LES VOEUX DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE, BIEN MAL RECUS
Après une période d’agitation sociale ayant réuni des centaines de milliers de futurs retraités (?) et ayant été traité avec le même cynisme que l’adoption de la constitution européenne (échec référendaire, mais adoption par l’assemblée), le Président de la République s’addresse à la nation, et avec la même maestria traite de l’évolution de l’Outremer; ce qui lui vaut des réponses de l’UPLD, du Tävini Huira’atira et du LKP, pas tout à fait convaincus par ses dires.
DISCOURS DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ,Vœux à la France d’Outre-mer Petit-Bourg (Guadeloupe) – Dimanche 9 janvier 2011
Mes chers compatriotes de la France d’Outre-mer,
Je suis particulièrement heureux de revenir sur cette terre de Guadeloupe que je connais bien. Avant toute chose, permettez-moi d’évoquer le drame qui vient d’endeuiller la France. J’ai appris hier, dans l’avion qui m’emmenait de Fort-de-France à Pointe-À-Pitre, l’assassinat de nos deux compatriotes au Niger. C’est la nation toute entière qui s’associe à la douleur des familles et des proches des victimes. C’est la nation toute entière qui condamne cet acte barbare et lâche. Ce crime odieux ne fait que renforcer notre détermination à lutter sans relâche contre le terrorisme.
Je veux également dire aux Guadeloupéens — qui sont venus aujourd’hui si nombreux — ma solidarité avec les familles des cinq victimes des inondations qui ont frappé votre île cette semaine. Je veux leur exprimer ma profonde sympathie en ce moment douloureux.
La dernière fois que je suis venu m’exprimer devant vous, c’était pendant les « états généraux de l’Outre mer », alors que nous étions en train de trouver les moyens de sortir, ensemble, d’une situation de blocage qui paralysait votre territoire. Je sais que vous avez été profondément meurtris par ces événements. La Guadeloupe, pendant ces semaines de tourmente, a eu peur de voir son destin basculer dans une direction que ses habitants ne souhaitaient pas.
La Guadeloupe est un territoire de tumultes, de fierté, de combats. C’est aussi un territoire où l’écrasante majorité de ceux qui y vivent est profondément respectueuse des institutions, attachée à son lien fort avec la République et désireuse de vivre en paix, comme partout ailleurs en France. Pendant toute cette période troublée, j’ai reçu un abondant courrier de Guadeloupe. J’ai été très attentif aux messages que vous m’avez adressés. J’ai compris votre inquiétude et votre souhait que soit restaurée l’autorité de l’État. J’ai entendu votre demande d’un Etat qui vous protège, un Etat qui vous accompagne dans le développement de votre territoire. Désormais, il faut de la stabilité, de l’apaisement en Guadeloupe.
Votre économie, déjà fragile, a subi les effets de la crise internationale. La crise sociale de 2009 a heurté de plein fouet votre territoire, démultipliant les effets négatifs de la crise économique. La société guadeloupéenne cherche à reconstruire ses repères, à retrouver le chemin de la confiance, du progrès, de la réconciliation. Les Guadeloupéens veulent se retrouver et restaurer l’image de la Guadeloupe que certains ont malheureusement abîmée. Je veux vous dire que l’État mettra la même force à trouver avec vous ce chemin, qu’il en met à lutter contre ceux qui souhaitent déstabiliser ce territoire, contester la légitimité de ses institutions démocratiques, et forcer le peuple à choisir un destin qu’il ne veut pas.
Je souhaite le dire avec force aux Guadeloupéens : je ne laisserai personne proposer et décider de votre avenir sans votre consentement. Je n’ai, en la matière, qu’une seule certitude : la Guadeloupe c’est la France, et les Guadeloupéens veulent rester Français. Aussi longtemps que je serai Président de la République, rien ne sera fait qui puisse remettre en cause votre attachement à la République.
C’est d’ailleurs pour que les choses soient claires que j’ai souhaité venir présenter ici, en Guadeloupe, mes vœux à l’ensemble des Français d’Outre-mer.
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Mes chers amis, l’année 2010 n’a pas été facile mais elle a été particulièrement riche pour nos Outre-mer :
accompagnement de la Martinique, de la Guyane et de Mayotte dans la modernisation de leurs institutions ;
engagement de la réforme électorale en Polynésie ;
tenue d’un Comité des signataires de l’Accord de Nouméa historique
renégociation des Accords de Matignon, à La Réunion, pour favoriser les grands projets d’infrastructure ;
mise en œuvre des décisions arrêtées dans le cadre du premier Conseil interministériel de l’Outre-mer de l’histoire ;
sortie des derniers textes d’application de la Loi pour le développement économique des Outre-mer ;
et tant d’autres réformes que je ne peux pas toutes énumérer, comme le lancement de la télévision numérique terrestre (TNT) sur l’ensemble de l’Outre-mer, par exemple.
Peu à peu, et grâce à notre action en commun, le visage de nos territoires est en train de changer. Marie-Luce PENCHARD, Ministre chargée de l’outre-mer, y a beaucoup contribué. Nous sortons progressivement d’une relation avec Paris qui était trop souvent fondée à la fois sur une certaine forme de paternalisme et un sentiment de culpabilité issu d’une histoire, de part et d’autre mal assumée.
Pour ma part, vous le savez, j’ai confiance en la France d’Outre-mer. Je connais les ressources de nos territoires, et les grandes capacités des Ultramarins. C’est pourquoi j’ai souhaité accompagner les Outre-mer dans la compétition mondiale, non pas en vous isolant d’un monde qui, tôt ou tard, aurait fini par vous rattraper, mais au contraire en vous permettant de valoriser vos atouts, de mettre en avant vos forces, d’utiliser tous vos talents. C’est la meilleure façon de vous protéger. La vieille idée d’un État qui pourrait ériger une cloison infranchissable entre les territoires Français d’Outre-mer et le reste du monde est une chimère. C’est une idée dangereuse qui maintient nos territoires dans un lien de dépendance à la métropole et qui, au bout du compte, ne rend service à personne. A force de trop vouloir vous préserver, de trop vous isoler, on avait fini par vous étouffer. J’ai souhaité rompre avec tout cela, même si la facilité aurait été de continuer à vous tenir le discours habituel, celui consistant à dire qu’on aime l’Outre-mer sans pour autant aller au fond des choses…
J’ai voulu créer un lien nouveau entre la métropole et ses Outre-mer, plus fort qu’auparavant parce que désormais fondé sur la confiance réciproque, et les responsabilités partagées. Il nous fallait sortir, je crois, de ce rapport de non-dit. Nous sommes désormais devenus des partenaires responsables, entretenant des relations fondées sur le respect. C’est un bouleversement historique, et c’est une grande fierté pour nous que d’avoir enclenché une telle dynamique.
Bien entendu, ce partenariat nouveau rend nos relations plus exigeantes qu’auparavant, du côté de l’État comme du côté des territoires d’Outre-mer. Vous pouvez compter, vous le savez, sur la solidarité de l’État quand vos territoires sont dans la difficulté. Et quand l’État – comme c’est le cas aujourd’hui – doit faire des efforts pour réduire ses déficits, vous y participez au même titre que n’importe quel autre territoire de la République dans cette période compliquée. Là encore, c’est une question de responsabilité. Il serait beaucoup plus confortable, pour moi, de dire « on ne touche pas à l’Outre-mer, on ne vous demande pas d’efforts ». Certains n’auraient alors pas manqué de stigmatiser l’outre-mer comme un fardeau… Mais faire cela, ce serait considérer que l’Outre-mer est à part dans la République, qu’au fond, il n’est pas tout à fait dans la France… Je ne veux pas de cela.
Il est donc vrai que des efforts vous ont été demandés. Dans la dernière loi de finances, nous avons dû aménager les dispositions relatives à l’énergie photovoltaïque Outre-mer, ou encore limiter l’avantage fiscal sur une partie de la défiscalisation. Je veux rappeler à cet égard que, dans ces deux cas, c’est le plus souvent sur le contribuable métropolitain, en quête d’optimisation fiscale, que va peser la quasi-totalité de l’effort. Dans le même temps, nous avons protégé le financement du logement social, qui est une priorité à mes yeux, et nous avons rendu plus opérationnelle l’aide à la rénovation des chambres d’hôtel.
Pour moi les choses sont claires, la défiscalisation demeure l’outil le plus efficace pour le financement du développement économique outre-mer, en l’état actuel du réseau bancaire. Il faut simplement accepter d’en aménager les paramètres pour nous adapter au nouveau contexte budgétaire de la France. L’essentiel, c’est de trouver les moyens de soutenir vos projets, c’est d’entreprendre afin de créer de la richesse, seule manière de générer de l’emploi durable notamment pour nos jeunes d’outre-mer.
C’est pourquoi, nous avons essayé d’avancer avec pragmatisme : l’Outre-mer doit participer à l’effort national, mais il faut que l’effort soit réparti de manière aussi juste que possible. Sur les dix milliards d’économies qu’il a fallu trouver pour le budget de cette année, nous avons demandé à l’ensemble des Outre-mer un effort spécifique d’environ 300 millions d’euros. C’est un effort qui tient compte du poids démographique des outre-mer dans l’ensemble national. C’est un effort qui ne remet nullement en cause la politique économique de l’État à l’égard des territoires.
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Ce partenariat nouveau trouve, de la même manière, sa traduction en matière institutionnelle.
A Mayotte, les électeurs ont massivement souhaité devenir un département de la République à part entière. Les lois qui l’organisent ont été votées à la fin de l’année dernière et Mayotte sera, officiellement, le 101e département français au mois de mars prochain.
En Martinique et en Guyane, les électeurs m’ont demandé de fusionner le département et la Région en une collectivité unique. C’était il y a un an, presque jour pour jour. Le texte est prêt, nous attendons l’avis du Conseil d’État la semaine prochaine. Le projet de loi sera présenté au dernier Conseil des ministres de ce mois.
En Guadeloupe, vos élus réunis en Congrès le 28 décembre dernier, viennent de demander à l’État des adaptations à la loi portant réforme des collectivités territoriales. Celle-ci, vous le savez, régit désormais le droit commun des collectivités locales pour la France entière. Vos élus souhaitent que soient appliquées en Guadeloupe des règles spécifiques, distinctes de celles du reste de la France. Ils demandent davantage de sièges de conseillers territoriaux et un mode de scrutin qui fasse une large place à la représentation proportionnelle. Les élus guadeloupéens n’ont donc pas fait le même choix que les élus martiniquais et guyanais, qui ont souhaité une collectivité unique, approuvée d’ailleurs par une large majorité d’électeurs. C’est leur droit, j’ai toujours dit qu’en matière institutionnelle les différences d’organisation entre chaque territoire ne me posaient aucun problème. Je note toutefois que c’est bien le passage à la collectivité unique, en Martinique et en Guyane, qui a permis l’adoption de règles particulières. La question posée est donc, en réalité, de savoir jusqu’où l’on peut adapter le droit de la République outre-mer sans passer par l’une des évolutions institutionnelles explicitement prévues par notre Constitution et qui nécessitent toutes le consentement des électeurs. C’est bien sûr une question de droit mais c’est aussi une question de principe. C’est pourquoi je considère qu’il faut analyser toutes les conséquences de cette proposition et ne pas répondre à chaud. J’ai donc proposé à vos élus que nous nous retrouvions à l’Élysée pour évoquer cette question le 14 février prochain.
En Polynésie française
, j’ai décidé d’engager une réforme électorale importante afin de permettre à ce territoire d’être correctement gouverné par ses responsables politiques. Toutes les alliances y ont été essayées sous les yeux de Polynésiens qui regardent, impuissants, le spectacle de leurs dirigeants qui s’entre-déchirent sur fond de crise sérieuse de l’économie. C’était le rôle de l’État que de mettre de l’ordre dans cette situation. Nous l’avons fait, et la Polynésie sera dotée d’un nouveau système électoral avant la fin de cette année.Comprenez-moi là aussi, je souhaite vous donner le maximum de responsabilités, vous accompagner le mieux possible, mais lorsque dans un territoire c’est la pagaille et c’est l’impuissance, alors l’État n’aura aucun complexe à reprendre les choses en main. C’est la contrepartie. Cela ne peut pas être autrement.
Vous le voyez, je ne crois pas en la vision d’un Outre-mer figé et uniforme. Je crois à la souplesse, à l’adaptation des politiques locales aux réalités locales. L’unité de la République ne signifie pas l’uniformité : on peut être égaux sans être semblables. Je crois en la maturité des citoyens d’Outre-mer et de leurs responsables politiques pour définir leur stratégie de développement. Ce que je souhaite, c’est que chaque collectivité d’outre-mer, chaque territoire, trouve sa juste place au sein de notre République.
Pour moi, l’État doit garder et gardera toujours son rôle de contrôle, d’arbitre et de garant de l’unité de notre Nation. Et à ceux qui veulent faire croire que nous organisons le « largage », je veux répondre clairement qu’il n’en sera jamais question tant que je serai Président de la République. C’est un engagement fondamental et personnel que je prends devant vous. Je connais la crainte historique des Ultramarins de voir la métropole s’éloigner d’eux et je voulais donc être très clair sur ce sujet.
A cet égard, certains de nos concitoyens, dans les départements français d’Amérique, ont exprimé leur inquiétude sur la fusion du Département et de la Région, ainsi que sur la modernisation du système des habilitations législatives qui permet à vos collectivités d’intervenir dans le domaine de la loi pour la faire mieux correspondre à vos réalités. Face à la nouvelle collectivité unique, beaucoup souhaitaient que l’État adapte ses capacités d’intervention. C’est pourquoi, comme je l’avais indiqué lors de mon discours à l’aéroport Aimé CESAIRE de Fort-de-France en juin 2008, j’ai tenu à ce que le pouvoir de substitution des Préfets soit renforcé dans les collectivités qui peuvent mettre en œuvre les habilitations législatives.
Cela veut dire, très concrètement, que les Préfets pourront agir à la place des collectivités locales – si celles-ci sont défaillantes – dans un certain nombre de domaines fondamentaux. Cela pourra être le cas, par exemple, de la gestion des déchets ou de la mise en place des transports collectifs si les rivalités politiques continuent de paralyser, sur certains territoires, l’action publique dans des domaines si essentiels pour la vie de nos concitoyens. A plus de responsabilité pour les collectivités locales, doit répondre plus de pouvoir d’intervention de l’État, si ces collectivités locales n’exercent pas leurs compétences.
Ajoutons que, comme je m’y étais engagé, j’ai essayé, cette année, de faire en sorte que l’État sur vos territoires ressemble un peu plus à la diversité des populations dont il a à s’occuper.
C’est ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie, j’ai tenu à nommer auprès du représentant de l’Etat un sous-préfet issu de la communauté kanak. Il m’a aussi semblé souhaitable de désigner des « sous-préfets en charge de la cohésion sociale » qui sont, pour la plupart, des originaires d’Outre-mer. C’est ainsi également que, désormais, chaque nomination de haut niveau Outre-mer se fait avec l’accord écrit de la Ministre de l’Outre-mer. Et l’Administration doit dorénavant faire la démonstration, pour chaque nomination d’importance sur vos territoires, qu’il n’existait pas d’Ultramarin ayant les compétences requises pour assumer le poste. C’est toujours la compétence qui prime, mais à même niveau de compétence, nous donnons la priorité à celui qui est originaire d’Outre-mer. Nous allons maintenir ce système pendant quelque temps, jusqu’à ce que les choses se rééquilibrent significativement.
Écoutez, quand je faisais une réunion en Préfecture il y a encore un an, il était frappant de voir combien les services de l’État étaient, disons pour ne choquer personne, “uniformes”. Les choses sont en train d’évoluer. Tout cela ne se fait pas sans mal, mais enfin nous sommes en train d’y arriver… D’autres actions sont menées, comme la réforme du passage des concours de grandes écoles qui permet une meilleure équité face aux épreuves. Je ne peux pas tout citer mais enfin, progressivement, l’État s’ouvre un peu sur la diversité des profils, et c’est une bonne chose.
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Ce nouveau partenariat entre la métropole et l’Outre-mer, il trouve également tout son sens dans le domaine économique.
Vous le savez, je crois beaucoup aux capacités de développement endogène de vos territoires. Le développement endogène ce n’est pas, comme j’ai pu le lire, ici ou là : « débrouillez-vous tout seul ». Quand on fait de la politique, il faut être responsable et ne pas dire n’importe quoi. Favoriser le développement endogène, c’est simplement réduire la part de produits qui viennent d’Europe ou d’ailleurs pour être consommés sur place, c’est vous donner les moyens de créer des entreprises capables d’alimenter votre territoire et, pourquoi pas, votre environnement régional. C’est, finalement, créer davantage de valeur ajoutée locale. Au fond, le développement endogène c’est aussi un élément d’identité, un élément de fierté pour chacun de nos Outre-mer.
Simplement, si c’était facile, cela aurait déjà été fait depuis longtemps. Ma conviction, c’est qu’on n’a jamais réellement concentré les moyens de l’État et des collectivités locales sur cet objectif. Je présidais hier, en Martinique, une table ronde sur l’avenir du tourisme. Écoutez, c’est fantastique de voir combien, quand tous les acteurs se mettent d’accord, l’État, la Région, le Département et les professionnels, on arrive à faire bouger les choses. Hier, chacun a fait l’effort de dépasser ses blocages historiques pour enfin se dire que, après tout, sur une île de la Caraïbe, on pouvait peut-être envisager de faire du tourisme une priorité. Chacun a reconnu, sans arrière pensées historiques et politiques, que le tourisme doit être un axe fort du développement économique des Antilles, de la baisse du chômage et, au final d’un renforcement de l’identité du territoire.
Ce que nous avons fait hier s’agissant du tourisme, il faut le faire dans tous les secteurs. C’est pourquoi j’ai tenu, conformément aux engagements du Conseil interministériel sur l’outre-mer de novembre 2009, à nommer trois Commissaires au développement endogène : un pour nos deux départements de l’Océan indien, un autre pour la Guyane et enfin un troisième pour les Antilles, Jean-Rémy CAUQUIL. Je l’ai emmené avec moi dans l’avion et il commence à travailler dès aujourd’hui à vos côtés.
Ces Commissaires au développement endogène, ils viennent tous du privé. Ce sont tous des spécialistes du développement économique, reconnus et réputés. Ils sont là à la disposition des acteurs locaux. Rattachés directement à la Ministre de l’Outre-mer – donc à haut niveau dans la hiérarchie de l’État -, ils ont pour mission de fédérer les initiatives, de faire se rencontrer les projets, de mobiliser des financements auxquels nous n’avons pas l’habitude de recourir, d’apporter leur savoir-faire en matière d’ingénierie. Ils vont rencontrer tous les acteurs locaux, qu’il s’agisse de ceux de l’État, des collectivités locales, des corps consulaires, des syndicats patronaux et salariaux, des chefs d’entreprises. Alors on me dit « ça ne marchera pas », ils vont être en concurrence avec les Régions, les Préfets vont leur faire la guerre, les acteurs locaux ne vont pas faire appel à eux… Soit. On peut toujours partir du principe que rien ne marchera jamais. Mais il n’est pas impossible d’imaginer un autre scénario, dans lequel tout le monde essaierait, sur ce sujet du développement économique, de tirer dans le même sens. Moi, je vous mets à disposition un « catalyseur » de vos énergies, un professionnel dont la spécialité est d’entreprendre. A vous de vous saisir de cette opportunité.
Le partenariat en matière économique, c’est aussi ce qui a présidé à la création des Zones franches globales d’activité, qui sont pleinement opérationnelles depuis le milieu de l’année dernière. Cela n’a pas été facile, mais je vous l’avais promis en 2007. Vous avez vous-même choisi les secteurs sur lesquels vous souhaitiez faire porter l’effort de l’État. C’est la première fois que ça se passe ainsi. Avant, c’était l’État qui décidait que dans telle zone on pouvait bénéficier d’allègements fiscaux, à la rue près… Ici, l’État vous a dit : je mets en place les outils, à vous de décider comment et sur quels secteurs vous souhaitez les utiliser. C’est, à son échelle, une petite révolution. Je suis convaincu que ça va marcher et que personne ne reviendra dessus. J’en suis convaincu parce que j’ai profondément confiance en vos propres capacités.
Et je pourrais continuer encore longtemps à illustrer la nouvelle politique que nous menons avec vous, depuis 2007, au service des Outre-mer : partenariat en matière agricole avec des crédits particuliers pour favoriser la diversification des productions, partenariat en matière de relations internationales avec le développement des compétences des collectivités locales d’Outre-mer…
Quand même, quand on regarde nos territoires, comment ne pas y voir des opportunités extraordinaires ? La Guyane et ses 700 kilomètres de frontière avec le géant Brésilien… Nous inaugurerons cette année le pont qui relie, au dessus de l’Oyapoc, nos deux pays ! La Réunion, si dynamique, qui est notre porte d’entrée sur l’Océan indien… La Guadeloupe et la Martinique qui rayonnent sur tout l’Arc caribéen, aux côtés de Saint-Barth et Saint-Martin… La Polynésie, vaste comme l’Europe, avec ses paysages parmi les plus beaux du monde… La Nouvelle-Calédonie et ses fantastiques ressources minières… Mayotte au cœur de la zone stratégique du canal du Mozambique… Saint-Pierre-et-Miquelon qui assure une présence française à quelques kilomètres du Canada… Wallis-et-Futuna qui étend notre influence dans le Pacifique… Et même nos Terres Australes et Antarctiques Françaises avec leur biodiversité unique au monde…
Comment peut-on encore se demander, comme je l’entends encore, ici ou là :”à quoi sert l’Outre-mer” ? Comment ne pas voir la somme des chances à saisir ? Comment ne pas considérer le message universel de la France qui fait qu’il existe quelque chose de commun entre un petit garçon de Rodez et une petite fille de Mamoudzou ?
Cette nouvelle vision pour l’outre-mer, c’est avec vous que nous allons la construire. A partir de vos choix, de vos priorités et de votre environnement régional. En effet, il ne s’agit pas pour moi, pour l’État, de vous imposer un schéma qui ne serait pas le vôtre mais au contraire de mieux vous accompagner dans vos choix de développement.
Mes chers amis, je crois que rarement dans l’histoire de notre République on aura autant fait pour l’Outre-mer. Quand je me suis repenché, pour préparer cette rencontre, sur la somme des choses que nous avons réalisées ensemble, je dois dire que j’ai été particulièrement impressionné par la densité de ce travail et par notre aptitude – collective – au changement. J’ai besoin – nous avons encore besoin – de temps pour aller au bout de cette révolution douce que nous menons depuis un peu plus de trois ans maintenant.
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Mes chers amis, 2011 sera une année toute particulière : ce sera « l’Année des Outre-mer ».
Comme vous le savez, j’ai décidé de consacrer l’année qui vient à la découverte et l’appropriation de l’Outre-mer par l’ensemble des Français. Dans toute la France, on va montrer la diversité des Outre-mer, lutter contre les idées préconçues et mettre en avant la richesse de nos territoires.
Il faut que chaque Français, à la fin de l’année 2011, ait une vision plus réaliste de vos territoires. C’est la tâche qui a été confiée à Daniel MAXIMIN qui a beaucoup travaillé, en lien avec la Ministre de l’Outre-mer et le Ministre de la culture, au programme de cette « Année des Outre-mer ». Ce programme, très riche, vous sera dévoilé dans sa totalité, ce mercredi, lors d’une conférence de presse à Paris, retransmise en direct sur toutes les antennes d’« Outre-mer Première » (ex RFO).
Cette « Année des Outre-mer », je l’ai voulue avant tout populaire. J’ai souhaité qu’elle s’installe dans les écoles, dans les jardins publics, dans les grands festivals, dans les stades, dans les lieux publics. Elle couvrira tous les champs de compétences des Outre-mer, des plus inattendus aux plus classiques.
2011 sera une année de respiration des Outre-mer en France. Il vous appartient d’en faire votre année. Chacun peut organiser un événement dans sa ville, dans son quartier pour mieux faire connaître le département ou la collectivité dont il est originaire ou pour lequel il a une passion.
Je serai, moi-même, présent à plusieurs manifestations de cette « Année ». Je me rendrai notamment, à la fin de l’été, en Nouvelle-Calédonie pour y ouvrir les Jeux du Pacifique, qui reviennent pour la première fois sur ce territoire depuis le drame d’Ouvéa. Quelques mois après la disparition de Jacques LAFLEUR, pour lequel j’ai dit toute l’affection et la grande estime que je lui portais, toutes les communautés défileront ensemble derrière un emblème commun, le double drapeau, prévu lors du dernier Comité des signataires.
Je serai aussi très fier de mettre à l’honneur, lors du prochain défilé du 14 juillet, nos jeunes des Régiments du Service militaire adapté (SMA) – dont nous fêterons le cinquantenaire -, ainsi que toutes nos forces militaires opérant en Outre-mer.
Je veux, enfin, vous confirmer que j’ai reçu, ce vendredi, l’accord formel des descendants d’Aimé CESAIRE pour qu’un hommage national lui soit rendu au Panthéon. Ses cendres resteront bien sûr en Martinique, la terre où il a souhaité reposer. La Nation toute entière honorera la mémoire de l’une des grandes lumières de notre temps, au mois d’avril, dans ce lieu emblématique de notre République. J’ai eu la chance de le rencontrer avant sa disparition. Notre entretien a été très intense et j’en garde un souvenir ému. André BRETON, parlant de CESAIRE, disait de sa parole qu’elle était “belle comme l’oxygène naissant”. Quiconque a parlé avec CESAIRE comprend ce que ces mots peuvent signifier. Nous tâcherons, comme me l’a demandé sa famille et en accord avec la manière de vivre d’Aimé CESAIRE, d’allier, pour cette cérémonie, la sobriété de la forme et la puissance de l’expression. * Mes chers compatriotes de la France d’Outre-mer, il me reste à vous souhaiter une année 2011 aussi heureuse que possible pour chacun d’entre vous. Je forme également le vœu que cette « Année des Outre-mer » soit couronnée de succès et permette à tous les Français de se plonger dans la richesse de nos territoires et de mesurer la chance qui est la nôtre de vous compter dans notre grande Nation. Je veux que le regard de chacun puisse évoluer sur l’Outre-mer.
Pour ma part, je serai très présent à vos côtés, même si la présidence, par la France, du G8 et du G20, m’obligera à avoir un agenda international très dense. En même temps, je souhaite que vous compreniez que, lorsque je me bats pour sauvegarder les intérêts français ou réformer le capitalisme international au G20 ou à Bruxelles, je le fais pour tous les Français, y compris ceux qui résident Outre-mer. Quand j’essaie d’adapter notre pays à la réalité du monde d’aujourd’hui en réformant les retraites ou en lançant le grand chantier de la dépendance pour nos aînés, je le fais aussi pour les Outre-mer. Dire que « l’Outre-mer, c’est la France », c’est aussi cela.
Je vous remercie.
Sarkozy, le visage d’un Etat sans scrupules, communiqué de l’UPLD
Le Président de la République est décidément au sommet de son art démagogue à chaque fois qu’il tente de sortir de son carcan intellectuel hexagonal. Ainsi, il met au futur conditionnel une absence de scrupules qui est pourtant, depuis 200 ans la marque de fabrique de la France en Outre-mer, et plus particulièrement dans notre Pays.
« Aucun scrupule » à annexer ce Pays par la ruse et les armes à feu. « Aucun scrupule » à monter de toutes pièces la condamnation et l’exil de Pouvana’a a O’opa pour laisser le champ libre à l’atome. « Aucun scrupule » à imposer au Peuple Polynésien 30 ans d’essais nucléaires, bouleversant au passage tous ses équilibres économiques, sociaux et culturels. « Aucun scrupule » à mentir à ce Peuple sur la prétendue innocuité de ces mêmes essais nucléaires. « Aucun scrupule » à avoir laissé dériver l’Autonomie, fermant les yeux sur toutes les dérives, jusqu’à ce que le Peuple, de lui-même, le 23 mai 2004 dise « STOP ». « Aucun scrupule » à fermer les robinets, et tracer des lignes rouges devant la liberté d’un Peuple qu’il s’est pourtant engagé devant l’ONU, à accompagner vers son Destin. « Aucun scrupule » à bafouer la quasi unanimité de la représentation locale en imposant la « Loi Estrosi » qui a déjà démontré l’autisme Jacobin de l’Etat. « Aucun scrupule » à jeter les fonctionnaires Polynésiens avec l’eau du bain de l’ITR. « Aucun scrupule » à parler de développement endogène tout en nous imposant progressivement toutes les multinationales de l’Hexagone. Alors, si une presse autrefois moins apeurée a des complexes à parler de scrupules, nous adressons au chef de l’Etat français nos voeux sans complexes ni scrupules pour 2011 : Que l’Etat cesse d’entretenir la pagaille chez nous !
Pour le groupe UPLD, JACQUI DROLLET
Vœux indépendantistes au Président de la République, Communiqué du Tävini Huira’atira
Encore une fois, l’Etat se désengage de ses turpitudes et rend les Polynésiens seuls responsables de l’instabilité politique, source du décrochage économique et social de notre pays. Au risque de nous répéter, il convient de rétablir quelques réalités que l’Etat refuse obstinément de reconnaître, donner notre vision du futur et de nos relations avec la République.
Alors qu’il tire un bilan de résultats électoraux, le président du Tahoeraa met l’accent sur la progression continue du Tavini Huiraatira, pourtant dépourvu des importants moyens du gouvernement. Il interpelle ses responsables et les compare à des crabes en période de mue, lorsque leur carapace devient molle : « paapaa maruhi ». En 1996, après la reprise des essais nucléaires, contrairement à ce qui était pronostiqué suite au désastre de l’aéroport et des incendies en ville, le parti indépendantiste accélère sa progression.
La riposte se prépare avec un nouveau mode de scrutin destiné à bloquer l’opposition souverainiste : c’est la réforme du statut du 27 février 2004. Les petits partis autonomistes seraient éliminés et le Tavini Huiraatira rendu inaudible. Le leader indépendantiste Oscar riposte en appelant au rassemblement de l’opposition autonomiste et indépendantiste au sein de l’Union Pour La Démocratie. A la surprise générale, le 23 mai 2004 l’UPLD défait le Tahoeraa aux Iles Du Vent mais n’obtient pas la majorité. Les 2 leaders de No Oe Te Nunaa et du Fetia Api permettent à l’opposition de gouverner avec une très faible majorité.
A peine 3 jours après la publication des résultats, la ministre de l’outre mer avertit : « les élections ne sont pas terminées » ! Aucun recours en annulation n’avait été déposé. Une semaine plus tard, elle enfonce le clou : « si un indépendantiste devient président, les robinets seront fermés » ! Ce sont les « robinets » du social qui ont été fermés. Soudain, les Polynésiens n’étaient plus des Français à part entière.
Localement, les messages de Paris ont été bien compris et l’ancienne majorité autonomiste, avec l’aide de syndicats, a tout fait pour renverser l’UPLD. Blocages de la ville, blocages de Fare Ute, déviance de certains chefs de services qui refusent de respecter le nouveau gouvernement, déviance du GIP, les dégâts ne font que commencer.
En 2007, un nouveau ministre de l’outre mer, le 4ème depuis 2004, refuse de reconnaître la majorité de 44 élus formée par le Tahoera’a et l’UPLD. Il impose un nouveau mode de scrutin qui ne permet pas d’obtenir de majorité, avec l’assentiment du chouchou-toutou de Paris.
Ajoutons brièvement les dérives autonomistes et les silences de la justice, ou encore les multinationales hexagonales qui vampirisent notre économie au détriment des initiatives locales, voilà les vraies racines de la « vaste comédie » Monsieur le Président de la République et vous en êtes parfaitement informé.
Il faut que cela cesse. Le colonialisme appartient au passé. Son dernier avatar, les essais nucléaires, laisse de profondes inquiétudes sanitaires, environnementales, sociales et économiques. Mais voilà qu’on nous promet de nouvelles expériences électorales. Les Polynésiens refusent de servir encore de cobayes !
Inspirez-vous de ce qui se fait en Nouvelle Calédonie. La guerre civile et raciste a été évitée de justesse. A la place nous voyons un pays nouveau en construction, dans la paix et avec l’aide de la République.
Nous voulons continuer d’avancer dans la paix. L’indépendance ne doit pas naître d’un rejet mais d’un devenir. Les Polynésiens ont tout ce qui justifie leur volonté d’être souverains. Nous sommes un peuple, avec sa langue et sa culture, son territoire et son histoire.
Comme en Kanaky, bâtissons notre avenir ensemble et laissez cette empreinte dans la région Pacifique Monsieur le Président, la seule qui vaille pour la France, celle des Droits de l’Homme.
DECLARATION DU LKP APRES LA VISITE DE NICOLAS SARKOZY EN GUADELOUPE.
Par LKP le mardi 11 janvier 2011, 22:00 – Informations – Lien permanent
« Quand on ment, il n’y a pas de confiance »
Dimanche 9 Janvier, jour de carnaval, Nicolas Sarkozy présente ses vœux aux colonies depuis la Guadeloupe. Le pays est sous haute surveillance militaire, les lieux sont aseptisés ; les invités sont triés sur le volet ; aucune fausse note ne doit venir ternir ce triomphe. Même les drapeaux des « mouvman kiltirèl – mas a po » (associations qui défendent la culture et l’identité guadeloupéennes) sont arrachés par la police. La veille, un salarié vêtu d’un tee-shirt portant le logo de l’UGTG (Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe) a même été refoulé de l’aéroport. Un autre arborant un tee-shirt à l’effigie du Che a connu le même sort pour « port de tee-shirt non républicain » sans doute. Nicolas Sarkozy déclarait lors des vœux aux forces vives qu’il respectait les syndicalistes et leurs convictions. C’est peut être le cas en France mais visiblement pas dans les colonies.
L’association des cuisinières est réquisitionnée, comme à l’accoutumée, pour donner l’illusion d’un accueil populaire.
Tout doit être propre pour masquer la réalité d’une Guadeloupe gangrénée par la misère et le chômage, la corruption, « l’aplaventrisme », la médiocrité et la lâcheté mais cacher surtout la lutte d’un Peuple, jour après jour contre le mépris, le racisme et l’exploitation. Tout va bien Mme la Marquise , mais la réalité est là et bien là.
En décembre 2008, les Travailleurs et le Peuple de Guadeloupe se soulevaient contre l’injustice, le mépris et la misère pour exiger l’instauration de nouveaux rapports sociaux, pour une société plus juste et plus équitable débarrassée de la pwofitasyon.
Devant une salle acquise à sa cause, nourrie par des salves d’applaudissements savamment organisées, il n’aura jamais prononcé de vœux mais un discours de propagande politique. Il réclama même la marseillaise à la fin son intervention. Nous aurons tous compris que la visite de Nicolas Sarkozy en Guadeloupe (accompagné de Jean-françois Copé, patron de l’UMP) visait principalement cinq objectifs :
- Tenter une nouvelle fois d’imposer politiquement Mme Marie Luce Penchard qui a échoué dans toutes ses tentatives électorales ;
- Tenter de réconforter une classe politique locale aux abois, totalement discréditée aux yeux des Guadeloupéens tout en mettant en exergue leur bêtise et leur irresponsabilité dans la gestion quotidienne du pays sous, là encore, des salves d’applaudissement – à ne rien y comprendre.
- Tenter de procurer une nouvelle virginité à la droite guadeloupéenne décimée et espérer un apport de voix pour l’élection présidentielle de 2012 ;
- Réaffirmer que la Guadeloupe est une colonie française et qu’elle le restera tant qu’il sera président et par la même, renforcer la mainmise de l’état colonial sur le Peuple de Guadeloupe y compris les élus ;
- Menacer, une fois de plus, cette « minorité » (100 000 personnes dans les rues) de Travailleurs, le valeureux Peuple de Guadeloupe, toutes celles et tous ceux qui luttent contre la pwofitasyon, qui luttent pour le respect et la dignité jantiman (contrairement à ce qui se passe en France) et allant jusqu’à demander aux Guadeloupéens de réussir enfin à « digérer leur histoire ».
Incapable de régler les problèmes de la France, Nicolas Sarkozy aura vainement tenté de nous faire croire qu’il était là pour nous aider à régler les nôtres ; alors que la politique menée en Guadeloupe par l’état français est la principale source de tous nos maux.
La Guadeloupe demeure donc une colonie de la France, territoire qui lui assure, avec ses autres possessions de par le monde, sa puissance économique, son rayonnement et son autorité vis à vis des autres nations.
Le développement économique institué ici, basé sur l’import/distribution, la défiscalisation, les services, le commerce et l’industrie du plaisir exclut les producteurs réels, entretient le chômage, l’individualisme, les déviances sociales, la magouille, la corruption et garantit aux rentiers économiques et politiques, la pérennité de leur pwofitasyon.
L’illettrisme, l’échec scolaire et le racisme à l’embauche qui tuent notre jeunesse sont inhérents à ce système. Le droit pour tout Guadeloupéen de travailler dans son pays est pourtant un droit inaliénable tout comme le droit pour le Peuple Guadeloupéen de disposer de lui-même.
Les réformes institutionnelles et/ou statutaires décidées par l’Etat français n’ont pas pour objectif d’améliorer le sort des Guadeloupéens, ni de s’opposer à la pwofitasyon mais sont destinées à mettre en conformité l’organisation territoriale de la France avec celle de l’Europe et à préserver l’empire colonial français. La réforme dans les colonies servant alors de « brouillons » afin de préparer sa mise en œuvre en France pour 2014.
Au passage, Nicolas Sarkozy n’aura pas manqué l’occasion de rappeler le respect de la constitution française notamment aux élus qui lui avaient demandé 18 mois pour élaborer un projet qui n’aura jamais vu le jour.
En annonçant l’année 2011, année des outre – mers, nous nous situons bien dans la droite ligne des expositions coloniales et du fameux discours de Dakar. Il s’agit en fait « d’exhiber » la grandeur de l’empire colonial et les bienfaits de la colonisation, véritable viol camouflé en mariage forcé.
L’indigène n’est pas un être conscient ni équilibré et doit donc être éduqué, formaté par la mère patrie pour en faire un homme. C’est le sens même de « la mission civilisatrice de la France » justifiant l’esclavage, la traite négrière, la colonisation, le pillage de l’Afrique, ….
Toutes ces mesures et annonces (états généraux, comité interministériel de l’outre-mer, année des outre-mers, …) ne sont que de la poudre aux yeux pour poursuivre l’aliénation et l’asservissement du Peuple Guadeloupéen ; donc notre disparition pure et simple.
En vérité, l’éducation, la formation, l’insertion, l’emploi, la santé, le développement économique et social, le transport, la gestion de l’eau, l’aménagement du territoire, l’environnement, … ne sont pas la priorité des autorités. Seule compte la disparation du LKP et de toute contestation ; pour une paix sociale artificielle retrouvée.
La mort de cinq personnes durant les dernières pluies est révélatrice de la situation qui prévaut en Guadeloupe. Malgré l’annonce faite par la météo, malgré la montée visible des eaux, aucune mesure spécifique de prévention et d’alerte (fermeture anticipée des écoles, déviation, fermeture de routes, etc…) n’a été mise en œuvre par la préfecture laissant ainsi des milliers de personnes se « débrouiller » elles-mêmes face aux pluies diluviennes ; et en définitive les rendant responsables de leur sort et de leur propre mort (comme l’a affirmé ce mercredi 5 janvier le préfet).
Un tel drame résultant de l’incurie et de la carence des autorités aurait immédiatement entraîné la mise en œuvre d’une commission d’enquête et un rappel à l’ordre voire la révocation du préfet fautif. Mais nous sommes en Guadeloupe et sous les cocotiers … D’ailleurs, un récent rapport a classé la préfecture de Guadeloupe bonne dernière en termes de performance administrative.
Depuis notre fière et large mobilisation de janvier, février mars 2009, nos dizaines d’heures de négociation et de confrontation avec les pwofitan, nous avons définitivement compris qu’il nous était possible de construire un autre pays, une autre société ; qu’il nous était possible de penser à notre développement économique, social et culturel selon nos propres ressources, avec la compétence de nos cadres et le dynamisme de notre jeunesse ; que notre culture constitue un liant fondateur avec lequel l’homme et la femme de Guadeloupe peuvent évoluer sans complexes.
Cette Guadeloupe nouvelle est aujourd’hui en mouvement. Nous n’avons plus peur de l’autre. Travailleurs et Peuple de Guadeloupe savent dorénavant qu’ils peuvent se lever, dénoncer, réclamer et s’opposer kont tout pwofitasyon.
Nous disposons d’une vision plus claire de ce qu’il convient de faire, d’élaborer et de construire pour que nous cessions d’être des colonisés, des assimilés, des domiens, des ultramarins, des rupiens, des ultrapériphériques et ce, même si aujourd’hui encore nous nous interrogeons sur les voies et moyens pour y parvenir.
Aussi, après les deux jours de mobilisation des 14 et 15 décembre et l’allocution de Nicolas Sarkozy :
- Le LKP prend bien acte du refus de l’Etat français de respecter ses engagements relatifs à l’application pleine et entière des Accords du 26 février 2009 (Bino) et du 04 mars 2009.
- En refusant cyniquement tout dialogue, l’Etat français réaffirme ainsi d’une part qu’il ne négocie que dans le cadre du rapport de forces et d’autre part confirme son soutien indéfectible au système de pwofitasyon que ses politiques successives ont engendré.
- Une telle attitude ne peut que nous rappeler qu’un Etat colonial, en l’occurrence l’Etat français, dispose de quatre points d’appui : l’aliénation, la dépendance économique, la soumission de la classe politique locale et la répression des opposants politiques, des avocats, des journalistes et des syndicalistes pour assoir sa domination.
- Le LKP prend surtout acte du renforcement de la détermination des Travailleurs, de leurs organisations et du Peuple de Guadeloupe pour le respect de leurs droits fondamentaux et la poursuite de la lutte.
Par le refus de la discussion, par le mépris constamment affirmé pour les légitimes préoccupations des larges masses, l’Etat colonial ne peut provoquer que colère, révolte et la poursuite de la fière et large mobilisation populaire.
En conséquence, le LKP, les organisations qui la composent, les Travailleurs et le Peuple de Guadeloupe s’organisent et se placent résolument dans la perspective d’un nouveau mouvement, beaucoup plus ample qu’en janvier 2009 et d’une portée décisive, mouvement renforcé par l’expérience acquise de nos deux années de lutte.
IL S’AGIT POUR L’AUTORITE LKP DE CONSTRUIRE, D’ENGAGER ET DE DEVELOPPER “L’OPÉRASYON DÉCHOUKAJ A PWOFITASYON”.
Pour le Collectif LIYANNAJ KONT PWOFITASYON
Elie DOMOTA
Pointe – à – Pitre, le 09 Janvier 2011
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