Invité à participer au premier forum pour l’Autonomie au Pays basque du nord, le Tavini Huiraatira y a dépêché son chargé des relations internationales pour l’Europe, M. Thierry Pousset pour (…) faire progresser le débat sur l’autonomie «territoriale». Il sera rejoint par Keitapu Maamaatuaiahutapu qui, après ses missions à Paris en tant que minis- tre de la Mer, prendra son week-end pour y participer.
Extrait de son interview sur Tavini Huiraatira :
Qui a organisé ce forum et qui y sera ?
L’organisateur du forum est un mouvement qui se nomme Eraiki Autonomia. C’est un mouvement basque qui prône l’autonomie pour arriver à l’indépendance. C’est un mouvement différent de Batasu- na. Ils ont invité la plus part des partis indépendantistes et autonomistes des pays sans état sous tutelle française dont le Tavini. Mais ils ont aussi invité d’autres mouvements politiques issus de pays européens tel que l’Ecosse, la Sardaigne…
Le forum se déroulera sur deux jours : le vendredi 26 octobre au soir et le samedi 27.
Pour quelles raisons sommes-nous en quelque sorte les invités vedettes ?
D’une part, c’est peut dû au fait que le Tavini et l’UPLD sont au pouvoir actuellement. C’est lui qui dirige le pays. D’autre part c’est également dû à la notoriété internationale de notre Président M. Oscar, Manutahi TEMARU.
Il a beaucoup de sympathie et d’estime venant de cette région du monde sans compter les pays du pacifique.
En Europe, sa notoriété se fait connaître de plus en plus.
Quel sera ton message ?
Le message est simple : nous avons vécu l’autonomie depuis des dizaines d’années donc nous sommes à même de décrire et expliquer ce que cela nous a réellement apporté.
N’est-il pas paradoxal que ce soit des indépendantistes qui aillent parler d’autonomie ?
Il faut savoir que les autonomistes qui vont nous écouter là-bas, sont avant tout des indépendantistes. A mon avis ! Je pense que les autonomistes, comme on l’entend ici, ont erroné la vraie définition de l’Autonomie. Ce n’est que chez nous que l’Autonomie ne veut pas vraiment dire l’Autonomie.
Mais s’ils ne nous avaient pas invité, ils auraient invité les autres « autonomistes ». A preuve du contraire ce sont eux qui sont venus vers nous. Apparemment, peut-être que ce ne sont pas de vrais autonomistes ceux qui se font appeler autonomistes.
Disons qu’ils ne veulent pas bouger. Ils sont bien dans leur fauteuil, un peu comme les oies et les canards. Ils attendent que le foie soit bien gras et on bouge plus.
Alors que ceux que je vais rencontrer au Pays basque nord et à Bayonne, veulent réellement faire quelque chose pour leur pays et ils ont la même vision que nous. C’est avant tout leur population qui compte et non l’intérêt ou les poches de certains.
Tu es le représentant Tavini Huiraatira pour ses relations au niveau européen. Quel est ton rôle ?
J’ai mis le doigt dans l’engrenage et je pense être le chargé de mission dans ce secteur. Il vrai que j’ai vécu plus de quinze ans en France. Je connais pas mal de gens dans l’Hexagone. En fait, je suis chargé grosso modo des relations avec les nations sans état sous tutelle française.
Cela fait deux ans maintenant que je côtoie pas mal de mouve- ments, et je pense qu’au futur congrès du Tavini Huiraatira nos amis se feront un plaisir de venir physiquement rencontrer tous ces jeunes Tavini et nos leaders pour parler de l’indépendance avec leur spécificité, leur caractère et avec leur « passion ». Il faut connaître d’autres mouvements pour vraiment bien apprécier et aller dans le bon sens pour ne pas faire d’erreurs. La plus part sont des mouvements politiques qui ont roulé leur boss depuis plus de cinquante ans maintenant. Je parle du Pays basque et d’autres pays. Ils se battent pour leur liberté. Ce n’est pas à nous de les juger, mais disons que c’est très intéressant et enrichissant de savoir comment ils mènent leurs revendications à leur niveau et surtout comment ils sont organisés et structurés.
Un jour, ils auront l’occasion de le raconter à ma place et là j’aurai accompli ma mission.
Tu pars seul ?
Mon ami Keitapu me rejoindra car auparavant nous l’avions déjà fait ensemble.
[entretien avec TTotte Etxebeste publié sur le JPB]
Ce soir démarre le premier forum sur l’autonomie organisé par la plateforme Autonomia Eraiki. Le but de cette démarche est de montrer que le cadre d’une autonomie est le mieux adapté aux besoins économiques sociaux et culturels du Pays Basque. Ce soir et demain, grand nombre d’élus en provenance des territoires jouissant d’institutions autonomes vont témoigner de leurs expériences. (suite…)
Combien sommes-nous à déplorer la faiblesse de nos moyens face aux défis à relever, face à l’immensité du combat à mener ?
Combien sommes-nous à voir le temps passer avec une touche d’amertume, constatant que nos efforts semblent ne pas payer, que l’adversaire – sous ses multiples visages – ne donne pas l’impres- sion de reculer, de faiblir ?
Combien sommes-nous … oui, combien sommes nous ?
Mais nos engagements ne sont pas vains et ne seront jamais vains. Si rien ni personne ne remplaceront nos propres efforts, notre pro- pre investissement, il n’en demeure pas moins que nous avons tout à gagner à entendre, à rencontrer, à échanger avec celles et ceux qui dans d’autres contrées ont eu le bonheur de voir leur combat couronné de succès ou de voir des avancées significatives dans le difficile chemin de la reconquête des droits nationaux. C’est ce à quoi Autonomia Eraiki nous invite cette fin de semaine en organi- sant le 1er Forum pour l’autonomie. Un Forum qui nous permettra de rencontrer des femmes et des hommes, militant(e)s, qui témoi- gneront des luttes menées par leur peuple pour parvenir à arracher une reconnaissance institutionnelle.
Il nous faudra être nombreux à ce Forum pour saluer le combat des uns et s’enrichir des témoignages et enseignements des autres. Mais ce week-end sera aussi marquée par le traditionnel Amnis- tiaren Eguna (Jour de l’Amnistie), dimanche à Makea. Une rencontre qui se fera autour des militant(e)s qui n’ont jamais cessé de revendiquer l’autonomie comme premier pas sur le chemin de la Libération. Une revendication plus que jamais d’actualité en Ipar- ralde (Pays basque nord). Amnistiaren Eguna, une rencontre festive et politique où nous rappellerons que la répression se poursuit et que les conditions d’une résistance déterminée sont toujours là…
EKAITZA
Depuis trop longtemps hélas, la CAR (Commission Anti-Répression) dit et redit que l’Amnistie est bien une revendication politique et non humanitaire, encore moins une expression d’un quelconque regret ou une demande de pardon. Depuis trop longtemps car on mesure là le nombre d’années où des militants sont incarcérés, poursuivis, pour leur engagement politique au service du Peuple basque.
Il est certain que la libération des prisonniers politiques basques est donc, outre le travail judiciaire de défense des dossiers, un acte po- litique qui ne peut qu’être la conséquence de la reconnaissance de la lutte du mouvement abertzale. L’amnistie est bien un élément de la résolution du conflit qui oppose le peuple basque aux pouvoirs français et espagnol.
L’autonomie est, pour nous, une étape de résolution de ce conflit et une réponse aux problèmes auxquels se heurte le Pays basque nord par manque total de reconnaissance.
Pas la moindre compétence pour décider ici en Pays basque nord des orientations à prendre ; être un demi département, voilà le sta- tut qui nous est accordé !!
La CAR s’inscrit donc dans la démarche engagée par AUTONOMIA ERAIKI pour travailler, affiner et peaufiner le travail déjà commencé il y a plus de 10 ans par ERAIKITZEN.
L’obtention de l’autonomie : nous savons bien que ce n’est pas le grand soir où la répression sur le mouvement abertzale cesse com- me par enchantement, où les inégalités de classes sont balayées d’un revers de main, etc…
Nous savons bien que cette autonomie, c’est bien à nous de la construire sans cesse, de travailler à la mise en place d’un projet de société qui respecte les hommes, la terre où ils vivent et rejette enfin la pouvoir du capital.
Par contre dans le statut d’autonomie nous voulons des compé- tences qui nous permettraient d’agir sur la vie sociale, économique et culturelle de notre Pays, des compétences qui nous ouvre la voie de liens forts à tous les niveaux avec les provinces d’Hego alde pour enfin qu’Iparralde puisse commencer à construire sa place dans Euskal Herria.
Autonomie : statut dont nous connaissons les limites dans les réa- lisations qui nous entourent. Nous les constatons chaque jour :
– lorsque nous assistons, chez nous, en Euskal Herria, dans la Com- munauté autonome à l’arrestation de quasiment tous les responsa- bles de l’organisation politique Batasuna,
– lorsque nous sommes confrontés à une répression policière qui sévit et dans laquelle la police de la communauté autonome basque est le relais efficace de la police espagnole.
Conscients des limites et des déviations possibles, nous invitons les militants et amis qui chaque année se retrouvent à Makea le dernier dimanche d’octobre à poursuivre avec nous la lutte pour que la re- connaissance de la lutte abertzale et un début de résolution du con- flit entraînent comme conséquence l’amnistie totale et sans condi- tion.
EKB (Commission Anti-Répression)