« Une paix sans justice, c’est mettre la charrue avant les bœufs. » et le regard d’un Bouddha …

Dans cet article Allande Socarros, en plus d’une analyse des avancées de la politique locale, pointe les différences de développement entre Pays basque nord et sud. D’une quasi non reconnaissance pour le nord à deux autonomies pour le sud (communauté d’Euskadi et Communauté forale de Navarre). Certains communique sur ce qui serait une compréhension intrinsèque entre pouvoir politique français et milieu abertzale nord, qu’il faudrait viser, en adoptant des pratiques qui auraient été pertinente pour accélérer la fin du conflit .

En pratique, malgré l’instauration d’une grande communauté des communes, au niveau Iparralde (Pays basque nord), l’autonomie ou la préservation d’une entité basque est loin de la coupe aux lèvres, par l’action d’une dilution du fait basque,  par l’apport de nouvelles population, par une spéculation immobilière effrénée, et d’une gentrification accélérée (bien loin de critiquer ces populations). Les nouveaux arrivants, ou même les populations locales non pertinentes (tous ceux qui n’intéressent personnes /cf: la majorité) participant beaucoup plus à une intégration « grand sud », qu’à une intégration basque. L’intégration grand sud étant caractérisée par la nouvelle culture qui transforme toute fête locale (du nord de Bordeaux au sud de la Navarre en « féria »). La féria étant une grande fête commerciale, où alcool et blanc et rouge se rencontrent (très souvent sous forme liquide). Il est possible que la culture grand sud finisse par être la culture du sud de l’Europe festive et apolitique, qui l’emporte sur les autres cultures (basque catalane, béarnaise, gasconne, …) et ce par sa simplification.

Pas de reconnaissance réelle, de pourparlers, de respect historique ou de volonté d’apaisement, juste une énorme « bienveillance », sans but (bien que du côté espagnol, ça ne soit pas encore arrivé). L’attente d’une fin proche, le regard de Bouddha sur la vanité du monde extérieur. Une tasse de thé et des petits gâteaux ne valent reconnaissance, même si ça se passe mieux, pas la peine de s’engueuler si c’est pour arriver au même résultat.

Une paix sans justice, c’est mettre la charrue avant les bœufs.

Allande Socarros, 7 Avril 2018, site web

Un an après la méga-opération de communication-matraquage et de manipulation sans vergogne de l’opinion publique dénommée « désarmement de

ETA », les revoilà qui nous remette ça… Enfin, dans une configuration bien moins théâtrale ou « grand-guignolesque », car, dans les faits, c’est une année bien pauvre en avancées qu’ils ont à présenter à leurs troupes hétéroclites. Pour ce qui est des détenus dans les prisons françaises, trois libérations par ci, cinq rapprochements par là… mais bien évidemment aucune solution globale à la problématique des prisonniers politiques basques et exilés. De fait, Paris aurait bien tort de se gêner dans sa manière de traiter cette question, car les auto-proclamés « Artisans de la paix » et leurs alliés des temps présents, soit l’association ‘Etxerat’ des familles et amis de prisonniers, exilés et déportés politiques basques et EPPK collectif des prisonniers politiques basques, ne réclament pas de résolution de ce type et encore moins – quoiqu’ils en disent – d’amnistie comme mesure incontournable d’une solution politique globale.

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Idéalisation et immobilisme

Dans cet article Allande Socarros, définit le marasme idéologique, qui touche le milieu abertzale (patriotes basques). L’état de motivation peut donner l’impression d’une durée liée à un certain état de confort.

Par sa réflexion, il met en avant, une question ayant valeur de fait de société:

                     « abertzale de gauche, c’est quoi ? »

Comme une dichotomie entre les habitants et ceux qui les représentent, un endormissement donnant l’impression qu’après l’effort est venu le réconfort, et la sieste. Quand on est bien dans ses pantoufles, on veut pas les partager, dans le pire des cas on se met devant la télé, et on zappe de chaine, tant que la prébende tombe.

Bref, un sandwich vaux bien une révolution: on le vit bien, on va pas s’embêter avec les problèmes des autres.

Le seul problème, c’est que les autres, c’est aussi la majorité.

Penser qu’on puisse simplement jalouser ceux qui arrivent à quelque chose par leur combats politique, en s’assimilant à eux, mérite peut être de perdre les piles de la télécommande.

Sinon, après l’endormissement télé (malgré le côté excitant, qui permet d’être un guerrier de l’espace, ou un playboy milliardaire), ça m’empêchera pas les factures et les crampes.

L’étape suivante étant un état d’immobilisme et de durée constante: j’ai nommé le cimetière, mais un cimetière rempli de fleurs, parsemé de quelques temples ou seraient embaumé vivant (et conscient pour l’éternité) les souriantes élites du peuple, c-a-d ceux qui ont compris et qui, perpétuent la tradition.

Image élyséenne, couramment traduites par d’autres, comme terrain à lotir, à débarrasser de quelques jardiniers et tas de cailloux inesthétiques.

De fait, la solution est peut être simplement, la reconstruction d’une éthique, avant celle d’une idéologie… et qu’il n’existe pas de prêtres de l’abertzalisme (faites ce que je dis…respectez moi pour la parole que je porte, et le reste ça m’appartient), sinon une volonté populaire ou non.

Idéalisation et immobilisme

Allande Socarros, 3 Mars 2018, site web

Le référendum portant sur la création d’une république indépendante en Catalogne péninsulaire – et non pas « sur l’autodétermination », comme on l’a trop souvent dit, écrit et entendu…- et tous ses prolongements, les victoires remportées par les autonomistes/indépendantistes corses, d’abord au scrutin législatif du mois de juin 2017 – 3 députés sur 4 dans leur escarcelle !-, puis aux élections territoriales de décembre 2017 – 56,46% des suffrages exprimés et 41 conseillers territoriaux sur un total de 63 – n’ont pas laissé insensible le mouvement abertzale, aussi bien au nord qu’au sud. Cela ne s’est toutefois pas traduit par une prise de conscience de tout le chemin à parcourir, en terme de travail politique de réflexion, de maturation et d’organisation, pour marcher sur les traces des indépendantistes catalans du sud et de leurs homologues corses… mais par la seule attitude dont semble être capable le mouvement abertzale depuis fort longtemps : l’idéalisation envieuse. Cette posture n’est en effet pas nouvelle car elle s’est manifesté à chaque fois que l’actualité a mis sur le devant de la scène les avancées vers les aspirations de souveraineté dans quelques pays soumis à la tutelle d’un État-nation. Citons l’Irlande-du-nord, l’Écosse, voire même le cas un peu particulier du Kosovo qui a déclaré son indépendance, il y a tout juste 10 ans, en février 2008. Dans le droit fil de ce comportement, nul doute que les abertzale du nord comme du sud – pour le coup de gauche comme du centre – auront aussi les yeux de Chimène pour les Kanaks, lors du référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie en novembre prochain.

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Pour une autonomie réelle dans un fédéralisme abouti

Voici la seconde partie des réflexions d’Allande Socarros, au sujet des événements de Catalogne. Il y aborde des distinguos subtils, qui pourraient être définis en  des termes aussi inhabituels dans l’esprit des gens, telle « la pleine autonomie » ou « l’indépendance ». « L’indépendance » non assujettie à une « pleine autonomie », pouvant ressembler à une véritable sujétion, surtout à une époque où les entités étatique sont soumis à des alliances militaires ou économiques, dans lesquelles une notion de supra nationalité peut l’emporter au niveau des décisions économiques, donc sociales ou militaires. Cette supra nationalité étant bien souvent une soumission aux intérêts d’un État prépondérant (les États Nations luttant conte l’émergence de nouvelles entités, bien souvent antérieures à leur existence, et ne disposant plus de leur « pleine autonomie »).

 

  Pour une autonomie réelle dans un fédéralisme aboutiLe bras de fer engagé entre le pouvoir autonome catalan dirigé par une majorité pro-indépendance et le gouvernement espagnol aux mains du Partido Popular de Mariano Rajoy n’a pas vraiment mis l’accent – du moins dans les milieux médiatiques et celui des commentateurs politiques – sur la question du droit à l’autodétermination. Cela montre combien la réflexion sur ce sujet de fond est escamoté par le déferlement sur la place publique des termes comme « autonomie » ou « indépendance », plus rarement « souveraineté », qui sont de surcroît allègrement pris pour synonymes et « vendus » tels que à une opinion publique peu au fait des ces choses là… Or, il y a évidemment bien des différences entre ces concepts, tout au moins si on les étudie d’un point de vue juridico-institutionnel.

Par ailleurs, l’écho médiatique suscité par le succès électoral des forces du mouvement national corse n’a pas non plus contribué à clarifier le tableau… surtout si on se réfère seulement à la grille de lecture des médias français. La quasi-totalité de ces organes de presse baigne dans le « roman national » de la « France une et indivisible », du « pays des lumières », quand ce n’est pas dans la fadaise de « la Patrie des droits de l’homme » et, par conséquent, leur champ d’analyse ne conçoit absolument pas que les réalités puissent être autres. Concernant la Corse, il faut toutefois dire, à la décharge des médias français en cause, que l’union électorale victorieuse de ‘Pe a Corsica’ (Pour la Corse) ne leur a pas facilité la compréhension, puisque cette alliance regroupait des « autonomistes » et des « indépendantistes ». Moi-même, j’avoue que j’ai du mal à comprendre comment des autonomistes corses ne seraient pas ipso facto des partisans de l’indépendance et comment les indépendantistes pourraient imaginer atteindre une pleine souveraineté sans passer par l’étape de l’autonomie.

Quoi qu’il en soit, la France des journalistes et commentateurs politiques, des spécialistes auto-proclamé des « nationalismes » – parmi lesquels il n’incluent pas, bien entendu, le nationalisme français jacobin -, des patriotes franchouillards de clavier qui sévissent sur les réseaux sociaux a agité le spectre du « séparatisme » corse parvenu aux rênes du pouvoir sur sa terre d’élection… Et de se répandre en les habituelles formules caricaturales, telles que « repli sur soi » ou encore « risque de balkanisation de l’Europe ». Des exégètes qui jamais au grand jamais ne remettront en question le pourquoi de la souveraineté dont bénéficient des micro-États membres de l’Union européenne, comme le Luxembourg ou Malte ou de pays à population réduite comme les Pays Baltes. Dans leur esprit, c’est un état de fait établi, qui n’a cependant pas vocation à se reproduire, tout au moins dans l’espace communautaire européen. On en revient à ce grand classique de la mauvaise foi des dirigeants, du personnel politique, de la coterie médiatique, de la camarilla des « experts », et de la masse ignorante de la population des États-nations : le raisonnement à géométrie variable dont l’axiome majeur est « ce qui peut être vrai là-bas ne l’est pas ici »… L’histoire souvent leur a donné tort, mais ils s’enferrent dans leur déni… en disciples d’un nationalisme français fondé sur la mise sous tutelle de pays et de populations, sur l’expansionnisme territorial par agression guerrière, ruse ou forfaiture, sur la colonisation d’hier et le néo-colonialisme d’aujourd’hui, sur une prétention à l’universalisme… (suite…)