RÉFÉRENDUM : UN NON CATÉGORIQUE EN GUYANE ET MARTINIQUE

Les électeurs martiniquais et guyanais ont rejeté dimanche à une écrasante majorité le choix d’une autonomie accrue proposé par le gouvernement après les grèves du début de l’année dernière. En Guyane, où la mobilisation s’est révélée moyenne avec 48,16% de votants, les électeurs ont voté « non » à 69,80%. En Martinique, le refus de l’évolution statutaire s’est imposé encore plus largement avec 78,9% des suffrages, et un taux de participation de 55,35%. Les partisans du « non » avaient fait campagne sur le risque d’un abandon par l’Etat de certaines aides publiques. Le référendum avait été décidé à la suite des mouvements sociaux du début de l’année dernière en Outre-mer, menés principalement sur le thème des salaires et des prix, après lesquels le gouvernement avait tenu des « états généraux », critiqués et boycottés par certains syndicats.

En Guyane, tous les représentants de la gauche, les parlementaires et les élus des exécutifs régional et général avaient appelé à voter pour le « oui » et la victoire du « non » semble donc signer le divorce entre peuple et élus, à deux mois des élections régionales. Quatorze maires sur les 34 communes de Martinique, ainsi que les présidents du département et de la région, avaient décidé de mener campagne pour le « oui ». Seules deux communes ont finalement suivi ce mot d’ordre : les Anses d’Arlet et Rivière Pilote, fief du mouvement indépendantiste (MIM).

Dans un communiqué, l’Elysée dit « prendre acte de la réponse négative claire que les électeurs ont apportée à la question ». « Ce choix traduit l’attachement des Guyanais et des Martiniquais à un statut qui soit proche de celui des collectivités de métropole, réaffirmant ainsi le lien étroit qui les unit à la République », ajoute ce texte. Marie-Luce Penchard, secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, a vu dans ce vote un « message très fort » des Antillais. « Ils souhaitent manifester parce qu’à un moment donné, il y a des difficultés, mais ça ne veut pas dire qu’ils souhaitent que le lien avec la métropole soit distendu », a-t-elle dit sur I-télé.

Le parti socialiste a critiqué dans un communiqué les conditions d’organisation de ce référendum, qui ne permettait pas selon lui aux votants de voir de façon claire quelles seraient les conséquences exactes de leur vote. « Le parti socialiste rappelle que le débat statutaire Outre-mer, pour légitime qu’il soit, ne dispense d’aucune façon Nicolas Sarkozy et son gouvernement d’apporter des réponses immédiates à la crise économique et sociale sans précédent que connaissent aujourd’hui tous les départements d’outremer », dit-il dans un communiqué.

Claude Lise, président du conseil général et sénateur, a estimé que le vote dénotait un sentiment clair. « A 80% de ‘non’, c’est un vote de panique », a-t-il dit. Selon lui, la consultation intervenait trop tôt, dans un contexte de crise. Autre partisan du « oui », le député Alfred Marie-Jeanne, président du Mouvement pour l’indépendance de la Martinique (MIM) et de la région, a déploré le climat de la campagne. « La peur a été distillée comme un véritable poison mortifère », a-t-il dit. « Ce soir, il n’y a qu’une seule perdante, c’est la Martinique. Mais la marche vers la responsabilité reste à l’ordre du jour, le combat continue », a-t-il ajouté.

A Fort-de-France, en Martinique, Serge Letchimy, l’héritier politique d’Aimé Césaire et chef du PPM (parti progressiste martiniquais), appelait à voter « non » au texte qu’il jugeait inadapté. Malgré la victoire, il a dit refuser de céder à tout « triomphalisme ». Le maire de Fort-de-France a invité les électeurs à accepter la création d’une assemblée unique, lors de la consultation du 24 janvier.

Dans 15 jours, les Martiniquais et les Guyanais devront retourner dans l’isoloir pour choisir entre le statu quo institutionnel, ou la fusion des conseils général et régional en une collectivité unique.

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