L’ AUTONOMIE EN TROMPE-L’OEIL DES «MINORITES ETHNIQUES» EN CHINE

200px-flag_of_the_peoples_republic_of_chinasvgLa répression féroce menée début juillet par les forces de sécurité chinoises dans la province «autonome» du Xinjiang à l’encontre de manifestants Ouïgours a fait se braquer, un court laps de temps, les projecteurs médiatiques sur la tragédie vécue par ce peuple de 8,5 millions d’habitants, parlant une langue apparenté au turc et majoritairement de religion musulmane. Mais l’intérêt des médias s’est vite détourné vers des sujets plus «reposants» et dont l’évocation ne risquait pas de susciter l’ire des dirigeants de Pekin, prompts à rappeler que la Chine est un partenaire économique de tout premier plan pour les pays industrialisés. On n’allait tout de même pas mettre en balance… la balance commerciale et le sort d’un peuple balloté par les remous de l’Histoire et, au final, pris au piège de l’impérialisme chinois !

Cette brêve incursion de la «question Ouïgour» à la Une de l’actualité aura permis de comprendre – tout du moins à ceux qui auront fait cet effort de réflexion… – que le «système d’autonomie régionale des minorités ethniques de la Chine» est purement et simplement une tromperie, un détournement de concept dont les régimes totalitaires se sont fait une spécialité.

Dans le premier texte que nous vous proposons ci-après – repris d’un site internet pro-gouvernement chinois – l’auteur rappelle d’emblée que : «l’autonomie régionale des minorités ethniques est pratiquée sous la direction unifiée de l’Etat». Tout est dit ! Il faut véritablement toute l’hypocrisie réthorique et la mystification intrinsèque des systèmes autocratiques pour prétendre comme conciliables l’autonomie et la «direction unifié de l’Etat» !… Le second texte – emprunté à un site québequois spécialisé dans l’étude de la situation des «minorités linguistiques» de par le monde remet, lui, clairement les pendules à l’heure.

L’imposture des «autonomies régionales ethniques» en Chine devrait avoir valeur de leçons pour nous éviter de prendre des vessies pour des lanternes. Il ne saurait y avoir d’autonomie véritable que dans une architecture institutionnelle fédérale. Or, l’autoproclamée ‘République Une et Indivisible’ est, encore et toujours, à des années-lumières d’une telle configuration. Cela veut dire qu’il faudra en passer par des types d’autonomies non abouties comme ce qui existe aujourd’hui en Polynésie et en Kanaky et peut-être demain dans d’autres territoires dit d’Outre-Mer. La route vers l’autonomie du Pays Basque nord fait figure de longue marche…

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Le système chinois d’autonomie régionale des minorités ethniques ne doit souffrir d’aucune remise en cause

Récemment, le Dalaï-lama a distribué en Inde des «Propositions concernant l’application d’une autonomie véritable par toute la nation tibétaine». Dans ce document, il a réclamé que toutes les régions peuplées de tibétains soient placées sous le système d’autonomie unifié et que le pouvoir d’autonomie ne subisse aucune intervention des autorités centrales chinoises, et a cru que ces réclamations correspondaient à la Constitution chinoise et à la Loi de la République populaire de Chine sur l’autonomie régionale des minorités ethniques. Je crains ne pas être d’accord avec le Dalaï-lama.

Il faut combiner correctement l’unité avec l’autonomie

Le système d’autonomie régionale des minorités ethniques de la Chine n’est pas une imitation de tout autre pays, mais une invention basée sur les réalités de la Chine. A mon avis, ce système présente les caractéristiques suivantes :

L’autonomie régionale des minorités ethniques est pratiquée sous la direction unifiée de l’Etat ; il s’agit de la combinaison organique de l’unité avec l’autonomie. La Loi sur l’autonomie régionale des minorités ethniques stipule que «par autonomie régionale des minorités ethniques, on entend que les régions où vivent en groupes compacts des minorités ethniques appliquent l’autonomie régionale, établissent des organismes d’autonomie et exercent le pouvoir d’autonomie».

L’unité et l’autonomie forment le noyau de l’autonomie régionale des minorités ethniques et traduisent les spécificités et les avantages du système politique chinois. C’est quand on combine les deux organiquement qu’on peut mettre en valeur les points forts de notre système. En demandant de «déterminer la distribution des pouvoirs» avec l’autorité centrale, le Dalaï-lama a opposé complètement la direction unifiée de l’Etat et l’autonomie régionale des minorités ethniques, cela est au fond intolérable par rapport à la Constitution chinoise et aux principes fondamentaux de la Loi sur l’autonomie régionale des minorités ethniques.

L’autonomie régionale des minorités ethniques représente l’unité entre les éléments ethniques et régionaux, entre les éléments politiques et économiques et aussi entre les éléments historiques et actuels. Le fait que des Hans et des minorités ethniques vivent dans une même région administrative est favorable à l’apprentissage mutuel et à leur développement commun. Par exemple, lorsque la région autonome de Mongolie intérieure fut fondée, en 1947, les Mongols représentaient seulement environ 20 % de la population régionale, mais l’autorité centrale leur a quand même attribué le statut de région autonome. Ici, on a tenu compte non seulement de la proportion des populations, mais aussi du statut historique de région administrative de la Mongolie intérieure, des rapports entre les populations et du développement en coopération de la région.

L’expérience montre que le système d’autonomie régionale des minorités ethniques de la Chine est correct et réussi. Ce genre d’état de coexistence harmonieuse de multiples ethnies mérite tout particulièrement d’être prisé. Si, selon les propositions du Dalaï-lama, on divise les régions administratives par ethnie, ne créée-t-on pas volontairement de la discrimination et de la séparation ethnique ?

Le système d’autonomie régionale des minorités ethniques combine étroitement l’autonomie des régions ethniques avec la promotion de la solidarité et du progrès ethniques. Depuis la fondation de la Chine nouvelle, en particulier depuis la mise en application de la réforme et de l’ouverture sur l’extérieur, le Parti communiste chinois et le gouvernement chinois ont élaboré une série de politiques et mesures spéciales en vue d’accélérer le développement des minorités ethniques et des régions où vivent ces peuples.

Cela témoigne pleinement que le système et les politiques d’autonomie régionale des minorités ethniques de la Chine représentent les intérêts fondamentaux de ses peuples de diverses ethnies. Dans ses propositions, le Dalaï-lama parle uniquement des droits des tibétains et se méfie totalement des autres ethnies chinoises, sans mentionner un seul mot sur les progrès obtenus par les peuples de diverses ethnies du Tibet. Parler en l’air d’«autonomie véritable» n’est point bénéfique à la promotion des intérêts fondamentaux des populations de différentes ethnies du Tibet.

Notre position doit rester inébranlable face au système d’autonomie régionale des minorités ethniques

L’autonomie régionale des minorités ethniques est un système politique fondamental selon lequel la Chine résout ses problèmes ethniques. Ce système présente des avantages considérables :

Primo, il est favorable à l’unité de l’Etat et à la garantie du respect des droits des groupes minoritaires à administrer leurs affaires intérieures.

Secundo, il est conforme aux réalités de la Chine et est favorable à la coopération ethnique, au maintien et au développement des rapports ethniques socialistes marqués par l’égalité, la solidarité, l’entraide et l’harmonie. Dans des conditions historiques nouvelles, les facteurs communs des différents groupes ethniques et l’unanimité socialiste augmenteront, ce qui fait qu’un peuple devient de plus en plus dépendant des autres groupes. Le système de traitement des problèmes ethniques doit s’adapter aux réalités du pays. Or, le Dalaï-lama se méprend sur les faits en disant que l’existence d’un grand nombre d’autres peuples au Tibet porte atteinte à l’autonomie du Tibet. Il préconise en réalité l’exclusivité ethnique et prône la fermeture et l’isolement du Tibet avec l’intérieur de la Chine. C’est tout à fait malsain.

Tertio, il est favorable au développement commun des différents groupes ethniques. En effet, ce dernier est la position fondamentale de la Chine, pays socialiste, en matière de politique ethnique.

Depuis la fondation de la Chine nouvelle, en particulier depuis la mise en application de la réforme et de l’ouverture sur l’extérieur, le Parti communiste chinois et le gouvernement chinois ont élaboré une série de politiques et mesures visant à accélérer le développement des groupes minoritaires et des régions peuplées de minorités ethniques. Ces politiques et mesures ont permis à l’économie des localités autonomes de se développer de façon accélérée, ce qui a promu fortement le développement et la prospérité des différents groupes ethniques.

Mao Gongning

Source : http://french.beijingreview.com.cn/ – article publié le 15 / 01 / 2009

Les régions autonomes de Chine

En principe, le statut de région autonome s’applique aux provinces comptant historiquement d’importantes minorités nationales, telles que les Hui (Ningxia), les Mongols (Mongolie intérieure), les Zhuang (Guangxi), les Tibétains (Tibet) et les Ouïgours (Xinjiang ou Ouïgour).

Cette «autonomie» concernant les minorités nationales se manifeste par le «congrès des habitants», une assemblée populaire, et le «gouvernement populaire», le président et le vice-président du comité permanent du Congrès du peuple et le chef du gouvernement d’une région autonome ou d’un district autonome. Les organismes d’administration des régions d’autonomie ethnique exercent les fonctions et pouvoirs des organismes locaux de l’État de même échelon et, en même temps, ils jouissent d’une autonomie en matière administrative. Par exemple, ils peuvent se doter de statuts et de règlements particuliers concernant leurs affaires locales, tout en tenant compte des caractéristiques politiques, économiques et culturelles de l’ethnie en question, de disposer des recettes appartenant aux régions d’autonomie ethnique, de mener de façon indépendante dans leurs régions respectives les activités concernant  l’éducation, les sciences, la culture, la santé publique et le sport, de protéger le patrimoine culturel ethnique, et de développer et faire prospérer la culture ethnique. En principe, la Constitution chinoises prévoit l’organisation d’une milice locale, le développement de la culture locale, la promotion de la langue locale et le contrôle du budget local.

Dans les faits, l’autonomie dont disposent les régions autonomes ne correspond pas à grand-chose. La représentation numérique de toutes les ethnies locales au sein de l’administration régionale rend impossible le contrôle de quoi que ce soit de la part d’une seule ethnie, même dans le cas où elle serait numériquement majoritaire, et les Han veillent à ne jamais être minorisés. Le pouvoir est divisé entre toutes les ethnies d’une région autonome de façon proportionnelle, en n’oubliant jamais l’ethnie Han qui doit être prépondérante. De façon générale, le responsable administratif en titre appartient effectivement à la minorité reconnue (un Tibétain, un Ouïgour, un Hui, un Zhuang ou un Mongol), mais c’est le président du Parti communiste chinois local, toujours un Han, qui demeure le véritable détenteur du pouvoir. Autrement dit, ce n’est pas l’administration régionale qui exerce le pouvoir, mais le Parti communiste chinois (PCC) et l’Armée populaire de libération (APL).

Ne l’oublions pas, la Chine n’est pas une fédération, mais un État unitaire, officiellement un «État multinational unifié» dans lequel la supériorité Han n’est même plus à prouver. La Loi sur l’autonomie des régions ethniques de 1984 n’a jamais été sérieusement mise en oeuvre. Le gouvernement central demeure la seule source du pouvoir communiste, ce qui contredit ainsi le principe de l’autonomie régionale et l’égalité entre les peuples.

Source : http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/asie/chine-map-regions_aut.htm

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