UN AVENIR A CONSTRUIRE ENSEMBLE

Jean-Jacques Lasserre, Président du Conseil général des Pyrénées- Atlantiques a annoncé qu’il soumettrait aux présidents de groupes du Conseil général la question de la suite à donner à la demande de référendum pour la création d’un département Pays Basque.

Assistons-nous à une énième manoeuvre d’élus qui, voyant poindre dans leur calendrier électoral les prochaines cantonales, tentent de se mettre en phase avec une demande récurrente d’une partie de leur électorat ? Cette annonce ne peut manquer de nous laisser perplexe.

En effet, comment ne pas être troublé par ces gesticulations lorsqu’on voit à quel degré la majeure partie des élus sont soumis à des logiques partidistes, logiques parisiennes. Mais également soumis à la volonté desdits « grands élus » avec Michèle Alliot-Marie à leur tête, (ré)élue députée de la 6ème circonscription qui a été confirmée dans le gouvernement Fillon II au poste de ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des Collectivités territoriales. Michèle Alliot-Marie qui est si réfractaire à toute idée de référendum, ainsi qu’à toute démarche allant dans le sens de notre émancipation.

En attendant, les signes d’un mécontentement grandissant se font entendre. Une agence immobilière d’Hiriburu, a été la cible d’un attentat à l’explosif dans la nuit de samedi à dimanche qui a causé des dégâts matériels. Le 16 juin, c’est un engin incendiaire artisanal qui avait été déposé devant une agence immobilière d’Hazparne. Le 31 mai, un engin explosif dont le système de mise à feu n’avait pas fonctionné avait été découvert devant une autre agence immobilière, à Urruña, une ville où une résidence secondaire avait subi des dégâts matériels le 7 mai. Le 18 avril dernier, d’autres attentats à l’explosif se produisaient à Donibane-Lohizune et à Ziburu qui visaient des cibles immobilières. Les murs de nos villes et villages sont recouverts d’écrits hostiles aux promoteurs. Hostiles à ceux qui voient en Iparralde une zone de profit rapide et maximum. C’est un fait, nous ne sommes plus propriétaires de nos biens immobiliers et fonciers, notre terre nous échappe. Pire, nous n’avons même plus les moyens d’en être les locataires par le jeu infâme de la spéculation.

Ces réalités, aussi insupportables soient-elles, n’appellent de notre part qu’une seule attitude : non pas la résignation et le fatalisme, mais bien la mobilisation et la recherche permanente de nouveaux outils au service de la défense de nos intérêts politiques et sociaux. C’est sans nul doute dans cet esprit que s’est récemment constituée AUTONOMIA ERAIKI, structure militante composée de femmes et d’hommes, de tous âges et de toutes conditions, dont le but est d’imaginer, de promouvoir et de concourir à la mise en place d’un statut d’autonomie en Iparralde.

L’objectif est clair : se doter des moyens institutionnels permettant de garantir une vie digne pour toutes celles et tous ceux qui ont décidé de vivre et de travailler en Euskal Herri.

EKAITZA

CHANGEMENT ET CONTINUITE

éditorial d’Ekaitza n° 1079

29f0b2941dba4762605f780e2003add1L’interview accordée à Berria (du 26 mai) par la ministre de l’Intérieur, Mme Michèle Alliot-Marie, n’est pas de nature à nous surprendre, c’est le moins que l’on puisse dire. La nouvelle locataire de la place Beauveau nous a resservi toute la gamme des déclarations d’intention que l’on nous ressasse depuis des années, voire des décen- nies. A la hussarde. Comme on déclame des véri- tés premières. Quand on lui parle de département basque, elle ne voit là qu’un risque pour l’unité nationale. Quand on lui parle de processus de paix, elle vous répond collaboration poli- cière anti-terroriste. Et de rajouter l’éternel refrain négationniste du « c’est l’affaire de l’Etat espagnol, pas la notre !« . Et puis, c’est l’inévitable discours de menace à l’égard de ceux qui résistent en s’attaquant aux symboles des diverses formes d’exploitation et d’oppression que nous subissons, Basques d’Iparralde (les 3 pro- vinces basques en territoire français). Un seul credo pour MAM : enquêtes – arrestations – condamnations. « Et je veux qu’ils soient durement condamnés !  » clame-t-elle. Que faudra t’il pour que les gens de cette engeance, les tenants du pouvoir, optent pour une attitude qui ne s’inscrive pas éternellement dans la négation des réalités, l’arrogance dans les rapports avec le peuple, et la soif de domination à tout crin ? Les femmes et les hommes de bonne vo- lonté de notre pays, les édificateurs de structures sociales contri- buant au mieux être, au mieux vivre ensemble, les artisans de Paix, ne doivent pas se laisser déborder par l’impression désastreuse que peuvent procurer des déclarations du type de celle faite par MAM. Les ministres passent, le peuple basque, lui, reste ! Et il restera sur cette terre tant que nous serons portés par un idéal de justice et que nous saurons, au quotidien, chacun à son niveau, être les acteurs déterminés du changement.

EKAITZA