LES ACTIVITES D’AUTONOMIA ERAIKI

Le jeudi 19 juin à Iruna (Nafar- roa), dans le local de l’associa- tion Zaldiko Maldiko et le mer- credi 25 juin, au gaztetxe de Sara (Lapurdi), des membres d’Autonomia Eraiki (AE) sont allés rendre compte des diver- ses actions menées par la délé- gation citoyenne d’Iparralde à l’ONU fin avril dernier. Des ren- contres qui ont permis égale- ment aux militants d’Autono- mia Eraiki de présenter leurs objectifs à court et moyen terme. sarako gaztetxea.jpgLe vendredi 20, toujours à Sare, un membre d’AE -en compagnie d’un militant de Batasuna- a pré- senté l’autonomie comme pre- mier objectif institutionnel. Dans les semaines à venir, des mili- tant(e)s d’Autonomia Eraiki  à nouveau prendront la parole lors de diverses rencontres en ipar et hego alde, mais également aux Journées de Corte (Corse),  au Festival de film Résistances, qui se tient à Foix, du 4 au 11 juillet, ainsi qu’à un congrès à Ponte di Legno (Italie) dont le thème est le multiculturalisme. Nous vous rendrons compte de ces rencontres.

SOCIALISER L’AUTONOMIE

Après l’innovante initiative d’Autonomia Erai- ki d’aller porter la revendication autonomique au sein d’une instance de l’ONU en charge des droits des peuples autochtones, voici Batasu- na qui se lance dans une campagne de grande ampleur. Objectif affiché, distribuer dans tous les foyers d’Iparralde une plaquette donnant l’information sur ce qu’est l’autonomie et ex- pliquer le pourquoi du combat pour son obten- tion.

L’actualité est bien là. Tout comme l’avenir. Dans ce combat pour l’obtention des outils de notre autogestion. Un combat mené au nom de la permanente et infaillible volonté des Basques d’être debout sur leur terre. On ne peut que saluer la volonté des uns et des autres de travailler à l’information du plus grand nombre. Car, bien évidemment, il ne s’agit pas d’imposer une quelconque doctrine ou une quelconque vision de l’avenir aux citoyen(ne)s d’Iparralde. Convaincre pour vaincre doit être notre postulat. Notre objectif institutionnel est celui de la raison, mais aussi celui de l’indispensable idéal qui habite chaque abertzale (patriote basque). Car, soyons clairs, si l’autonomie est un modèle institutionnel qui fait la preuve de son efficacité, il est aussi pour nous, abertzale, un outil qui nous permettra de retrouver les moyens de notre liberté et de notre dignité.

Ces efforts de socialisation de la revendication autonomique, efforts de longue haleine, se font et se feront alors que le pouvoir réel est, en Iparralde, aux mains d’individus sans scrupule qui bradent notre pays. L’élection de la présidence du Conseil des élus du Pays basque en est la dernière illustration. Ces gens-là gagnent du temps en nous le faisant perdre…

D.MITTERRAND AUTONOMISTE

«Oui, je suis Bourguignonne… et j’irais même jusqu’à revendiquer l’autonomie de ma terre familiale dans l’Europe des peuples dont nous avons rêvé pendant la Résistance.»

Oui, oui , c’est bien ce que vous pourrez lire p.13 du dernier livre de… Danielle Mitterrand. C’est donc avec grande curiosité et surtout après ces premières lignes très aguicheuses, que je me suis lancée dans la lecture de ce petit pavé (certes écrit gros) de 500 pages.

La lecture est aisée, le style est dynamique et on se plonge assez facilement dans les récits de son enfance et de ses origines : «je sors d’un nid de socialistes bien rouges du côté de ma grand-mère paternelle. De la même terre que les ceps de vigne de mes ancêtres, je revendique l’exception culturelle» (p.21). (suite…)

AUTONOMIARI BURUZ

Je me permets de vous écrire pour apporter ma petite contribution à la réflexion sur l’idée d’auto- nomie. Sans être spécialement légitime pour par- ler de l’autonomie pour le Pays basque nord, n’y habitant pas, il me semble que cette idée fait son chemin bien au-delà des revendications nationales. Ça n’est pas qu’un hasard sémantique si ce mot peut être formulé autant par les indépen- dantistes polynésiens que par les autonomes berlinois ou encore les zapatistes. Des démarches qui peuvent sembler bien loin les unes des autres… Pas si sûr. Se retrouve dans ces différents combats la même envie de penser, de s’organiser de produire et créer indé- pendamment de tout pouvoir central. Beaucoup semblent voir l’au- tonomie comme un premier pas à franchir avant l’indépendance. Bon. Le symbole et la reconnaissance de l’indépendance sont importants, mais la réalité quotidienne de l’organisation sociale l’est tout autant. L’indépendance est une revendication, elle est un cadre, tout comme l’autonomie peut n’être qu’un cadre légal. Mais elle peut être plus que cela, être une pratique, qui n’attend pas le feu vert de qui que ce soit pour se concrétiser. Elle donne les champs de compétence que la volonté décide, volonté individuelle ou collective. Il ne s’agit pas de dire qu’il n’y a rien à revendiquer et que tout est à faire par nous-mêmes, il s’agit de dire que l’un n’empêche pas l’autre (de toutes façons, l’autonomie peut aussi s’inscrire dans le cadre d’un État indépendant). On a reproché aux zapatistes de ne pas s’inscrire dans une lutte pour l’indépendance de la nation indienne. Il n’empêche qu’ils s’autodéterminent au quo- tidien, sur des points aussi divers que la répartition de la terre, les rapports de domination en interne, le conflit de voisinage comme le conflit en Irak ou encore les relations avec les autres peuples du monde. Cette pratique quotidienne-là, beaucoup à travers le monde s’y attèlent, à de multiples échelles. C’est déjà une réalité. Beau- coup de gens au Pays basque, que cela soit formulé ou non, sont sur cette voie. Amplifions, creusons, multiplions ces démarches. Ne nous faisons pas d’illusions, jusqu’à un certain point seulement nous le pourrons, ensuite nous tomberons sur des murs.

Matias Ospital – Occitania