Ce sont pas moins de trois ministres qui étaient présents en Ipar- ralde le vendredi 24 août. Sans oublier l’inévitable Sarkozy. Une sur- représentation officielle en terre basque, surprotégée par une armada de membres des forces de l’ordre. Le ministre de l’Agriculture Barnier d’abord, qui s’est invité à la « fête du terroir » organisée par la FNSEA. Après quelques mots sur l’ours et les vautours, le ministre repart, un dossier de doléances sous le bras. Un petit tour et puis s’en va… Puis, la ministre du Logement Boutin, présente aux Entretiens d’Intxauseta à Bunuze, où elle enfonce des portes ouvertes dans un discours sur la crise du logement. Elle ne fait pas la moindre référence aux problèmes spécifiques d’Iparralde où la crise du foncier et du logement entraîne des conséquences dramatiques pour l’avenir de l’identité basque. La « sursitaire » ministre de l’Intérieur ensuite (cf. l’affaire Clearstream…), Alliot- Marie qui, obligée de jouer les seconds rôles, se borne à distribuer sourires et poignées de mains sur le port de Ziburu et au commis- sariat de Baiona. Le président de la République Sarkozy enfin, dans toute sa splendeur d’homme pressé, qui ressert à la louche son discours populiste compassionnel (au sujet des victimes, de la lutte contre le terrorisme, de l’« écoute » apportée aux pêcheurs, etc.).
Voilà une opération de communication de grande ampleur qui nous aura permis de mesurer à quel point le pouvoir actuel méprise le peuple basque. Aucune prise en compte des problématiques d’Euskal Herria, pas l’ombre d’une main tendue, pas le plus petit geste symbolique qui pourrait nous laisser espérer un avenir proche fait de consultation et de dialogue bilatéral. Non, de tout cela, rien. Rien que du mépris, de l’arrogance : le passage en force et la grosse artillerie du pouvoir, censés impressionner les foules. Pourtant, ces visites, organisées dans le plus grand secret jusqu’au dernier moment, auront aussi été l’occasion pour des travailleurs-euses de l’océan, des militant-e-s anti-OGM et des militant-e-s abertzale de donner à voir et à entendre la résistance de ceux qui luttent, de faire la démonstration que ce pays ne pliera pas. Ils auront été notre honneur, celui des insoumis – trop rares – qui refusent l’ordre injuste. La violence employée par les forces dites de l’ordre pour neutraliser ces voix contestataires permet de faire la toute la lumière sur la nature réelle d’un pouvoir qui travaille à notre extinction. Le 24 août 2007, ce ne sont que mépris et violence que nous avons reçus de la part des représentants de l’Etat.
Dont acte.
EKAITZA
attentat à Guéthary le 3 juillet dernier
«Si les questions relatives au foncier et à l’immobilier sont réelles en Pays basque, rien ne justifie ces actes violents.» C’est ainsi que Battitt Queheille, président de la communauté des communes de Soule, s’exprimait lors du rassemblement qui s’est tenu à Athar- ratze le 11 août. Manifestation dont l’objectif était de dénoncer les actions violentes qui ont récemment visé des résidences secon- daires et des véhicules à Ligi, Larrañe et Atharratze.
Soyons clairs, ce que cet élu appelle «les questions relatives au foncier et à l’immobilier» est source de violence au quotidien pour des milliers de femmes et d’hommes de notre pays. La façon dont cet élu, et avec lui nombre d’autres élus évoquent cette «ques- tion», est violente et méprisante. Combien de milliers de gens d’Iparralde vivent dans des logements insalubres ou inadaptés à leur situation familiale ? Combien de jeunes de ce pays désireux de s’autonomiser, ou de s’installer en ménage, voient-ils leur projet saccagé par la violente réalité du marché de l’immobilier ? Combien d’agriculteurs, de petits paysans, voient-ils leur projet profes- sionnel anéanti parce qu’incapables de réunir l’argent de leurs légitimes ambitions, les moyens financiers suffisants pour acquérir de la terre ? Il est insupportable, inacceptable, de voir ces élus se mobiliser pour dénoncer les conséquences, ô combien logiques, d’une politique irresponsable, attentatoire au bien-être des habi- tants de notre pays. Ces élus qui se disent inquiets de la recru- descence de la violence n’ont pas fini de s’inquiéter car la colère gronde. Face à l’insupportable quotidien du mal logé ou du deman- deur de logement «au long cours», certains ont choisi l’action directe, le cri lancé non comme acte désespéré, mais comme appel à la responsabilité de chacun.
C’est en premier lieu aux élus que s’adressent ces cris. Elus qui ont le pouvoir et le devoir d’assurer les conditions d’une vie digne pour toutes et tous. De ceux qui disent que la violence n’est pas la bonne réponse au bien réel problème de l’immobilier et du foncier, nous attendons des actes, un engagement fort, déterminé, continu, bref un positionnement cohérent. Il est temps, grandement temps, que celles et ceux dont la mission est d’organiser la vie de la société prennent les mesures qui s’imposent en matière de logement et de foncier. Sans quoi les cris se multiplieront et s’intensifieront.
EKAITZA
Après Cesare Battisti, voici venu le tour de Marina Petrella, arrêtée à Argenteuil sous le faux pretexte d’un contrôle de véhicule. Marina est mère d’une petite fille de 9 ans devant laquelle elle a été menottée sans explication. SOS a tous ceux qui se sentent concernés, elle est sous la menace d’une extradition vers l’Italie. N’oubliez surtout pas de signer et faire signer la pétition mise en ligne sur bellaciao.org !
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=tb5CV5ODeU8[/youtube]
Seconde et dernière partie de ce document historique que constitue le petit documentaire sur le Pays basque présenté et réalisé par l’un des plus grands cinéastes du monde, Orson Welles. Les Basques n’y semblent toujours pas vouloir être français ou espagnols… Les dernières minutes du documentaire, relatant la rencontre entre le réalisateur américain et un «amerikanoa», mériteraient certaine- ment une «suite»…
Xan ANSALAS
Les récentes actions anti-spéculation foncière et immobilières, par- ticulièrement celles perpétrées en Soule, ont enflammé les esprits, au point de susciter un rassemblement sur le mot d’ordre “Non à la violence”, à Tardets, à l’appel des responsables de la Communauté de communes. A ce propos, il faut être honnête et considérer que le texte élaboré par la collectivité territoriale n’était pas du style bou- tefeu et apparaissait même plutôt équilibré. Certes, il condamnait en préalable les incendies de maisons inoccupées et de véhicules survenus ces dernières semaines. Politiquement parlant, pouvait-il en être autrement, s’agissant d’une institution qui s’inscrit dans le cadre légal et au sein de laquelle cohabitent des sensibilités poli- tiques différentes ? Là encore, l’honnêteté conduit à répondre non. Le principal problème de ce genre de réaction, c’est surtout qu’elle offre un terrain propice à la réapparition sur la scène publique d’une catégorie sociale dont l’espace politique s’est réduit à peau de chagrin ces dernières années : les anti-basques viscéraux.
La propriété Alkornoa a Etchebar, acquise certes par un berger sans terre, mais qui a du débourser aux alentours des 200.000 euros, pour quelques 9 hectares, dont la moitiè seulement en SAU (Surface Agricole Utile). Après ça, comment s’étonner que ce ne soit pas seulement les prix qui flambent ? (suite…)