Achetez ma lessive, elle ne lave pas plus blanc que les autres, avec moi rien ne change / Repliement nationaliste français… et repli politique abertzale !
Pourquoi acheter une lessive qu’une autre?
parce quelle lave plus blanc, ou quelle respecte les couleurs, donc parce que cela m’apporte quelque chose (sinon , par confort aucune raison de voir à côté).
Pourquoi être abertzale?
parce que cela sert mes intérêts, ou que cela améliore ma vie, ,donc parce que cela m’apporte quelque chose (sinon, par confort, aucune raison de voir à côté).
Bien que, d’une certaine mesure, tout combat politique se rapproche d’une religion, (car on construit quelque chose, dont on pense qu’il sera meilleur et apportera un plus, dont on ne connaitra peut pas l’avènement), bien souvent, il n’oblige pas à imaginer une fin en soi dans un paradis aléatoire ou futur.
Vivre une vie de merde, et de renoncement, n’attire pas nécessairement l’adhésion de tout un chacun, comme le pourrait une religion, emporté par un espoir absolut.
S’assoupir dans l’acceptation et la soumission à une oligarchie, inique et infâme, n’a jamais été le but, pas plus que le retour aux valeurs d’un moyen age sombre et inégalitaire (pas même à un XIX siècle, basé sur l’exclusion). Des valeur que pourraient compenser une religieuse acceptation…
La solution n’est pas le retour vers un passé fantasmé, et mal vécu par 90% de la population d’alors.
S’il y a solution, elle se situe dans une mise à plat des rapport sociaux, et peut être même dans la remise à jour de certaines idées qui ont été à la base de l’abertzalisme des 50 dernières années.
N’oublions pas qu’Ik fut créer pour lutter contre une société archaïque, avec des rapports sociaux funestes, et non pas seulement pour créer une marque commerciale, ou avoir l’honneur d’élargir le champ oligarchique. Pendant longtemps, la plaque d’égout qui empêchait l’égalité a été soulevée, et la possibilité d’entreprendre a été dans les mains de tous.
Bref, alors qu’il n’y a peut être plus de raison de contrôler des univers sociaux, et/ou économiques, pour des raisons stratégiques, imaginons, inventons, recréons, rêvons car tout doit être possible, ou aurait dû être possible…
Repliement nationaliste français… et repli politique abertzale !
Allande Socarros, 10 Aout 2018, site web
Il n’est nul besoin d’être un observateur perspicace des évolutions sociales ou sociétales ou un éminent spécialiste de la question politique en France pour se rendre compte combien la « République une et indivisible » et l’État qui en est l’émanation versent depuis maintenant quelques décennies dans une crispation identitaire frôlant l’hystérie. Les signes sont nombreux et dépourvues d’ambiguïtés : les couleurs bleu-blanc-rouge exhibées à toute occasion, la Marseillaise entonnée en toutes circonstances – du moins le premier couplet et le refrain… parce que pour le reste c’est l’ignorance qui est au rendez vous ! -, le mot « France » que l’on sert et ressert à toutes les sauces et que l’on accole à tous les intitulés. Et au delà de toutes ces manifestations symboliques – mais les symboles ont une importance que l’on aurait tort de prendre à la légère -, la véritable et bien perceptible recentralisation politico-administrative qui n’a certes pas commencé avec l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron et de son si ridiculement nommé « monde nouveau ».
Ô, ce n’est pas que les différentes phases de ce que l’on a appelé la « décentralisation » aient été des modèles de hardiesse, des manifestations criantes d’audace politique, des illustrations évidentes d’une volonté de réformer profondément le vieil échafaudage jacobin… Non, il s’est juste agi de quelques transformations cosmétiques qui ne remettaient nullement en cause les fondements de l’État jacobin et les mécanismes tutélaires. Tout au plus cela a-t’il consisté à donner à des potentats locaux, à des baronnies façonnées sur le modèle du clientélisme électoraliste quelques marges de manœuvre supplémentaires pour rendre les populations encore plus tributaires à leur endroit. Des attributions nouvelles qui, a contrario d’une amélioration des conditions de gouvernances locales, ont souvent généré des dérives autocratiques et facilité bien des malversations. Donc, ce que Paris a appelé une « décentralisation » n’aura consisté qu’en une latitude très encadrée donnée par l’État à ses différentes strates et à ses vassaux politiciens pour définir des axes d’actions politiques, une sorte de hochet d’illusion de pouvoir… et sans, bien évidemment, les moyens financiers y afférents ! L’entourloupe aura même été poussée au point que l’État se désengage au « profit » des collectivités locales de tout ce qui est cher à financer – l’aide sociale, par exemple – tout en se gardant bien de leur mettre à disposition les ressources fiscales nécessaires. Bravo l’artiste !
Comme une odeur rance des années 1930…
Mais même cet ersatz de pouvoir aura semblé, à un moment donné, insupportable aux élites politiques et sans doute plus encore à ce qui est le coeur du système jacobin, à savoir les hautes hiérarchies administratives installées en bord de Seine. Le balancier est alors reparti dans l’autre sens et un processus de recentralisation est en œuvre depuis de nombreuses années de manière plus ou moins visible ou plus ou moins insidieuse. Parallèlement à cette reprise en main jacobine dans les sphères politico-administrative, d’autant plus aisée que la décentralisation aura été superficielle, une idéologie identitaire s’est développée, via les propos de nombre de leaders politiques, par le bais des manifestations publiques et le relais des médias de grande diffusion. Tout est prétexte à glorifier la « grandeur de la France », la fierté nationale – au sens de ‘État-nation’ -, à défendre le roman national écrit pourtant au prix du sang et de la barbarie, le sentiment d’appartenance à une communauté qui s’imagine supérieure à ses voisines, à pavoiser à tout-va de tricolore, à se la jouer patriote à peu de frais… Et cela embraye sur les grandes proclamations d' »unité nationale » à l’occasion d’évènements dramatiques comme les attentats ou, sur un registre plus léger, les délires collectifs autour des rendez-vous sportifs comme la victoire de l’équipe de France lors de la Coupe du Monde de football ou encore la ferveur populiste à la « Roro et Momone » sur les routes de l’indémodable Tour de France… Bon… dans le cas des élans pseudo patriotiques suscités par les exploits sportifs, cela peut se terminer en eau de boudin, comme avec cette image véritablement ravageuse de dizaines de drapeaux français abandonnés au sol après un rassemblement festif à la gloire des « bleus ». Le patriotisme de circonstance ne va pas s’embarrasser de ce genre de détails !
Un sociologue serait sans doute à même de donner des pistes d’explications à cette réactivation du nationalisme – natio-étatisme serait une formule plus juste – français, qui a toutes les caractéristiques d’un repliement identitaire. Un grief que les français – depuis les élites jusqu’aux citoyens de base – attribuent cependant aux autres, et plus précisément à ceux qui ne font que rappeler et défendre les droits nationaux bafoués par la constitution (avec aussi bien un grand « C » qu’un petit « c ») de l’État-nation France. En termes de psychologie, cela s’appelle de la projection… et c’est certainement un domaine où la France n’est pas prête à se laisser détrôner ! Une crispation nationaliste qui se traduit aussi par la libération de la parole sur des sujets que l’on croyait avoir été définitivement mis hors-jeu depuis les défaites des régimes d’extrême droite et leurs cohortes d’abominations : le discours raciste, la xénophobie assumée, l’aversion notoire envers les réfugiés espérant trouver refuge en Europe, l’homophobie décomplexée… Libération de la parole, parfois suivis d’actes en corrélation. Véritablement, dans cette France de la presque 3ème décennie du XXIe siècle, se répand de jour en jour davantage l’odeur rance des années 1930. Et une bonne part de sa « classe » politique, loin de prendre le contrepied de cette évolution nauséabonde, surfe au contraire sur les vagues de l’hystérie et de la haine collective et irraisonnée, si ce n’est même qu’elle encourage ou nourrit ces phénomènes. Probablement les fruits empoisonnées des succès électoraux engrangés par l’extrême droite toutes ces dernières décennies… encore que sur cette question, la réflexion sur le paradoxe de la poule et de l’œuf serait pertinente…
Entre possibilisme et sectarisme
Cette frénésie patriotarde n’aura bien évidemment pas épargné le Pays Basque nord, en particulier lors de l’épopée footballistique des « Bleus ». Ah, on en aura vu, à travers nos trois provinces du nord, des drapeaux bleu-blanc-rouge aux fenêtres – enfin, pas tout de suite… il a fallu quelque chose comme l’accession aux quart-de-finale ! -, et supporté des discussions de bistrot qui se voulaient autant d’avis autorisés et de fierté par procuration. Le fin du fin cela aura quand même été le bâtiment de la Mairie de Bayonne habillé de tricolore, une démonstration grotesque qui aura joué les prolongations avec La Marseillaise entonnée à l’ouverture des fêtes de la cité.
On pouvait espérer que le monde abertzale résiste à cet emportement chauvin… mais rien n’est moins sûr ! Nombreux ont sans doute été ceux qui, en toute bonne conscience et en se disant comme pour s’auto-excuser : « après tout, je ne fais que soutenir une sélection sportive ! », ont participé de près ou de loin à ce véritable emballement collectif autour d’une équipe de football, qui plus est cornaquée par un entraineur originaire du Pays Basque. Encore que, concernant Didier Deschamps, on peut nourrir les doutes les plus légitimes sur la profondeur de son sentiment d’attachement à son lieu de naissance… Donc, pour l’avoir observé dans mon entourage proche, bien des abertzale ont été happé dans ce tourbillon qui tient bien davantage du délire de masse et de la geste cocardière que de l’adhésion à une épopée sportive. Bon…ceux qui, entre deux gorgées de bières, auront applaudis sans barguiner sur les performances des millionnaires du ballon-rond ne seront peut-être pas sortis klaxonner dans les rues avec un drapeau bleu-blanc-rouge brandi à bout de bras. On a sa fierté quand même !
Il n’y a dans tout cela rien de nouveau et d’inhabituel, n’était-ce une période davantage polluée aujourd’hui par l’exaltation franchouillarde. De tout temps, du moins depuis que la France existe en tant qu’État-nation, des contextes précis et un certain nombre de faits historiques ou de phénomènes, sociaux, sociétaux, sportifs ou autres ont contribué à (ré)activer les ressorts de l’aliénation, à renforcer l’assimilation et la colonisation des esprits, par sentiment, plus ou moins diffus, plus ou moins ressenti, de fierté à appartenir à un ensemble soi-disant « national », en fait « natio-étatique » : les guerres bien sûr, mais aussi les agressions subies (attentats, par exemple), les succès technologiques ou scientifiques, les prouesses sportives… La population du Pays Basque nord, dans sa majorité socio-politique, n’échappe pas à ces fièvres assimilatrices, à ces effervescences cocardières… et elle y échappera de moins en moins, quand on sait le véritable déferlement démographique de gens venus d’autres régions et n’ayant aucun intérêt pour la chose basque, qui est en train de changer à vitesse grand V la donne sociale dans notre pays. Et il s’agit aussi de ne pas oublier, comme dans certaines chapelles abertzale vivant dans un Pays Basque fantasmé, que le plus grand nombre des habitants du Pays Basque nord n’est pas, au jour d’aujourd’hui, acquis à la conscience abertzale.
Ce n’est pas avec des échéances espacées dans le temps comme les campagnes électorales et le menu sinon insipide du moins manquant totalement d’ambitions, de visions et de perspectives proposé à ces occasions par les abertzale de gauche en guise de programme, que cette majorité de la population prendra fait et cause pour l’option abertzale. Elle ne lâchera pas la proie pour l’ombre et on peut aisément le comprendre, sauf à être aveuglé par les certitudes inébranlables de milieux vivant en hors sol par rapport à leur environnement ou en tous cas n’évoluant la plupart du temps que dans une compagnie de gens qui pensent peu ou prou la même chose. Et ce constat s’applique aussi bien aux abertzale « organisés » comme ceux d’Euskal Herria Bai, dont les champs d’actions et les perspectives politiques se limitent actuellement à une participation, même pas trop critique, aux politiques menées par la Communauté d’Agglomération Pays Basque… qu’à ceux qui dénoncent ces attitudes là, mais ont une vision complètement sectaire et aux antipodes des réalités du Pays Basque nord.
Des urgences du présent à la nécessité de l’autonomie
ll y a bien longtemps maintenant que le mouvement – le terme est d’ailleurs tout à fait impropre… – abertzale de gauche en Pays Basque nord est en repli politique, sans idées, sans projets, sans propositions au sujet des préoccupations de la population et sans réponse à la hauteur des problèmes gravissimes qui menacent de jour en jour davantage les équilibres sociaux et jusqu’à l’existence de notre communauté particulière. Oui, je le dis, je le répète et n’aurais de cesse de le marteler : l’abertzalisme de gauche en Pays Basque nord, dans son expression soi-disant organisée, est en mort clinique et ce ne sont pas quelques gesticulations dérisoires comme distribuer des tracts et déployer des banderoles devant des agences de promotion immobilière ou sortir force ikurrina devant les caméras du Tour de France qui feront illusion. Pour ce qui est d’une action politique sérieuse et efficiente, l’encéphalogramme militant est plat et chacun des acteurs passés ou présent, moi y compris, a l’impérieux devoir d’en prendre conscience, de réagir, de se retrousser les manches, pour retrouver les chemins vers un projet abertzale qui aurait quelque chance de rencontrer l’adhésion des femmes et des hommes, à commencer par la jeunesse, de ce pays.
Au delà du diagnostic de situation à établir dans tous les domaines, des réponses urgentes à apporter aux questions les plus cruciales, de la mobilisation à relancer, d’une réorganisation a mettre en route, il faudra en outre s’atteler à la tache de réflexion et d’élaboration d’un projet abertzale de gauche qu’il ne faut avoir aucune peur à appeler « projet de société ». Car c’est dans l’imagination du meilleur des possibles que le mouvement abertzale a su par le passé gagner des consciences, éloigner des dangers, faire vivre les rêves. Il nous faudra de même (re)penser, mettre en forme, défendre et promouvoir la perspective institutionnelle qui seule sera en mesure de nous donner les moyens de vivre et de décider au pays et pour notre pays, sans que cela ne soit évidemment un repliement identitaire à la française, à savoir une autonomie véritable et évolutive par la reconnaissance et l’activation en tant que de besoin du droit à l’autodétermination.
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