VINGT ANS APRES, Prise de parole de Gabi Mouesca
Prise de parole de Gabi Mouesca
Voilà vingt ans jour pour jour que Maddi , notre soeur de lutte, dis- paraissait tragiquement.
Nous sommes ici pour lui rendre hommage, pour rappeler que l’histoire récente de notre pays a été marquée à plusieurs reprises du sceau de la tragédie.
Nous sommes aussi réunis pour affirmer haut et fort que Maddi, mais également Txomin, Ramuntxo, Didier, Ttittof, Popo, sont encore et toujours présents dans notre esprit comme des exemples d’une jeunesse assoiffée de Justice et de Paix.
Depuis ces années de plomb, les années 80, années de douleur et de souffrance pour un beaucoup d’entre nous, le combat s’est poursuivi.
Des luttes sectorielles ont permis des avancées. Des engagements militants de divers types ont permis de repousser la tragique destinée à laquelle Iparralde était vouée.
Mais nous n’en sommes pas pour autant sauvés. Iparralde reste encore et toujours dans une situation où les éléments constitutifs de son identité propre sont en grand péril.
Comme il y a quelques décennies, les raisons de la légitime colère sont toujours là…
C’est pourquoi nous appelons toutes celles et ceux qui considèrent que la situation que vie le pays basque nord est inacceptable, à s’engager. A s’engager suivant ses moyens, ses capacités, mais avec détermination.
Ceci, pour ne pas que quelqu’uns, à l’image de Maddi, aient à tout donner.
HOMMAGE A MADDI HEGUY
Il y a 20 ans, jour pour jour, quasiment, en Pays basque, la nuit la plus courte de l’année fut aussi certainement parmi les plus tra- giques de l’histoire de ce peuple, mon peuple qui s’acharne à vouloir vivre. A vouloir vivre et aimer. Marie-France Héguy est morte cette nuit-là. Cette nuit où, pour une fois, la lumière aurait dû l’emporter, Maddi .cette jeune femme de 26 ans dont il faudra bien un jour inscrire au panthéon de notre mémoire collective l’exemplarité du destin, j’aurais tant voulu savoir témoigner, raconter son histoire si belle et si courte. Pour en faire un poème éternel, une ode à la lutte pour la dignité…
Vingt ans après, tout reste à écrire, ou quasiment…
Il y a 19 ans, à la Une d’Ekaitza, ce même premier jour de l’été, un plébéien que j’ai aujourd’hui toutes les peines du monde à recon- naître, publiait une élégie militante en forme d’hommage. Reprendre ici ce texte qui, je l’espère, n’a pas vieilli, décuple aujourd’hui mon émotion…
Uda-k hazia altxatzen
(l’été lève la semence)
C’est le premier jour de l’été. Tous les ans reviendra cette belle sai- son. Depuis la nuit des temps, depuis qu’un soleil s’est levé pour que les femmes et les hommes de cette terre vivent debout, depuis un toujours renaissant, une flamme d’espoir brûle dans nos cœurs.
En prison, c’était ton leitmotiv : Gora Bihotzak ! (Vive les Coeurs !) Ainsi, chaque fois tu signais tes lettres. Aujourd’hui, tu ne nous écris plus. Et pourtant cela fait maintenant une année que ta paraphe souligne nos actes. La haine, c’était ton ennemie. Et pourtant, jamais nous ne pardonnerons à ceux qui t’ont fait mourir.
Ta vie, ton engagement militant, nos luttes et tes câlins parfois… tout ça fleurait l’amour, l’amitié et ces choses qui embaument là où il nous faut aussi souffrir. Loin du charisme, souffle ce vent que la dialectique militante, empruntée à la poésie, intitulé «liberté».
Des mots pour réciter notre souvenir voilà ce que tu ne veux pas. Notre lutte, ce combat pour la vie, tu le conjuguais au présent… Nous continuerons.
Maddi, excuse-nous car de toi nous voudrions faire tout un symbole. Un message pour les générations futures, un creuset.
Tu n’es pas la première à avoir donné ta vie pour une Euskadi libre… et malheureusement pas la dernière. Le sang qui coule dans nos veines versera encore. La conscience du sacrifice obligé nous impose, à ton instar, de vivre intensément.
C’est le premier jour de l’été et il fait beau sur notre pays. Juste une toute petite brise suffit à réveiller notre somnolence. Un sifflement à nos oreilles. L’air d’une chanson qui te célèbre, Maddi, et crie en milliers de voix cet espoir démesuré, cette utopie d’une belle saison pour les Basques.
Gora Euskadi Askatuta !
(Vive le Pays basque Libre !)
Ci-dessous une petite vidéo glanée sur le site des archives internet de l’INA où l’on peut voir les quelques très rares images de Maddi Héguy à l’occasion de son procès à Bayonne.
CINQ RAISONS POUR VOTER
aux élections législatives du 17 juin
dans la IVe circonscription des PA
En rejoignant aux législatives la coalition EH Bai, les candidats de Batasuna ne se sont pas comptés, mais ils ont franchi un grand pas. Ils sont devenus acteurs, au même titre que Eusko Alkartasuna et Abertzaleen Batasuna. Ils ont contribué à l’élargissement du vote abertzale (patriote basque) avec les autres composantes de la gau- che abertzale. Et ce résultat est important ne serait-ce que symbo- liquement, parce qu’une fois encore, le vote abertzale progresse, et je dirais même accélère sa progression. C’est un message fort adressé à tous les observateurs, commentateurs de la vie politique, mais aussi à tous les partis politiques nationalistes (quand je parle de nationalistes, j’entends les partis jacobins et centralisateurs français). Ce n’est pas parce que l’alternance s’opère entre eux, qu’ils doivent négliger que leur vote s’effrite peu à peu et que le vote abertzale se consolide à son rythme.
Ce que la gauche abertzale a construit méthodiquement, élections après élections ces 21 dernières années… n’a pu se produire que parce que la gauche française, agrippée à sa vision étatiste et cen- traliste, s’obstine à présenter des candidats frontalement opposés aux aspirations des habitants de ce pays, notamment sur le plan institutionnel et de la reconnaissance de l’identité basque. (suite…)