dogmatisme pareil. La seule manifestation visible d’un tel phénomène n’est qu’un microcosme qui vit dans ce qu’il faut bien appeler un état d’esprit totalitaire, tout en se gargarisant de mots comme « démocratie » ou « expériences alternatives »ou encore « nouveau rapports sociaux ». Par leur façon de penser et d’être, par leurs actes en société, par leur mode de vie en forme de repli sur soi, ils sont l’antithèse de tous ces concepts. Toutefois, il n’y a pas à s’en inquiéter outre mesure, tant l’influence de ces gens là dans la société est pour ainsi dire nulle. Dans le sujet qui nous occupe toutefois, à savoir toute cette calamiteuse mise en scène de la fin de parcours de ETA, le mouvement abertzale de gauche, dans sa forme plus ou moins organisée, a accepté de jouer à ce jeu de dupe, a participé un tant soi peu à cette imposture, a contribué de la sorte – et c’est là le plus grave – à une entreprise de manipulation de l’opinion publique en Pays Basque nord. ll faut reconnaitre néanmoins que plus le temps passait, plus le grotesque de la situation se faisait jour, moins les manifestations d’adhésion à cette arlequinade se faisaient visibles.

Il n’en demeure pas moins que cette affaire a montré une fois de plus que la partie dite organisée du monde abertzale de gauche en Pays Basque nord est, par rapport à l’ensemble de la population, celle en tous cas qui se sent basque, largement « hors sol », en ce sens qu’elle se confine dans une sorte de Pays Basque virtuel. Or, le Pays Basque nord est, dans les temps présents, confronté à des dangers bien réels qui mettent en péril jusqu’à son existence en tant que communauté et territoire spécifiques : la déperdition de la pratique de l’euskara malgré l’arrivée de nouveau locuteurs potentiels dans les jeunes générations, une véritable entreprise de substitution de population par l’afflux de résidents allogènes peu soucieux de vivre ici en tant que basques, une gentrification qui est un des corollaires de ces flux migratoires, des phénomènes de spéculations foncières et immobilières en croissance exponentielle, une urbanisation trop souvent mal maitrisé qui génère une artificialisation accélérée des sols, des difficultés quand ce n’est pas une impossibilité à se loger à prix raisonnable pour les locaux, une précarisation de plus en plus accentuée dans nombre de secteurs d’activités, un tissu économique qui reste fragile, etc, etc.

Faire « repartir la machine »

Et ce n’est pas la bien modeste institution qu’est la Communauté d’agglomération Pays Basque qui a la possibilité aujourd’hui de pouvoir faire face à ces énormes défis. Bien sûr, elle représente, même dans cette configuration institutionnelle à minima, une  évolution par rapport au passé, en ce qu’elle a apporté une existence juridico-politique au Pays Basque nord et qu’elle permet à ce territoire de pouvoir parler d’une seule voix. On est malgré tout loin du compte, par rapport aux besoins, plus loin encore si l’on raisonne en termes de droits. Seule une autonomie véritable, fondée sur la reconnaissance du droit à l’autodétermination et dotée des compétences fiscales et législatives, serait en mesure de permettre au Pays Basque nord de pouvoir maitriser les outils de son présent et de son devenir. Pourtant, il semblerait bien que le mouvement abertzale, pris en son ensemble, se satisfasse assez bien de ce qui n’est quand même qu’un ersatz d’institution propre. Comment pourrait-il en fait en être autrement quand le mouvement abertzale soi-disant organisé ne porte aucun projet politique susceptible de proposer d’autres voies plus ambitieuses, plus efficientes pour les urgences d’aujourd’hui et pour les destinées du Pays Basque nord ?

Je me répète d’un écrit à l’autre, mais les faits sont têtus : il nous faudra bien trouver les moyens de « faire repartir la machine », de concevoir dans l’union des composantes abertzale – et non pas dans l’unité qui est un concept d’un tout autre ordre – un projet politique et de société, non pas à minima, sur cette aberration trop souvent alléguée du « plus petit dénominateur commun possible », mais à maxima, parce que l’urgence le commande et que notre existence en tant que pays et communauté en dépend. Et pour paraphraser et détourner comme boutade ce qui à l’origine fut un slogan publicitaire d’une marque de cosmétique… « parce que nous le valons bien ! »

 

 

Laissez un commentaire